Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 14 mars 2019
Mobilité durable

Mobilités actives : des solutions se dessinent pour « mieux réguler pour mieux partager l'espace public »

« Tous éco-mobiles en 2019 ! »  C’est par ce vœu que Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables (CVTC) a ouvert les travaux de la Rencontre nationale sur « les systèmes de régulations pour s’adapter à la mutation des usages de l’espace public »  qui s’est tenue hier à l’Hôtel de Ville de Paris. Ce « tous éco-mobiles »  avait, cette année, pour les membres du CVTC (notamment les plus 1500 collectivités adhérentes) une connotation bien particulière. Car si l’année 2018 a été « riche »  en avancées, avec les Assises de la mobilité et le Plan Vélo, 2019 devrait être celle d’un autre « grand pas en avant »  avec l’adoption de la loi d’orientation sur les mobilités – LOM – qui devrait notamment définir et réguler les mobilités actives dont les engins de déplacements personnels (EDP, c’est-à-dire notamment les trottinettes et les gyropodes dont l’usage explose dans les villes).

La mutation des usages sur l’espace public
Christophe Najdovski, adjoint au maire de Paris en charge des transports, a rappelé en introduction de la journée que « les systèmes de régulation des espaces sont faits pour apaiser les modes de déplacement et améliorer le cadre de vie, la santé de tous ». Or qui dit régulation dit aussi évolution des règles mais aussi des normes sociales. Avec un peu de volonté, selon Christophe Najdovski, les usages peuvent évoluer et les usagers de l’espace public mieux vivre ensemble. De nombreux exemples en ont été donnés, comme à Vitré (Ille-et-Vilaine) par exemple, où la ville a fait le pari de la modération de la vitesse en passant l’ensemble des voiries en zones 30, voire en limitant la vitesse à 20 km/h. Et « si les débuts ont été difficiles », a reconnu Bruno Maisonneuve, adjoint au maire de la ville, « la part modale du vélo a fait un bond de 7 % en deux ans ».

Le dialogue s’ouvre enfin entre collectivités, prestataires et usagers
Fabrice Furian, président de la Fédération des professionnels de la micro-mobilité (FP2M), après avoir rappelé qu’il s’est vendu en France en 2017 plus de 1,7 million d’EDP pour 2,8 millions de vélos, a estimé que les professionnels de la micro-mobilité se sont donnés les mêmes impératifs en termes de développement durable et d’usages partagés que les collectivités. Ce qui ne paraît pas d’emblée évident lorsque l’on constate le caractère totalement anarchique et dérégulé de l’invasion des EDP en « free-floating »  (location en libre-service sans point d’attache) dans certaines grandes villes. Il faut donc des règles, qui, comme cela a été évoqué pendant cette journée, ne peuvent se concevoir qu’à travers le « dialogue ». Les élus de Bordeaux en ont donné un exemple, avec une charte (qui sera signée en avril) avec les opérateurs (sur le stationnement, la sécurité, l’occupation du domaine public, etc.). Christophe Najdovski a ajouté « qu’il ne faut pas décourager, mais réguler et partager »  par exemple en développant du « semi-floating »  avec des emplacements dédiés et surtout sensibiliser, informer les usagers pour une meilleure cohabitation...
Interrogé en toute fin des débats, Pierre Serne a également souligné « qu’un Code de la rue et de la route est désormais nécessaire pour encadrer et sécuriser ces nouveaux usages », tout en se félicitant des échanges « enfin »  apaisés entre les collectivités et les prestataires, après des débuts difficiles et sans cadre légal. Ce cadre est désormais en discussion avec les débats qui s’ouvrent sur la LOM, qui prévoit une véritable régulation sur le free-floating en soumettant les gestionnaires à un régime d’autorisation (lire Maire info du 7 mars 2019).
F.M.

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