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Édition du lundi 14 janvier 2019
Santé publique

Médecine : les outils de téléconsultation commencent à s'implanter

Le champion de la prise de rendez-vous médicaux en ligne Doctolib a annoncé dimanche qu’il commençait à déployer chez les praticiens son outil de téléconsultation en ligne, apportant un renfort de poids à une pratique encore balbutiante.
Réservée jusqu’à récemment à des niches particulières - les expatriés par exemple - la téléconsultation est appelée selon certains à se développer très rapidement après l’ouverture au remboursement par la Sécurité sociale de ces téléconsultations, sous certaines conditions.
Moyennant 79 euros par mois, les médecins peuvent disposer d’un outil vidéo sécurisé pour dialoguer avec leurs patients, obtenir un télépaiement, et envoyer l’ordonnance par mail. Les patients doivent être équipés de leur côté d’un smartphone, seul terminal permettant d’accéder à la téléconsultation dans le système Doctolib.
« Pour l’instant, nous installons ce service plutôt pour les généralistes et plutôt en Ile-de-France, mais nous couvrirons l’ensemble de la France »  et les spécialistes « d’ici quelques mois », a indiqué à l’AFP Julien Méraud, le directeur de la stratégie de Doctolib.

« Souplesse » 
Selon Julien Méraud, l’application déjà utilisée par une centaine de médecins a suscité des retours très positifs, tant des praticiens que des patients. La téléconsultation apporte « de la souplesse »  au médecin notamment en permettant des consultations depuis son propre domicile, explique Julien Méraud. Elle lui permet également de se faire rémunérer pour certaines activités de suivi des patients qu’il fait aujourd’hui par téléphone, explique-t-il.
Mais Doctolib n’est pas le seul à prendre pied sur marché de la consultation en ligne. De nombreux acteurs ont commencé à s’implanter, comme Docavenue, filiale de télémédecine du groupe de logiciels médicaux Cegedim. « Nous avons quelques centaines de médecins qui utilisent déjà notre solution », a déclaré à l’AFP son patron, Arnault Billy.
Certains médecins envisagent d’utiliser la téléconsultation dans le cadre d’une pré-retraite, en réduisant leur temps de travail en cabinet, selon lui.
D’autres acteurs du marché sont des start-up qui se positionnent comme de véritables « centres de santé en ligne ». Elles recrutent des médecins libéraux travaillant pour elles à temps partiel - la poursuite d’une activité de consultation réelle par le praticien est en effet exigée par la Sécurité sociale pour que ses consultations soient remboursées.

Des praticiens encore réticents
C’est le cas par exemple de Qare, soutenue par l’assureur Axa, de MesDocteurs, liée au groupe mutualiste VYV ou encore Livi, filiale française du Suédois Kry. « Depuis le 15 septembre, on a fait 8 000 téléconsultations vidéo avec un taux de satisfaction colossal », affirme le docteur Maxime Cauterman, directeur médical de la start-up Livi, qui s’appuie sur une quarantaine de médecins.
La Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a prévu de faire en mars un premier bilan chiffré à six mois du nombre de téléconsultations facturées à l’assurance maladie.
Mickaël Chaleuil, président de l’association « Agir pour la télémédecine », estime que le développement des téléconsultations est encore trop lent, par rapport aux bénéfices qu’elles pourraient apporter. « Il y a encore de grosses réticences chez les médecins qu’il va falloir lever », explique-t-il, en estimant que seulement « 30 à 40 % »  des praticiens se montrent a priori favorables à cette nouvelle matière d’exercer.
Dans ses prévisions budgétaires 2018, le gouvernement avait tablé sur 500 000 actes de téléconsultation en 2019, 1 million en 2020 puis 1,3 million en 2021. Le remboursement de la téléconsultation n’est possible que lorsque le praticien connaît déjà personnellement son patient. Mais il peut être dérogé à ce principe si le patient n’a pas de médecin traitant, ou si son médecin traitant n’est pas disponible.
L’engouement de nouveaux acteurs pour la télémédecine est surveillé de près par l’Ordre des médecins, qui s’était dit en octobre soucieux de combattre « toute tentative d’ubérisation »  de la santé. (AFP)

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