Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 23 décembre 2016
Mobilité durable

Le casque désormais obligatoire pour les enfants à vélo

À partir du 22 mars prochain, les enfants de moins de douze ans conducteurs ou passagers d’un vélo devront obligatoirement être munis d’un « casque attaché ».
Le décret est paru hier au Journal officiel, et il suit les recommandations du Comité interministériel pour la sécurité routière (CISR), qui avait prescrit une telle obligation pour les enfants en octobre 2015. Le texte précise que si le conducteur du vélo est un adulte, c’est à lui qu’il revient de s’assurer du port du casque pour l’enfant transporté. Même chose dans le cas où un adulte accompagne un ou plusieurs enfants à vélo. Si les forces de l’ordre constatent le non-respect de ces dispositions, elles pourront sanctionner l’adulte d’une amende de quatrième classe (135 euros).
S’ajoute au décret un arrêté décrivant les caractéristiques des casques qui devront être portés : peu de détails, sinon que les casques devront être homologués et marqués CE.
C’est une nouvelle étape dans la volonté de sécuriser les usagers de deux roues, après le décret imposant, depuis le 20 novembre, le port de gants homologués pour les conducteurs et les passagers de deux-roues motorisées, sous peine d’une amende de 90 euros.
Pas question en revanche, pour l’instant, de généraliser l’obligation de porter un casque à tous les usagers du vélo. Cette question fait débat depuis des années, et le CISR, tout comme la plupart des associations de promotion du vélo, sont opposés à une telle obligation.
En janvier dernier, le sénateur de l’Eure Hervé Maurey a déposé une proposition de loi pour imposer le port du casque à tous les cyclistes. Cette proposition de loi, si elle a bien peu de chance d’être discutée en séance publique d’ici la fin de la législature, a eu au moins le mérite de relancer le débat. « L’État et les collectivités encouragent la pratique des cycles depuis plusieurs années », explique le sénateur dans l’exposé des motifs, à travers des aménagements de voirie, des dispositifs tels que l’indemnité kilométrique vélo ou le vélo en libre-service dans les grandes agglomérations. L’usage du vélo a logiquement augmenté mais, souligne le sénateur, le nombre d’accidents aussi : « 159 cyclistes ont été tués en 2014, un nombre en augmentation de 8,2 % par rapport à 2013 ». Les cyclistes, ne bénéficiant souvent d’aucune protection, « sont très vulnérables », conclut Hervé Maurey.
Côté adversaires de la mesure, les arguments ne manquent pas. Les associations qui se montrent opposées à l’obligation de porter le casque précisent évidemment qu’elles ne sont pas contre le port du casque, bien au contraire, mais qu’elles estiment que cela doit rester un choix individuel. Elles craignent en fait qu’une telle obligation ait un effet négatif et fasse reculer la pratique du vélo. D’une part parce que certains usagers pourraient renoncer à prendre leur bicyclette plutôt que d'avoir à mettre un casque ; et d’autre part parce que les associations estiment qu’une telle obligation enverrait le signal que le vélo est une mode de transport dangereux, et non un moyen de transport aussi bon pour l’environnement que pour la santé. Il est d’ailleurs exact que l’un des rares pays à avoir imposé le port du casque, l’Australie, se pose aujourd’hui la question de revenir en arrière, car cette obligation a fait fortement reculer la pratique. Et les pays les plus en pointe en termes d’usage, en tête desquels les Pays-Bas, n’imposent pas le port du casque.
Sans même parler d’obligation, aux Pays-Bas, extrêmement peu de cyclistes portent un casque. Et dans ce pays, le nombre d’accidents rapporté au nombre de kilomètres parcourus est le plus bas du monde. Explication : plus l’usage du vélo est courant et plus les cyclistes sont présents dans l’espace public, plus les autres usagers de la route, au premier rang desquels les automobilistes, font attention à eux. Cette observation est d’ailleurs vérifiée en France, où c’est Strasbourg, la ville où le vélo est le plus développé, qui connaît le moins de taux d’accidents.
F.L.

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