Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 18 juin 2013
Politique de la ville

Une étude de l'Onzus souligne la discrimination territoriale à l'embauche

L’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) a mené, en collaboration avec le CNRS, une étude sur l’influence de l’adresse d’un candidat sur ses chances d’obtenir un rendez-vous lorsqu’il répond à une offre d’emploi. Cette étude a pris la forme du « testing » : les chercheurs ont envoyé plusieurs centaines de courriers de réponse à des offres d’emploi, et analysé les réponses. L’objectif était de mesurer si le fait de venir d’un quartier défavorisé a, ou non, une influence réelle sur la réponse de l’employeur. Des curriculum vitae et des lettres de motivation fictifs ont été envoyés, en utilisant six adresses, allant des quartiers favorisés de Paris à des zones urbaines sensibles de Seine-Saint-Denis, en passant par des communes favorisées de ce même département. L’étude s’est cantonnée à deux métiers : serveur et cuisinier en restaurant.
Le résultat est sans appel : l’origine géographique est un élément déterminant pour la réponse à une offre d’emploi. Pour un emploi de serveur niveau CAP, par exemple, les « candidats »  indiquant venir d’un quartier favorisé de Paris obtiennent un entretien dans 21,2% des cas, contre 10,9% de ceux qui disent venir d’une ZUS de Seine-Saint-Denis ! Au niveau bac, l’écart se creuse encore, les chiffres passant respectivement à 31,5% contre 16,9%.
Plus encore que l’effet « quartier », c’est l’élément « département »  qui est déterminant : venir de Seine-Saint-Denis est de toute façon discriminant par rapport au fait de venir de Paris, même si l’on habite une commune favorisée : l’étude montre qu’un candidat habitant une ZUS de Paris a plus de chance d’obtenir un entretien qu’un candidat venant d’une commune favorisée de Seine-Saint-Denis – ce qui démontre de façon particulièrement claire les préjugés de nombre d’employeurs. Il ressort de l’étude que le fait de ne pas être originaire de Seine-Saint-Denis augmente le nombre de chances d’obtenir un entretien autant que le fait de passer du niveau CAP au niveau Bac.
En conclusion de son étude, l’Onzus rappelle que le lieu de résidence ne figure pas parmi les critères retenus par la loi sur la base desquels il est interdit de discriminer en France. L’article 225-1 du code pénal interdit en effet les discriminations sur le patronyme, l’état de santé, le handicap, l’orientation sexuelle, etc., mais non sur le lieu d’habitation. L’Onzus suggère, à ce sujet, une évolution du droit.

Télécharger l’étude de l’Onzus.

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