Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 28 octobre 2015
Risques

Territoires et risques naturels : le Cese met l'accent sur la prévention

Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a rendu hier son étude sur « les territoires face aux catastrophes naturelles ». Constatant que la France est « l’un des meilleurs au monde pour ce qui est de la gestion des crises », le Cese estime que c’est en amont, du côté de la prévention et « de la culture du risque », que les principaux progrès sont à faire.
Le rapporteur de l’étude, Alain Feretti, maire de Grambois dans le Vaucluse, a rappelé hier que 20 000 communes sont concernées par au moins un risque naturel. « La moitié d’entre elles ont un PPRN (Plan de prévention des risques naturels) ; et la moitié de cette moitié un PCS (Plan communal de sauvegarde) ». Dans un contexte de multiplication des incidents climatiques, il y a donc « urgence »  non pas à créer de nouveaux outils mais « à mieux les utiliser ».
Le Cese publie, dans son étude, des graphiques assez impressionnants illustrant l’accélération récente du nombre de catastrophes, notamment « les plus fréquentes »  et celles « sur lesquelles il faut se focaliser à l’avenir » : les inondations/submersions et les « RGA », c’est-à-dire les phénomènes de retrait et gonflement des argiles.
Le premier de ces deux risques est hélas bien connu, et les récentes inondations dramatiques dans les Alopes-Maritimes ont encore montré la gravité du phénomène. Selon un graphique publié dans l'étude, pendant toute la période comprise en 1910 et 1980, il n’y a eu que quatre épisodes d’inondations majeures ; alors qu’entre 1980 et 2013, il y en a eu quinze. Et le phénomène semble largement s’accélérer, puisqu’il ne se passe désormais pas une année sans qu’interviennent un ou plusieurs de ces épisodes.
Le deuxième risque, le RGA, bien que moins connu, est pourtant la deuxième cause d’indemnisation dans le pays : les sols argileux voient leur volume et leur consistance se modifier en fonction de leur teneur en eau. Suite à une sécheresse (retrait) ou au contraire une pluviométrie importante (gonflement) leur volume se modifie, entraînant potentiellement de gros dégâts sur les fondations des bâtiments.
Le Cese appelle donc essentiellement à mieux prévenir ces deux risques. « Il existe de bons outils, expliquait hier Alain Feretti, mais ils sont trop nombreux et trop complexes. Notamment, les procédures d’approbation des PPRN sont trop longues, et elles sont sources de conflit ». Parmi les recommandations du Cese, on retiendra par exemple « l’interdiction, à titre conservatoire, de la délivrance de permis de construire dans l’attente de l’approbation d’un PPRN ».
Le Conseil appelle également à réfléchir aux questions agricoles et l’artificialisation des sols : « La déprise agricole ou la sururbanisation de sols à vocation agricole sont la source de catastrophes parfois meurtrières », détaille le maire de Grambois. Dans ce domaine, le Cese espère que la loi Alur va permettre « de mieux gérer l’organisation du territoire », tout comme il semble attendre beaucoup de la nouvelle compétence Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), dévolue aux communes et EPCI à partir de 2018.
Le Cese fait également, dans son étude, un focus sur le risque de crue de la Seine. Une crue centenale, comparable à ce qui s’est passé en 1910, reste une possibilité, qui ne concerne pas – loin de là – que l’Île-de-France. Les dégâts qu’occasionnerait une telle crue « feraient perdre 3 points de PIB à la France », et le pays mettrait des mois à s’en remettre – puisqu’il faudrait « au moins six mois pour réparer les dégâts causés aux infrastructures et aux réseaux ». Le Cese préconise donc que ce risque soit mieux pris en compte dans la construction du Grand Paris.
F.L.

Accéder à l’étude du Cese.

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