Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 14 avril 2022
Petite enfance

Pénurie de personnel dans les crèches : une semaine de plus pour répondre à l'enquête 

La Cnaf accorde une semaine supplémentaire aux communes pour répondre à l'enquête sur la pénurie de professionnels petite enfance. Une occasion à ne pas rater pour les élus qui depuis quelques mois bataillent pour faire de ce sujet la priorité de la politique petite enfance.

Par Emmanuelle Stroesser

Une dizaine de minutes qui peuvent rapporter beaucoup. C'est l'invitation appuyée de Xavier Madelaine, co-président du groupe de travail petite enfance de l'AMF, à ses collègues pour prendre le temps de remplir l'enquête nationale lancée par la Cnaf sur la pénurie de professionnels en établissement d'accueil du jeune enfant (EAJE) (1).  

Dix minutes et trois questions

L'enquête tourne autour de trois questions : le nombre de professionnels manquants au 1er avril 2022 ; le nombre de places durablement fermées pour cause de manque de personnel au 1er avril 2022 et, le nombre de professionnels éducateurs de jeunes enfants ou infirmières puéricultrices à recruter pour le 1er septembre 2022. Ces données étant par ailleurs combinées avec les informations relatives à la localisation, la capacité d'accueil et la forme juridique du gestionnaire de l'EAJE. 

Un quart de réponses

Cette enquête a été lancée début avril auprès des 16 777 gestionnaires d'établissements d'accueil du jeune enfant. Elle devait se terminer vendredi 15 avril, mais la Cnaf vient de décider de repousser l'échéance d'une semaine. Cela doit permettre d'augmenter le nombre de réponses. Environ un quart des EAJE avait répondu au début de la semaine. Ce sont les établissements qui ont directement reçu le lien pour remplir l'enquête en ligne.

La Cnaf apporte par ailleurs trois précisions importantes. Elle invite l’ensemble des gestionnaires à répondre, y compris ceux n’ayant pas de problème de recrutement afin que les réponses reflètent la réalité de tout le secteur (le questionnaire permet en effet de répondre "0" poste vacant et "0" place fermée). Elle indique que le questionnaire doit être rempli jusqu’au bout afin d’être pris en compte. Enfin, elle recommande aux gestionnaires n’ayant pas reçu le lien de l’enquête de vérifier leurs spams. 

Premier résultat en mai

Le but de cette enquête est « d'objectiver, chiffrer et localiser les besoins en professionnels de la petite enfance » , rappelle l'AMF.  La synthèse des résultats sera communiquée aux membres du Comité de filière petite enfance, dont fait partie l’AMF, dans le courant du mois de mai 2022. Elle servira à bâtir les réponses nécessaires à ce phénomène devenu un problème récurrent dans les crèches et autres modes d'accueil de la petite enfance. 

Urgence absolue

Les difficultés de recrutement et le manque de personnel dans les crèches, halte-garderie, micro-crèches sont d'ailleurs le sujet numéro un pour les élus, qui ne cessent d'alerter sur les risques que cela entraîne. Car sans personnel il est illusoire de vouloir se lancer dans la création de nouvelles places, ou d'envisager un quelconque service public de la petite enfance, explique Xavier Madelaine. Ce sujet sera à l'ordre du jour du groupe de travail petite enfance (en visio-conférence), vendredi matin, tout comme les conclusions du CESE sur le service public petite enfance. 

La pénurie de professionnels de la petite enfance – auxiliaires de puériculture, éducateurs jeune enfant – touche tous les gestionnaires, publics ou privés. La Fédération nationale des entreprises de crèche estime à 30 000 le nombre de professionnels à former « en urgence absolue » . Une estimation basée sur les besoins de ses adhérents, et sur les seules places existantes, autrement dit, permettant juste de remplacer les départs en retraite et combler les manques actuels, précise Élisa Hervy, déléguée générale de la FFEC. Pour elle aussi, la question d'un service public petite enfance ne pourra être posée qu'une fois ce problème réglé. « Il faut former plus et mieux » , répète-t-elle.

« Il faut surtout agir vite » , reprend Xavier Madelaine. Car si le Comité de filière compte proposer des solutions pour les trois ans à venir, les gestionnaires ont besoin de réponses dès maintenant. « C'est pourquoi nous poussons dès aujourd'hui à ce que dans chaque territoire, les maires rencontrent les représentants des régions, en charge de la formation » . C'est la « démarche active »  que les élus entendent impulser. « Nous ne pouvons plus continuer à tourner en rond. » 

(1) Une enquête lancée pour le compte du comité de filière petite enfance - Cnaf mis en place en novembre 2021. 

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