Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 5 novembre 2018
Précarité

Plan hiver : le gouvernement annonce 14 000 places d'hébergement supplémentaires, les associations à demi-convaincues

Un nombre de places d’hébergement d’urgence similaire à l’hiver dernier mais davantage de maraudes pour sortir les sans-abri de la rue. C’est en substance ce qu’a dévoilé le gouvernement lors de la présentation, mercredi, de son Plan hiver 2018-2019. Alors que la trêve hivernale a commencé le 1er novembre et prendra fin le 31 mars, il estime que l’effort qui sera fourni est « sans précédent », tandis que les associations considèrent qu’il est encore trop « sous-dimensionné ».
Avant son déplacement, mercredi, à l’espace solidarité insertion Agora géré par Emmaüs solidarité dans le 1er arrondissement de Paris pour le lancement de ce nouveau Plan hiver qui couvre toute la trêve hivernale, le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, a assuré, dans un entretien au Parisien, que « jamais un gouvernement n'a fait autant d'efforts que le nôtre pour l'hébergement d'urgence ».
En moyenne, en plus des 136 000 places « pérennes »  d’hébergement ouvertes pour les plus démunis sur tout le territoire, ce sont « environ 14 000 places supplémentaires »  qui pourront être ouvertes cet hiver « en cas de grand froid ». Face aux critiques pointant le nombre important de personnes qui n’avaient pu trouver, au cœur de l’hiver, de places d’hébergement l’an dernier, Julien Denormandie affirme que le gouvernement « a plus anticipé »  cette année et « a identifié en amont deux fois plus de places prêtes à ouvrir ». Ainsi, il a assuré que « d’ici la fin de la semaine [dernière], 1 400 places de plus [devaient] ouvrir rien qu’en Île-de-France ». Un chiffre qui « évoluera selon les pics de froid et il pourra y en avoir plus ».
En outre, 5 millions d’euros supplémentaires seront consacrés au financement de « plusieurs dizaines d’équipes de maraude »  qui seront chargées d’assurer des tournées dans les rues partout en France. L’objectif est de les « développer », de « les rendre plus efficaces et plus professionnelles ».
« Vous avez encore des milliers de gens qui dorment dans la rue et, tant qu'il y aura une personne dans cette situation, c'est que le travail engagé doit être poursuivi », a expliqué le ministre du Logement, indiquant que « sa priorité »  se porterait sur les familles à la rue, dont le nombre est en hausse selon les associations.
Afin de résorber le « problème des hôtels sociaux où on met des familles »  qui « y vivent depuis parfois dix ans », Julien Denormandie a également annoncé vouloir injecter 5 millions d’euros pour « donner les moyens aux travailleurs sociaux de leur proposer des logements adaptés. Donner un toit, c’est bien. Une adresse, c’est mieux ».
Il a, par ailleurs, rappelé qu’« identifier des sites d’accueil, c’est le rôle d’une collectivité. Ensuite, c’est l’État qui finance et les associations qui y opèrent ». Ces dernières étant bénéficiaires de « 90 % »  du budget de l’hébergement qui s’élève à 2 milliards d’euros pour l’année 2019.
Mais ce plan ne convainc pas totalement les associations d'aide aux sans-abris. « Le dispositif est encore sous-dimensionné », estime Éric Pliez, président du Samu social de Paris, qui juge toutefois que « renforcer les maraudes, c'est une bonne démarche »  puisque, dans la rue, une majorité de SDF n'appellent pas le 115. Mais l’arrivée de ce nouveau public en hébergement d’urgence, avec un nombre de places égal à l'an dernier, « va mettre tout le monde au pied du mur », craint-il.
A la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui rassemble 800 associations gérant 80 % des centres d'hébergement, on salue une « mobilisation de l'État plus précoce que les années passées ». Mais, rappelle son directeur Florent Gueguen, « il faut sortir de la gestion au thermomètre : l'été, il y a autant de demandes d'hébergement et la mortalité des sans-abri est aussi importante qu'en hiver ».
A.W.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2