Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 21 novembre 2019
Santé publique

Les maires ne veulent pas jouer « les potiches » à l'hôpital

Le forum sur les hôpitaux de proximité ne pouvait être plus d’actualité mercredi matin, 20 novembre. Car le Premier ministre présentait en milieu de matinée des mesures d’urgence pour répondre à la crise des hôpitaux. Cela a en revanche privé les maires de la présence de la ministre de la santé, qui devait prendre part à ces trois heures d’échange. Les maires ne se sont pas pour autant privés de commenter à chaud les mesures annoncées sur l’hôpital, sitôt celles-ci apparues sur les écrans des portables… Ces mesures doivent être validées par le projet de loi de financement de la sécurité sociale, en cours d’examen parlementaire. 
L’une semble faire l’unanimité : le plan de reprise de la dette des hôpitaux publics. Le gouvernement prévoit de reprendre 10 milliards d'euros de la dette des hôpitaux sur trois ans afin d'aider à « restaurer l'équilibre financier des établissements ». Et donc dégager de nouvelles marges de manoeuvre. « Une très bonne idée »  ont salué Nicolas Sansu et Benoit Arrivé, maires de Vierzon (Cher) et de Cherbourg (Manche). Le coup de pouce d'1,5 milliard d'euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020, laisse plutôt dubitatif, parce qu’ « insuffisant ». Ces mesures apportent donc un peu d’air, mais ne suffisent pas à alléger l’atmosphère. 

Coups de gueule
Les maires sont apparus manifestement encore très inquiets quant à l’avenir du maillage hospitalier de proximité. Leurs « coups de gueule »  se sont succédés cette matinée. A commencer par celui du maire de Saint-Claude (Jura). « Depuis la fermeture de la pédiatrie, de la maternité et de la chirurgie, tout dégringole », a résumé Jean-Louis Millet. « Mais nous restons vent debout »  a-t-il assuré, encore choqué de la « brutalité »  avec laquelle les décisions ont été imposées, pour des « raisons uniquement financières ». 
Le nouveau label à venir d’hôpital de proximité ne les rassure pas. Nicolas Sansu, référent ville hôpital de l’AMF, rappelle le décompte initial : « 250 hopitaux locaux peuvent être aujourd’hui transformés en hôpital de proximité. Le ministre parlait au départ de 600 hopitaux de proximité en tout. 350 hopitaux devaient donc être déclassés car ils ont des services de chirurgie et d’obstétrique qui ne seront pas dans le cahier des charges des hopitaux de proximité ». Si le ministère a récemment indiqué aux élus qu’il n’y avait pas d’objectif chiffré au delà des 250 hôpitaux repérés comme pouvant être labellisés, « on sait qu’on aura malheureusement quelques dégradations »  redoute Isabelle Maincion, maire de la Villes-aux-Clercs (Loir et Cher) et rapporteur de la commission santé de l’AMF.
Ce forum a découvert des maires encore plus déterminés à défendre et renforcer leurs « petits hopitaux ». Et pour cela prêts à taper du poing sur la table. Car ils ne veulent plus non plus jouer « les potiches »  dans les conseils de surveillance des hôpitaux. L’expression sera reprise plusieurs fois durant le débat. Les Agences régionales de santé (ARS) sont également dans le viseur des critiques. Pour leur manque de dialogue, vécu comme une marque de mépris. La déception est d’autant plus douloureuse que les directeurs d’ARS avaient promis le contraire lors d’une réunion à l’AMF au printemps dernier.

Remobilisation
Désarmés et fatalistes, écoeurés et inquiets. Les sentiments des maires oscillent. Ils sont apparus en revanche déterminés à ne pas baisser les bras. Remontés même.  Les élus l’ont maintes fois répétés, « l’hôpital est au coeur de l’attractivité »  de leurs territoires. « La santé n’est pas de notre compétence mais nous essayons de pallier aux carences de nos territoires »  avait introduit Isabelle Maincion. « Nos territoires ne veulent pas crever », a conclut Bernard Vauriac, président de la commission santé de l’AMF, appelant à la mobilisation des élus à tous les niveaux : « Revenez au centre du débat. » 

E.S.
 

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