Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 27 avril 2016
Risques

Le périmètre des PPI « nucléaire » va être étendu à 20 km

L’annonce faite hier par Ségolène Royal, en marge de la Conférence environnementale, n’a pas fait grand bruit, mais elle va concerner un assez grand nombre de communes : le périmètre des PPI (Plans particuliers d’intervention) autour des centrales nucléaires va passer de 10 à 20 km.
L’annonce a été faite alors que le nucléaire a été souvent évoqué lors de la Conférence environnementale, et qu’il est au cœur de l’actualité, au moment où l’on célèbre le trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl et le cinquième de celle de Fukushima. Dans ce contexte, la ministre de l’Environnement a déclaré hier qu’elle avait demandé au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale « d’étendre le rayon des périmètres des plans particuliers d’intervention de dix à vingt kilomètres ». Cette décision devrait être officialisée sous forme d’un arrêté dans les prochains jours.
Cette décision va concerner directement de nombreuses communes : en effet, dans le périmètre d’un PPI, les communes sont tenues d’élaborer un Plan communal de sauvegarde (PCS).
Les PPI sont un volet des plans Orsec départementaux. Ils sont donc élaborés sous la responsabilité des préfets. Ils ne concernent pas seulement les installations nucléaires, mais tous les sites à risques, notamment les sites industriels Seveso, les barrages, ou les ouvrages d’infrastructures liés au transport de matières dangereuses. Le périmètre de ces PPI est différent selon le risque : il peut aller de 2,5 km pour certaines usines à 10 km pour les centrales ou installations nucléaires.
Dans le périmètre du PPI nucléaire, un certain nombre de mesures préventives doivent être prises. Tous les habitants doivent être informés des risques et de la conduite à tenir à en cas d’alerte, et ils doivent avoir à disposition chez eux des doses d’iode – qui dans ce cas sont distribuées gratuitement dans les pharmacies. Des documents d’information préventive sont distribués aux habitants. Enfin, un PCS doit obligatoirement être élaboré par les communes.
Selon les régions et leur urbanisation plus ou moins importante, le nombre de communes aujourd’hui concernées par les PPI nucléaires est assez variable. Il est par exemple de 22 communes autour de la centrale du Tricastin (Drôme) ou de 30 communes autour de celle de Cattenom (Moselle). L’extension du périmètre à 20 km va, dans certaines régions, toucher un nombre considérable de communes. Si l’on ne dispose pas encore de chiffres précis aujourd’hui, des calculs effectués par des associations donnent l’ampleur de la tâche : une association, qui s’est basée sur une extension non à 20 mais à 30 km, a ainsi calculé que le nombre d’habitants concernés passerait pour Cattenom de 101 000 à 876 000, pour le Bugey de 68 000 à 1,25 million, pour Fessenheim, de 62 000 à 1,03 million.
Début avril, un rapport très complet sur le sujet a été publié par l’association nationale qui regroupe toutes les commissions locales d’information (CLI), commissions qui doivent obligatoirement être constituées autour des installations nucléaires. Cette association demandait au gouvernement d’aller bien plus loin que la décision annoncée hier par Ségolène Royal, puisqu’elle préconise, selon les cas, une extension du périmètre de 30 à 80 km. En s’appuyant à la fois sur les retours d’expérience de Fukushima et sur les préconisations européennes, elle demande que la distribution préventive d’iode se fasse dans un rayon de 50 km autour des installations ; et que le périmètre d’évacuation des populations en cas d’accident, actuellement de 2 km seulement, soit porté à 20 km.
L’association demande en définitive, bien au-delà de ce qu’a proposé la ministre, une remise à plat complète de tout le dispositif, avec en particulier une meilleure prise en compte des moyens d’information actuels que sont par notamment les réseaux sociaux. Ceux-ci pourraient être des relais très efficaces de l’information en cas d’accident. On en est encore loin : l’association nationale des CLI relève avec amertume que de nombreux PPI ne sont même pas disponibles sur internet et qu’autour du site du CEA de Valduc (Côte-d’Or), les documents disponibles conseillent encore aux populations de chercher l’information… sur minitel !
F.L.
Télécharger le rapport de l’ANCCLI.

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