Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 3 septembre 2004
Religions

Des jours fériés pour musulmans et juifs pourraient être créés, mais pas dans la fonction publique, où cela est réglementairement possible

La création de jours fériés pour musulmans et juifs, proposition du rapport Stasi sur la laïcité non reprise dans la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux à l'école, était de nouveau d'actualité jeudi, à la grande satisfaction des responsables musulmans. Dans son rapport Bernard Stasi proposait en effet « dans le monde de l’entreprise, (de) permettre aux salariés de choisir un jour de fête religieuse sur leur crédit de jours fériés. » La fonction publique ne serait pas directement concernée. En effet, le rapport Stasi ne prévoit pas que soit légalisée la pratique actuelle dans l’administration (via une circulaire annuelle qui devrait d’ailleurs paraître dans les prochaines semaines), de permettre aux fonctionnaires, sur accord de leur chef de service, de prendre une journée de fête religieuse. Lâchée dans une interview au Parisien par le président de l'ex-commission sur la laïcité Bernard Stasi, une petite phrase a suscité des réactions enthousiastes de responsables musulmans, notamment du président du conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, qui a salué "la bonne nouvelle". Regrettant que l'idée du jour férié pour les religions autres que catholique n'ait pas été retenue dans la loi sur la laïcité, M. Stasi a affirmé que "le ministère de l'Education y réfléchit sérieusement" aujourd'hui. Interrogé, le ministre François Fillon, en visite pour la rentrée scolaire à Chambourcy, a simplement dit : "Le gouvernement est ouvert au dialogue". "Je crois savoir qu'il y a une réflexion sur le sujet", a confirmé à l'AFP Bernard Stasi, qui dit l'avoir appris "avant les événements actuels", faisant allusion à la forte mobilisation de la communauté musulmane contre la prise d'otages en Irak, et à une rentrée scolaire marquée par l'attention portée aux jeunes filles musulmanes. La création de jours fériés "permettrait d'équilibrer, de montrer que les Français ne sont pas hostiles à l'islam", a affirmé M. Boubakeur. "Qu'il y ait un jour férié pour le culte musulman apporterait beaucoup d'apaisement à une communauté qui tend à se sentir brimée", dit-il, évoquant par ailleurs l'effet positif, dans un éventuel débat sur les jours fériés, de "la mobilisation de la communauté" musulmane en faveur des otages. "Si le débat sur les jours fériés est relancé, ce sera une bonne chose", a affirmé également le président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), Lhaj Thami Breze. "La mobilisation musulmane actuelle peut contribuer" à faire avancer l'idée, dit-il, même si "c'est l'avenir qui dira si cet engagement des musulmans de France aura fait changer les mentalités dans la durée ou ne sera qu'éphémère". La proposition du rapport de Bernard Stasi d'instaurer un jour férié pour les fêtes musulmane de l'Aïd-El-Kebir et juive de Kippour avait suscité d'abord la surprise puis un large débat dans l'opinion publique, avant d'être enterrée par le président Jacques Chirac, qui jugeait "inutile d'ajouter de nouveaux jours fériés au calendrier scolaire, qui en compte déjà beaucoup". Le président demandait cependant "qu'aucun élève n'ait à s'excuser d'une absence justifiée par une grande fête religieuse comme le Kippour ou l'Aïd-El-Kebir, à condition que l'établissement en ait été préalablement informé". "J'ai été déçu", affirme Bernard Stasi, qui regrette aussi que "d'autres propositions positives pour l'islam ont reçu l'approbation des pouvoirs publics mais n'ont pas été mises en valeur", comme l'enseignement des religions à l'école. "On a donné le sentiment aux musulmans que la loi (du 15 mars 2004) était une loi contre l'islam, alors que c'est faux", a-t-il ajouté. "Il faut persuader ceux qui en doutent encore que l'islam a sa place en France comme toutes les autres religions, avec ses droits et ses devoirs".</s

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