Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 4 décembre 2014
Santé publique

Les pharmacies résistent bien à la crise

L’Insee publie ce matin une étude sur les pharmacies et leur évolution depuis 2000. Ce secteur, qui représente un chiffre d’affaires de presque 40 milliards d’euros, voit ses marges augmenter. La répartition territoriale des officines reste inégale, note l’Insee.
Il y avait en 2012 23 800 pharmacies, employant 95 800 salariés, dont une majorité de petits établissements (la moitié des officines ont moins de 3 salariés). Le nombre de pharmacies n’augmente que très lentement (+ 2,6 % sur les douze dernières années), du fait des règles d’implantation très strictes : d’une part, les pharmacies ne peuvent être ouvertes que par des docteurs en pharmacie dont le nombre est limité par un numerus clausus, et d’autre part, l’implantation territoriale est limitée afin de garantir une clientèle aux pharmaciens. Rappelons que l’ouverture d’une officine est décidée en fonction de la population communale et soumise à une autorisation de l’agence régionale de Santé. L’installation d’une première officine est autorisée dans les communes de plus de 2 500 habitants, et d’une officine supplémentaire par tranche de 4 500 habitants.
Plusieurs grandes tendances sont dégagées par l’Insee. Notamment, un ralentissement de l’activité du secteur depuis 2006, avec même une baisse de plus de 2 % en 2009, mais qui reste très inférieur au ralentissement général du secteur du commerce de détail. Les vagues de déremboursement de médicaments par l’État amènent une baisse mécanique de la part des remboursables dans le chiffre d’affaires des pharmacies (passée de près de 90 % à 76 % aujourd’hui). Mais le prix des médicaments non remboursables étant fixé librement, les marges sont souvent supérieures pour les pharmaciens. L’Insee note aussi un fort développement de la parapharmacie dans les officines – ventes qui étaient naguère l’apanage exclusif de la grande distribution.
Autre tendance lourde de la période : les modes de gestion évoluent. Alors qu’en 2000, les trois quarts des officines étaient exploitées en nom propre, elles sont moins de la moitié dans ce cas aujourd’hui. Ce mode de gestion laisse peu à peu la place à l’exploitation associée, et en particulier au système dit SEL (société d’exercice libéral), très favorable d’un point de vue fiscal. Les pharmacies gérées en SEL ont connu une évolution spectaculaire : de 1,3 % en 2000, elles sont 27,2 % aujourd’hui. Explication : un docteur en pharmacie n’ayant légalement pas le droit de posséder plusieurs officines en nom propre, les diplômés cherchent à s’associer avec d’autres officines existantes.
Sur l’implantation territoriale enfin, l’Insee relève que si la densité moyenne est d’une officine pour 2 700 habitants, les disparités sont assez fortes d’une région à l’autre. L’Alsace, la Lorraine, la Haute-Normandie et la Picardie sont les régions les plus mal loties.
Les règles fixant les modalités d’installation des pharmacies pourraient bien évoluer dans les mois qui viennent. On sait que le gouvernement souhaite s’attaquer à de nombreuses règles concernant les professions réglementées. Si le projet de loi pour la croissance d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, ne mentionne finalement pas les pharmacies (contrairement aux notaires, avocats ou huissiers), la question est abordée dans le projet de loi Santé présenté par Marisol Touraine en Conseil des ministres le 15 octobre dernier. Celui-ci prévoit, sur la question des pharmacies, « la mise en cohérence des différents dispositifs relatifs à l’attractivité des territoires, notamment les règles de zonage ». Sans plus de précisions : comme le gouvernement le privilégie depuis quelques mois, les mesures seront prises « par ordonnance »  – c’est-à-dire sans discussion au Parlement.

Télécharger l’étude de l’Insee.

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