Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 27 juillet 2016
Terrorisme

Saint-Étienne-du-Rouvray : « un acte de barbarie brute »

Après le nouvel attentat commis hier à Saint-Étienne-du-Rouvray, en banlieue de Rouen, la liste sordide des victimes du terrorisme continue de s’allonger : après des journalistes de Charlie Hebdo, des clients d’un magasin casher, des policiers, des amateurs de football, de rock, des clients des terrasses de cafés parisiens, des familles de toutes nationalités et de toutes confessions venues regarder un feu d’artifice, ce sont maintenant des fidèles de la religion catholique qui ont été visés par les assassins djihadistes. Un prêtre de 84 ans, Jacques Hamel, a été tué en pleine messe, un fidèle grièvement blessé. Les deux terroristes ont été abattus par les forces de l’ordre. L’attentat a été revendiqué par Daesh.
Depuis le printemps 2015 et l’arrestation de Sid Ahmed Glam, qui préparait un attentat contre l’église de Villejuif, en région parisienne, les autorités savent que les églises font partie des cibles privilégiées par l’État islamique. Le Premier ministre avait alors annoncé le renforcement de la sécurité devant les lieux de culte (lire Maire info du 23 avril). Mais chacun sait qu’il est impossible de poster un policier devant chacune des 45 000 églises du pays, et les évènements d’hier, dans une petite ville tranquille de Seine-Maritime, montrent à quel point il est difficile, voire impossible, de parer à des attaques qui peuvent venir de partout : comme l’a déclaré hier le procureur de la République de Paris, François Molins, « frapper à tout moment, en tout lieu et en toute circonstance, telle est la propagande criminelle et fanatique de l'organisation terroriste Daesh ».
L’un des aspects qui a été le plus commenté, après l’attentat, est le fait qu’au moins un des deux assassins était connu des services de renseignement pour avoir tenté de se rendre en Syrie, et faisait l’objet d’une surveillance sous bracelet électronique. Il avait même été emprisonné plusieurs mois, avant d’être libéré, contre l’avis du parquet antiterroriste. Il était autorisé à sortir de chez lui quelques heures par jour. Il avait 19 ans.
Depuis l’attentat, les réactions ont naturellement été très nombreuses dans le monde politique. Tout comme après l’attentat de Nice, ce sont surtout les polémiques qui ont été à l’ordre du jour, plusieurs ténors de la droite et du Front national, mais y compris certains socialistes, dénonçant « l’inaction »  du gouvernement et appelant à des mesures beaucoup plus radicales contre le terrorisme, notamment en matière de détention ou d’expulsion des individus fichés, et à durcir la loi. Le président de la République, François Hollande, a répondu dès hier soir que « restreindre nos libertés n’apporterait pas d’efficacité à notre lutte contre le terrorisme »  et a appelé, comme il l’avait fait dans les heures qui ont suivi l’attaque, à « faire bloc ». Manuel Valls, de son côté, met en garde contre le danger de voir « jeter les Français les uns contre les autres ». Toutes les autorités religieuses ont fait part de leur stupéfaction et de leur horreur – en particulier les représentants du culte musulman. Le président du Conseil régional du culte musulman de Normandie, Mohammed Karabila, s’est dit hier « effaré et abasourdi »  par le meurtre de son « ami »  Jacques Hamel, un homme « qui a donné sa vie aux autres ».
Plusieurs maires se sont exprimés hier pour tout dire leur tristesse, leur indignation, et leur volonté de se battre, au premier rang desquels le maire communiste de Saint-Étienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc. Profondément bouleversé, en larmes devant les caméras, le maire a dénoncé « un acte de barbarie brute qui a emporté notre prêtre ». « Soyons ensemble les derniers à pleurer », a crié le maire, « et soyons ensemble les derniers à être debout contre la barbarie et dans le respect de tous ».
Hier, François Baroin, maire de Troyes et président de l'AMF, a envoyé un message à Hubert Wulfranc pour l'assurer, « au nom du Bureau et de l'ensemble des maires de France et des présidents d'intercommunalités, de notre soutien et notre solidarité ». André Laignel, maire PS d’Issoudun et premier vice-président délégué de l’AMF, a également exprimé hier « ses condoléances et (sa) fraternité à la population de Saint-Étienne-du-Rouvray et à son maire ». Il a appelé à refuser toute division : « La laïcité, liberté de croire ou de ne pas croire, est la condition première de notre vie commune. »  Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Étienne, est intervenu dans le même sens en affirmant sa détermination à « se battre tous les jours en tant que maire pour que les valeurs de la République soient défendues et respectées ». Il a adressé un message de dignité y compris à certains de ses amis politiques : « Plus que jamais, nous devons affirmer notre volonté de rester unis dans cette épreuve et il appartient aux responsables politiques de donner l'exemple. » 
Dans l’immédiat, la question se pose de façon urgente d’assurer la sécurité de certains rassemblements religieux, à quelques jours des fêtes du 15 août, mais également dans les hauts lieux de pèlerinage, particulièrement fréquentés en été, comme Lourdes ou Rocamadour. Hier, la préfète des Hautes-Pyrénées, Béatrice Lagarde, a tenu une conférence de presse avec le premier adjoint de la ville de Lourdes, Thierry Castillo, pour donner quelques indications sur le dispositif de sécurité déployé cet été (équipes cynophiles, effectifs de la BAC, militaires déployés au sein même du sanctuaire, mais aussi appel à des bénévoles et recours à des agents de sécurité privée).
F.L.

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