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Édition du lundi 26 avril 2021
Politique de la ville

Politique de la ville : un fonds de 10 millions d'euros pour les associations « de grande proximité »

Le fonds « Quartiers solidaires Jeunes » doit permettre de soutenir les actions consacrées aux moins de 26 ans dans les quartiers de la politique de la ville (QPV), avec une priorité notamment sur les filles et les jeunes femmes.

Par A.W.

« C'est dur d'avoir 20 ans en 2020 et a fortiori dans les quartiers prioritaires de la ville où la crise sanitaire, économique et sociale a des échos particulièrement importants. »  C'est le constat fait par la ministre déléguée en charge de la ville, Nadia Hai, lors d’une visite la semaine dernière à Champigny-sur-Marne durant laquelle elle a annoncé la création d’un fonds de 10 millions d’euros baptisé « Quartiers solidaires jeunes ».

Éviter un « embrasement »  cet été

Destiné aux initiatives en faveur des « publics jeunes de 0 à 25 ans »  (tout-petits, enfants, jeunes et étudiants), ce dispositif - disponible depuis « la mi-avril »  - a été détaillé dans une circulaire publiée vendredi dernier. La ministre n’a d’ailleurs pas caché qu’il faisait partie d’une série de mesures devant permettre d’éviter un « embrasement »  redouté, semble-t-il, par certains membres du gouvernement, cet été, au regard du contexte économique et social. Dans ce cadre, 300 éducateurs supplémentaires devraient également être déployés dans les quartiers au début de l'été et autant en septembre. « On fait tout pour ne pas que cela arrive », a expliqué Nadia Hai, assurant que cette action est « ciblée sur la jeunesse parce qu'il y a une vraie détresse et attente de nos jeunes aujourd'hui ».
Pour ce faire, la ministre enjoint les préfets chargés de ces crédits de les engager « le plus rapide[ment] possible ». Des actions doivent être menées « dès les prochaines semaines », celles-ci devant être « articulées avec celles relevant de l’opération Quartiers d’été ».

Favoriser la participation des filles

Cette enveloppe de 10 millions d’euros doit ainsi être mobilisée « en priorité »  pour financer les projets des associations « de grande proximité »  dans les domaines de « la continuité éducative », « le sport », « la culture », « la santé mentale », « la prévention », « l'insertion professionnelle »  ainsi que « le soutien à la parentalité ».
Les actions « mettant en avant l'utilité sociale des jeunes (chantier éducatif solidaire dans le cadre de la crise sanitaire et sociale...) »  ou « facilitant leur inclusion sociale post-covid avec des outils et méthodes innovants (application numérique, méthode de co-formation, ''aller vers'' transmission de savoirs entre générations...) »  pourront, par exemple, être soutenues par les préfets qui sont chargés d’étudier et subventionner les projets des associations souhaitant bénéficier du fonds.  
L'accent sera notamment mis sur « les démarches ou pratiques locales particulièrement innovantes », ainsi que sur les initiatives « favorisant la participation des filles et des jeunes femmes ». En outre, les associations ne bénéficiant pas d'un soutien de l’Etat dans le cadre du « Plan de soutien aux associations de lutte contre la pauvreté »  doivent être privilégiées.
Certains présidents d’associations critiquent cependant un montant dérisoire et regrettent qu’« il n’y ait jamais aucune politique publique globale pour les femmes de plus de 25 ans »  dans ces quartiers, sans parler de la difficulté pour les petites structures à monter des dossiers pour répondre aux appels à projets.
« Comme pour les autres actions financées par le ministère de la Ville, les associations qui seront soutenues par ce fonds devront s’engager à promouvoir et à faire respecter toutes les valeurs de la République », souligne la ministre dans la circulaire, précisant que « tout manquement à ces principes conduira à la dénonciation de la subvention et à son reversement au Trésor public ».

La Seine-Saint-Denis et le Nord plus gros bénéficiaires

Alors que 2,1 millions de jeunes vivent dans les 1 514 quartiers prioritaires de la ville et représentent 15 % de la jeunesse française, la répartition territoriale de cette enveloppe exceptionnelle - détaillée dans la circulaire - a été réalisée proportionnellement à la population des moins de 26 ans dans chaque région et département. 
Avec près de 607 000 jeunes recensés en QPV, l’Île-de-France se voit ainsi attribuer la plus grande part de l’enveloppe avec plus de 2,8 millions d’euros, la Seine-Saint-Denis disposant à elle seule de près de 1,1 million d’euros (pour près de 235 000 jeunes). Suivent les Hauts-de-France avec près de 1,26 million d’euros (dont environ 700 000 euros pour le département du Nord) et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur avec 906 000 euros (dont plus de 568 000 euros pour les Bouches-du-Rhône). Ayant la part de population juvénile habitant des quartiers populaires la plus faible, la Corse est la moins bien dotée avec 18 814 euros pour un peu plus de 4 000 jeunes.
Face à une crise sanitaire qui pourrait affecter plus durement les habitants des quartiers populaires, Nadia Hai avait déjà annoncé, en septembre, le lancement d’un premier fonds de 20 millions d’euros à destination des associations de proximité appelé « Quartiers solidaires », et dont le Premier ministre a acté, en début d’année, le renouvellement lors du comité interministériel des villes (CIV) qui s’est déroulé à Grigny, rappelle la circulaire. 
Celui-ci aurait permis de soutenir « plus de 2 600 associations de proximité »  et de subventionner 600 nouvelles associations inconnues jusque-là des autorités, selon le bilan du ministère. 
Pour Nadia Hai, il s'agit de « poursuivre la dynamique »  et de « donner un coup de pouce supplémentaire »  aux jeunes en période de crise et « aller chercher de nouvelles associations nées d'initiatives de citoyens engagés ». 

Télécharger la circulaire.
 

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