Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 14 novembre 2019
Santé publique

Crise de l'hôpital : personnels et élus exigent des moyens

« L’hôpital public s’écroule », écrivaient, hier dans Le Monde, soixante-dix directeurs médicaux des départements médico-universitaires de l’AP-HP (Paris). « La crise de l’hôpital public expose les enfants à être moins bien soignés », s’alarmaient, hier dans Le Parisien, 2 000 professionnels de la pédiatrie. Depuis des mois, les personnels hospitaliers multiplient, à coup de tribunes et de mouvements de grève, les cris d’alarme sur la situation de l’hôpital public en France.
« Les petites mains et les pontes de l’hôpital », comme l’écrivait le JDD hier, sont main dans la main. Une « grande manifestation », organisée à l’initiative du collectif Inter-Hôpitaux et soutenue par le collectif Inter-Urgences mais aussi tous les syndicats de la fonction publique hospitalière (CGT, FO, CFDT) et les étudiants (carabins de l'Anemf et les futures sages-femmes de l'Anesf), est prévue, ce jeudi 14 novembre, à Paris. Une journée de grève est organisée, en parallèle, dans toute la France.
Chez les praticiens, les anesthésistes du SNPHAR-E tablent sur « une mobilisation historique », tandis que les gynécologues du Syngof ont « préparé la grève en évitant toute programmation de soins non urgents ». Les représentants du cortège, qui s’élancera à 14h de Port-Royal en direction des Invalides, espèrent être reçus par le Premier ministre Édouard Philippe. 

Que demandent les manifestants ?
Confrontés à des « réductions budgétaires », des « fermetures de lits et de salles d'opération », des « postes non pourvus », à la « surcharge de travail »  ainsi qu’à « l’épuisement des soignants »  et « l’insalubrité des bâtiments hospitaliers », les personnels de l’hôpital attendent du gouvernement, depuis près de huit mois maintenant, « une augmentation des salaires de 300 euros, une hausse des effectifs et la réouverture des lits supprimés ». 
Interrogé ce matin sur France info, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) qui regroupe les hôpitaux publics, et maire Agir de Fontainebleau (Seine-et-Marne), a appelé Emmanuel Macron à « avoir un peu de courage politique ». « Il faut donner les moyens à l'hôpital, déjà débloquer plus de 300 millions d'euros pour l'année prochaine, pour que l'hôpital soit mieux accompagné et qu'on engage les réformes de fond attendues », a-t-il affirmé.
Pour « remotiver »  les personnels soignants, le président de la FHF considère qu’il « faut mieux accompagner les carrières et poser la question de l'écart des rémunérations entre le public et le privé. Est-ce que dans un système de santé français on peut accepter qu’un médecin qui a la même spécialité, un radiologue par exemple, puisse gagner du simple ou triple. Il faut de la transparence sur les rémunérations ».

Un plan de soutien attendu
Côté gouvernement, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, prépare « un plan de soutien »  qui insistera sur « un meilleur investissement courant » et « la revalorisation des salaires, notamment en début de carrière ». Par le passé, la ministre des Solidarités et de la Santé a déjà échoué par deux fois à sortir de ce conflit : ni la prime mensuelle de 100 euros versée depuis juillet, ni le plan de « refondation des services d’urgences »  de plus de 750 millions d’euros entre 2019 et 2022 n’ont permis d’apaiser les esprits.
Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le gouvernement avait fixé à 2,1% l'augmentation de l'enveloppe prévue pour l'hôpital en 2020. La FHF réclame, ce matin dans Le Figaro, à minima le même traitement que celui qui est prévu pour la médecine de ville, soit + 2,4 %. Mais les grévistes, eux, mettent la barre plus haut : ils réclament une hausse de 4 à 4,5 %, ce qui équivaudrait à une rallonge d'un milliard et demi à 2 milliards d'euros.
« Des discussions sont en cours »  sur le sujet, mais « elles nécessitent des arbitrages difficiles », a reconnu Agnès Buzyn devant les sénateurs mardi. En face, le ministère de l'Économie veille au grain et a déjà fait savoir qu'une reprise, même partielle, de la dette colossale des hôpitaux publics (30 milliards d'euros) « n'est pas une option envisagée ».

Ludovic Galtier, avec AFP

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