Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 29 novembre 2019
Terrorisme

Lutte contre l'islamisme : Christophe Castaner invite les maires à « signaler les situations de risque »

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a réuni les préfets en séminaire, hier place Beauvau, afin de leur présenter la circulaire qui « intègre la lutte contre l’islamisme et le communautarisme au cœur de [leurs] missions ». Les contrôles d’établissements recevant du public, expérimentés depuis presque deux ans dans 15 quartiers identifiés comme base de départ de jihadistes vers la Syrie, sont désormais étendus à toute la France. Les élus locaux - et particulièrement les maires - ont, eux aussi, un rôle à jouer « pour améliorer les choses dans des quartiers où la mixité sociale se détériore ». 

« 60 attentats déjoués sur le sol français »  depuis 2013
Alors que, depuis 2013, « 60 attentats ont été déjoués sur le sol français », Christophe Castaner considère que « l’heure n’est plus aux pudeurs ni aux faux-semblants ». « Disons-le franchement, comme vous le constatez sur le terrain : la radicalisation et le terrorisme sont les symptômes les plus graves d’un mal plus profond qui touche trop de nos quartiers. Je veux parler de l’islamisme et du communautarisme ».
Ce « mal »  - terme que le ministre a utilisé à trois reprises - « place la loi de dieu - ou celle de ceux qui la détournent à leur profit - au-dessus des lois de la République »  et « remet en cause l’indivisibilité de la République (…) la laïcité (…) ou encore l’égalité entre les femmes et les hommes ». En résumé, l’islamisme est un « contre- projet de société, communautaire, autoritaire, inégalitaire », poursuit le ministre qui demande aux préfets de le « combattre ». En écho avec les mots prononcés par Emmanuel Macron au Congrès des maires : « Ce qui compte, c’est le combat politique en actes, c’est l’intransigeance républicaine, de faire tomber les masques de ceux qui combattent la devise inscrite sur le fronton des mairies (...) Vous pourrez compter sur moi pour les débusquer, les combattre »  (lire Maire info du 20 novembre).

Contrôles et fermetures d’établissements recevant du public
Les mesures, en vigueur depuis février 2018, dans quinze quartiers « particulièrement sensibles »  sont étendues partout. Cette « offensive républicaine » « a porté ses fruits », se félicite le ministre. « Dans ces 15 quartiers, nous avons mené 1 030 contrôles d’établissements recevant du public, comme des débits de boissons, des établissements culturels ou sportifs, des écoles hors contrats ou des lieux de culte (et) nous avons pu fermer 133 débits de boissons, 13 lieux de culte, 4 écoles et 9 établissements culturels. » « 7 083 opérations de contrôle contre l’économie souterraine »  ont, par ailleurs, été menées et « nous avons pu redresser pour plus de 17 millions d’euros ».
Il faut maintenant « intensifier le combat »  qui, anticipe Christophe Castaner, « ne sera pas exempt de critiques » : « Dès qu’il existe des doutes sur un lieu ou sur une association, je vous demande de ne pas hésiter à réaliser des inspections, des contrôles. Et si des manquements sont établis, je vous demande de décider des fermetures administratives sans hésiter. Je pense aux débits de boissons qui deviennent des lieux de rassemblement islamiste. Je pense à certains lieux de culte, à certaines écoles et certains centres culturels et sportifs qui se transforment en incubateur de haine », détaille le ministre qui demande aux préfets de présider une « cellule départementale des services de l’État ». « L’idée est claire : avoir une cartographie précise »  et connaître « les lieux que nous devons suivre et contrôler ».

« Associer les élus locaux » 
Il peut s’agir de « contrôle de la réglementation en matière d’établissement recevant du public ou d’hygiène, de contrôle de la réglementation des activités sportives, de contrôle de la réglementation de l’accueil des mineurs ou de lutte contre les fraudes ». « Les atteintes à la République doivent être identifiées et sanctionnées : la découverte de faits ou comportements susceptibles de constituer des infractions pénales devra être systématiquement portée à la connaissance du procureur de la République ».
Parce qu’il est « hors de question de laisser une partie de notre jeunesse enfermée dans l’obscurantisme », les préfets assureront, en outre, « un suivi extrêmement rigoureux et vigilant de la déscolarisation », et associeront « au maximum [à leurs démarches] les acteurs de terrain concernés, au premier rang desquels les élus locaux (…) afin qu’ils puissent nous signaler les situations de risque qu’ils décèlent et que nous puissions travailler ensemble pour améliorer les choses dans des quartiers où la mixité sociale se détériore ». À ce sujet, Christophe Castaner « demande »  aux préfets « de réfléchir aux manières d’assurer la mixité sociale dans les quartiers et de faciliter partout l’installation de projets culturels, sportifs, associatifs ». « Nous devons donc avoir une politique de la ville ambitieuse et concertée avec les élus ».
La date de la présentation de cette circulaire visant à lutter contre l’islamisme et le  communautarisme n’a, sans doute, pas été choisie au hasard par Christophe Castaner. La République en marche présentait, hier également, ses dix propositions pour « lutter contre les communautarismes ». Une charte que devra signer chaque candidat qui représentera les couleurs du parti de la majorité présidentielle aux élections municipales.

Ludovic Galtier

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