Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 9 avril 2004
Précarité

3,7 millions de pauvres en France mais la pauvreté aurait chuté de 60% en trente ans

La pauvreté a chuté de 60% en trente ans, mais la France compte encore 3,7 millions de pauvres. Derrière ce recul spectaculaire, se cache une réalité plus complexe : une très forte baisse de la pauvreté des personnes âgées, mais une hausse de celle des ménages de salariés, selon un rapport publié jeudi. Levier essentiel de la lutte contre la pauvreté, les prestations sociales (aides au logement, revenu minimum d'insertion et autres minima sociaux) jouent un rôle majeur dans la réduction de ce fléau. Elles représentent, en effet, plus de la moitié des revenus des ménages les plus modestes en 2002, souligne l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale dans son rapport 2003-2004. L'Observatoire est un organisme indépendant composé de représentants des administrations économiques et sociales, d'acteurs sociaux, d'universitaires et de chercheurs. En l'espace de trois décennies, le nombre de pauvres - foyers disposant de ressources inférieures à la moitié du revenu médian, soit 600 euros par mois en 2001 - a baissé de 60% pour passer de 15% de la population française en 1970 à 6,1% en 2001 (derniers chiffres disponibles), soit 3,7 millions de personnes. Toutefois, si l'étude s'arrête en 2001, l'Observatoire s'attend à une "probable inflexion à la hausse" du taux de pauvreté depuis 2002 en raison du "ralentissement de la croissance économique intervenu au second semestre 2001". Comme en témoigne l'augmentation récente du nombre d'allocataires du RMI : plus 1,4% en 2002 et plus 4,9% en 2003. Autre réserve apportée par les membres de l'Observatoire, la tendance générale à la baisse de la pauvreté - observée sur la période 1970-2001 - recouvre une évolution très inégale selon les catégories de ménages. "Ce recul important de la pauvreté a surtout bénéficié aux ménages de retraités", a souligné Bertrand Fragonard, président de l'Observatoire, en présentant le rapport lors d'une conférence de presse à Paris. "A l'inverse, à partir du milieu des années 1980, conséquence de la dégradation du marché du travail et de la persistance d'un chômage massif, la pauvreté des ménages de salariés ou de chômeurs s'est aggravée." Ainsi, le nombre de personnes âgées vivant dans la pauvreté a chuté de 85% en trente ans, mais le taux de pauvreté des ménages de salariés - y compris les chômeurs ayant travaillé - a progressé de 38% durant la même période. Cette catégorie des "travailleurs pauvres" est estimée à un million de personnes en 2001. Le rapport de l'Observatoire s'est particulièrement penché sur le rôle des "transferts sociaux" dans la réduction de la pauvreté. Et, sans surprise, ces prestations sociales s'avèrent être une composante importante du revenu final des ménages pauvres, qui dépasse même la moitié des ressources pour les revenus les plus modestes en 2002. Pour preuve, les auteurs du rapport ont calculé que, sans le versement de ces prestations sociales, le taux de pauvreté de la population française dans son ensemble atteindrait 13,1% (contre 6,1% si on les prend en compte). Principales bénéficiaires des transferts sociaux : les familles monoparentales et les familles nombreuses. Autre idée reçue battue en brèche par le rapport : la vision selon laquelle les bénéficiaires des minima sociaux - type RMI - seraient maintenus dans une sorte de "trappe à pauvreté" et hésiteraient à prendre un travail par crainte de perdre leurs avantages. En fait, le rapport montre que les écarts de ressources entre RMIstes et bas salaires ont eu tendance à s'accroître à la suite de réformes visant à "rendre le travail financièrement plus attractif" (hausse du SMIC, réforme de la taxe d'habitation, institution de la couverture maladie universelle complémentaire, réforme de l'allocation logement, prime pour l'emploi). Autant de mesures d'incitation au travail.c=http://www.ad

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