Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 15 octobre 2012
Politique de la ville

François Lamy souhaite un « vrai tournant » dans la politique de la ville

Des « contrats uniques globaux », replaçant les quartiers en difficulté dans leur agglomération, la fin des zonages superposés et un recentrage des aides de l’Etat sur les zones les plus en difficulté : ce sont les principales amorces du « vrai tournant » réclamé par le ministre de la Ville, François Lamy, lors de son discours du 11 octobre à Roubaix.
Accompagné de la ministre à l’Egalité des territoires, Cécile Duflot, François Lamy a proposé de prendre un « chemin nouveau » dans la politique de la Ville.
Les deux ministres s’adressaient à un groupe de 150 acteurs du secteur (élus, Etat, associations, bailleurs) qui devront plancher pendant trois mois sur des propositions rendues publiques lors d’un conseil interministériel en février 2013, pour déboucher sur un projet de loi dans la foulée.
Trois groupes de travail ont été constitués, autour de la réforme de la géographie prioritaire, gouvernance de la politique de la Ville, priorités d’interventions thématiques.
« Il faut en finir avec les zonages actuels et l’empilement de dispositifs qui finissent par stigmatiser sans aider vraiment. Ils diluent notre action et accentuent encore les effets de frontières. Il faut donc arrêter avec les 416 ZRU (zones de rénovation urbaine), les 751 ZUS (zones urbaines sensibles), les 396 PRU (projets de rénovation urbaine), les 2492 quartiers Cucs (contrats urbains de cohésion sociale) », a plaidé François Lamy devant les élus.
Conséquence directe : de nombreuses collectivités se verront retirer les crédits qui leur étaient alloués jusqu’ici.
« L'Etat pourrait ne pas aider de la même façon en fonction de la capacité contributive de la collectivité territoriale », a déclaré le sénateur de Seine-Saint-Denis Claude Dilain, ancien président de l’association d’élus Ville et banlieue, qui co-présidera le groupe de travail sur la réforme de la géographie prioritaire. Autrement dit, une ville riche abritant quelques quartiers en grande difficulté, comme Lyon ou Bordeaux, pourrait avoir à se débrouiller par elle-même.
Le ministre a également appelé les collectivités à prendre plus de responsabilités dans l’application de cette nouvelle politique. « Ce que nous devons aujourd’hui inventer, ce sont des contrats uniques globaux qui entraînent tout un territoire dans un projet », a-t-il déclaré.
Les intercommunalités seront en première ligne, dans la mesure où « l’essentiel est de réintégrer les quartiers en difficultés dans le système urbain, de les raccrocher à une dynamique d’agglomération », a poursuivi François Lamy.
Maire, préfet et président d’EPCI seront donc les principaux acteurs de la politique de la Ville, mais ce devra être aussi l’affaire de « tous les niveaux de collectivités, les régions et les départements aujourd’hui inégalement engagés dans la politique de la Ville ».
La réforme des zonages avait déjà été envisagée en 2009 mais le gouvernement avait alors reculé face à la fronde des élus locaux.
« Il y aura des protestations, des débats peut-être houleux, des égoïsmes certainement », a reconnu le ministre, qui s’est dit « déterminé » à aller jusqu’au bout.

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