Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 27 mars 2017
Outre-mer

Grève générale en Guyane, Bernard Cazeneuve annonce une « délégation de ministres avant la fin de la semaine »

La Guyane entame aujourd’hui son premier jour de grève générale, dans un climat « tendu », de l'aveu même de la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts. Malgré l'arrivée d'une mission interministérielle pour « dialoguer », 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté samedi à la quasi-unanimité la « grève générale illimitée »  pour aujourd’hui.
Ce territoire ultramarin d'Amérique du sud qui compte plus de 250 000 habitants se réveille donc aujourd’hui sous la menace d'une paralysie de la vie économique, déjà ralentie depuis jeudi par une quinzaine de barrages routiers. Air France a annulé ses vols vers Cayenne hier et aujourd’hui et Air Caraïbes, aujourd'hui.
Treize des 22 maires du territoire, réunis en urgence à Kourou samedi matin par l’Association des maires de Guyane, « refusent de rencontrer la délégation interministérielle », dépêchée samedi par le gouvernement. « Les maires de Guyane, qui n'ont cessé d'alerter en vain l'Etat sur la situation dégradée de la Guyane, exigent la venue des ministres concernés et par conséquent refusent de rencontrer la mission interministérielle composée de hauts fonctionnaires dépêchés par le Premier ministre », a expliqué samedi l'Association des maires de Guyane dans un communiqué, ajoutant que les maires de Guyane voulaient « des réponses immédiates aux revendications les plus sensibles et que des engagements irrévocables soient pris pour que le projet Guyane soit inscrit dans la feuille de route de l'Etat ».
« Il n'est plus temps de faire un diagnostic, d’écouter ici et là les demandes. Le gouvernement les connaît, nous les avons faites remonter depuis longtemps. Il n'y a plus de temps à perdre. la Guyane est en état d'urgence », déclarait samedi sur France info David Riché, le président de l'association des maires guyanais. Un appel visiblement entendu par le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, qui a annoncé en milieu de journée qu'une « délégation de ministres se rendrait sur place avant la fin de la semaine ». 
Le Premier ministre reprend donc la main sur le dossier après le tollé soulevé par les propos de sa ministre des Outre-mer refusant pour l'instant de se rendre en Guyane « parce que aujourd'hui les conditions du dialogue ne sont pas réunies ».
Un groupe, baptisé « Les 500 frères »  et créé récemment par des citoyens contre « l’insécurité en Guyane », multiplie les manifestations. Ils sont toujours cagoulés. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, avait écourté le 18 mars une visite en Guyane après l’irruption sans violence d’un groupe d'hommes cagoulés.
La mission interministérielle a multiplié hier les annonces visant à désamorcer le mouvement social, dont les revendications portent aussi bien sur la question cruciale de la sécurité, sur l'accès aux soins de santé ou l'éducation. Jean-François Cordet, un ancien préfet de Guyane qui pilote la mission, a annoncé que « 25 policiers, 23 gendarmes (viendront) renforcer les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie », ainsi que « la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne ». Il a aussi annoncé une enveloppe d’urgence de « 60 millions d’euros supplémentaires »  pour le centre hospitalier de Cayenne, fortement endetté. « Une autorité ministérielle viendra parapher »  les engagements du gouvernement, a-t-il promis. (Avec AFP)

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