Maire-info
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Édition du jeudi 15 décembre 2022
Crise énergétique

Sans-abris, logement accompagné et logement social : les associations extrêmement inquiètes 

Records de demandes non pourvues au 115, hausse des charges locatives en raison de la crise énergétique : les associations de lutte contre la précarité ont exprimé mercredi leurs craintes d'une « année noire » pour les personnes sans abri et mal logées.

Par F.L. avec AFP

Bien que plusieurs départements ont déclenché leur plan grand froid, les inquiétudes restent « fortes et nombreuses », souligne le Collectif des associations unies, qui rassemble 39 organisations parmi lesquelles la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs, la Croix-Rouge ou encore ATD Quart Monde. « On reste sans solution pour des centaines de personnes »  sans abri, dont des familles, avec parfois de très jeunes enfants ou des bébés, a pointé lors d’une conférence de presse en ligne Nathalie Latour, l’une des porte-parole du collectif.

Les services du 115 sont saturés. Le 5 décembre, par exemple, 5 014 personnes ont appelé ce numéro d’urgence pour les personnes sans abri sans obtenir de place d’hébergement, selon des données mises en avant par le collectif.

La situation est particulièrement critique en Seine-Saint-Denis, où de 1 500 à 2 000 personnes tentent chaque jour de joindre le 115, qui n’a pu répondre positivement à quasiment aucune demande ces dernières semaines, selon les associations. Découragées, de nombreuses personnes cessent de recourir au numéro d’urgence, pointent également les associations.

Plan grand froid

Environ 200 000 places d’hébergement d’urgence sont disponibles en France, dont 45 000 en Ile-de-France. L’Etat peut également déclencher le plan grand froid lorsque les températures minimales ressenties descendent à des niveaux très bas. Des places supplémentaires d’accueil d’urgence sont alors ouvertes dans des bâtiments publics non prévus à cet effet normalement, comme des gymnases ou des écoles.

Déclenché lundi soir, ce plan a permis, dans la nuit de mardi à mercredi, de mettre à l’abri toutes les personnes ayant appelé le 115 en Seine-Saint-Denis, a assuré mercredi l’entourage du ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein. « Parallèlement, il y a des maraudes qui sont faites »  afin d’aider également les personnes qui n’appellent pas le 115, précise-t-on dans l’entourage du ministre.

Crise énergétique

Les associations s’inquiètent en outre des effets de la crise énergétique sur les ménages précaires. « La hausse des charges locatives »  va rendre « encore plus difficile »  leur accès au logement, estiment-elles. « Le bouclier tarifaire doit être accompagné par des mesures d’aides ciblées », a commenté Manuel Domergue, un autre porte-parole du collectif. 

Avant-hier, l’Union sociale pour l’habitat (USH), avait déjà tiré « le signal d’alarme » : « Les centres d’hébergement qui accueillent et accompagnent les plus démunis, ne disposent pas à ce jour des moyens suffisants pour faire face à cette hausse historique du coût de l’énergie. Pour une partie d’entre eux, le risque de ne plus pouvoir assurer leur mission d’accompagnement des personnes sans domicile est réel, alors que les besoins d’hébergement restent élevés et qu’un nombre important d’enfants dorment encore, chaque nuit, à la rue. » 

Dans le logement social, « l’inquiétude est double » : « En raison de la hausse des charges locatives liée à la crise de l’énergie, les ménages précaires vont avoir encore plus de difficultés à accéder au parc social (…). Par ailleurs, malgré les actions mises en place par les bailleurs sociaux pour protéger les locataires, l’inflation généralisée fait craindre une hausse des impayés et des ménages en difficultés qui vont devoir arbitrer entre plusieurs postes de dépenses. » 

L’USH demande, d’urgence, un certain nombre de mesures, dont la reconnaissance de l’énergie comme « un bien de première nécessité », le versement du chèque énergie aux gestionnaires de résidences de logement accompagné, l’abondement du Fonds de solidarité logement par les énergéticiens et par l’État… et, évidemment, le financement d’un vaste plan de rénovation énergétique prenant en compte le logement accompagné et le logement social. 

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