Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 7 juillet 2020
Gouvernement

Les ministres que doivent connaître les maires

Si le nouveau gouvernement dévoilé hier ne compte plus de ministre spécifiquement chargé des Collectivités territoriales – et s’il reste à savoir si un secrétaire d’État sera au moins nommé à ce poste – plusieurs nouveaux ministres ou ministres délégués travailleront sur des dossiers directement en lien avec les collectivités. Tour d’horizon.

Le nouveau tandem Darmanin-Gourault
C’est donc Gérald Darmanin, tout récemment élu dès le premier tour à la mairie de Tourcoing, qui hérite du ministère de l’Intérieur à la place de Christophe Castaner. Sans ministre délégué à ses côtés (Laurent Nuñez est pour l’instant exclu du casting), le jeune ministre (37 ans) aura la charge de ce ministère chargé, entre autres, de l’organisation des élections. Il devra aussi traiter notamment deux sujets intéressants les collectivités : la gestion de la police de sécurité du quotidien (PSQ) – et les relations des forces de l’ordre avec les habitants - et le livre blanc de la sécurité intérieure qui doit redéfinir la politique gouvernementale en la matière. Mais depuis le remaniement qui a fait suite au Grand débat national, le ministère de l’Intérieur est un peu moins lié aux collectivités locales qu’il l’était avant, puisque la Direction générale des collectivités locales (DGCL) est passée sous la tutelle du ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, qui reste entre les mains de Jacqueline Gourault. Cette répartition des tâches se poursuivra-t-elle dans le nouveau gouvernement ? Il faut attendre la publication des décrets d’attribution des ministres pour le savoir. En attendant, l’ancienne vice-présidente de l’AMF a un peu moins de moyens qu’auparavant : alors qu’elle avait jusqu’ici sous sa tutelle deux ministres délégués (Sébastien Lecornu et Julien Denormandie, le premier aux Collectivités territoriales et le second à la Ville et au Logement), elle n’en a désormais plus qu’un, ou plutôt une : Nadia Hai, qui devient ministre déléguée chargée de la Ville. Âgée de 40 ans, Nadia Hai,  cadre de banque, était jusque-là députée LaREM des Yvelines. Elle est un soutien de la première heure d’Emmanuel Macron.
Le logement est donc sorti du périmètre du ministère de Jacqueline Gourault, et entre à présent dans celui du ministère de la Transition écologique de Barbara Pompili. Ce ministère sera tenu par Emmanuelle Wargon, 49 ans, ancienne directrice de la communication du groupe Danone (et fille de l’ancien ministre Lionel Stoléru), qui était dans le précédent gouvernement secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. Emmanuelle Wargon va avoir la lourde tâche de gérer le dossier de la rénovation énergétique des bâtiments, placé en tête des préoccupations de la Convention citoyenne pour le climat et que le chef de l’État s’est engagé à traiter rapidement.

Fonction publique
Un nouveau ministère a été créé, qui intéressera directement les maires en tant qu’employeurs : celui de la « Transformation et de la Fonction publiques ». Le « s »  à la fin de « publiques »  est important, bien qu’oublié, depuis hier, de la plupart des bandeaux sur les chaînes de télévision : il s’agit bien d’un ministère de la transformation publique et de la fonction publique. Cet intitulé quelque peu étrange donne à penser que la tâche de la ministre, Amélie de Montchalin, sera notamment de réformer la fonction publique – on retrouve dans cet intitulé, un peu détourné, le nom de la loi du 6 août 2019, « loi de transformation de la fonction publique ». On peut néanmoins noter que pour la première fois depuis 2017, la fonction publique retrouve un ministère de plein exercice : dans le précédent gouvernement, Olivier Dussopt était certes chargé de ce dossier mais sans que cela figure dans l’intitulé de sa fonction (secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics).
C’est une véritable promotion pour Amélie de Montchalin, députée LaREM de l’Essonne de 2017 à 2019, entrée au gouvernement l’année dernière en tant que secrétaire d’État chargée des Affaires européennes. Issue du monde de l’entreprise, étiquetée très libérale et spécialiste des finances (elle a été rapporteure du projet de loi de finances pour 2018), elle n’est en revanche pas connue pour sa connaissance particulière du monde de la fonction publique. C’est donc elle qui, à la place d’Olivier Dussopt, devra rapidement piloter le « rendez-vous salarial »  de la fonction publique, qui devait avoir lieu aujourd’hui et a été ajourné sine die. 

Citoyenneté
On ignore encore comment vont s’articuler les attributions des quelque trois ministres ou ministres délégués chargés de différentes questions citoyennes et de société – Marlène Schiappa, Marc Fesneau et Élisabeth Moreno. Marlène Schiappa, jusqu’ici secrétaire d’État, prend du galon en devenant ministre déléguée « à la Citoyenneté »  auprès du ministre de l'Intérieur. Elle abandonne donc ce qui est son cheval de bataille depuis 2017 – les questions d’égalité entre les femmes et les hommes. 
Cette problématique revient à une nouvelle ministre déléguée jusque-là inconnue du grand public, Élisabeth Moreno, qui hérite d’un portefeuille comprenant l’égalité entre les femmes et les hommes, la diversité et l’égalité des chances. Élisabeth Moreno, 49 ans, née au Cap-Vert, vient, elle aussi, du monde de l’entreprise : elle est surtout connue pour avoir été PDG du géant informatique Lenovo en France. Se définissant dans la presse comme « une femme noire élevée dans une cité »  et ayant socialement réussi, elle est déjà critiquée, ce matin, par les associations de lutte pour les droits des femmes, pour avoir dit, en 2018, « je ne veux pas d’un climat de défiance où le sexisme met tout le monde mal à l’aise et où chacun mesure constamment chaque mot qu’il utilise ». 
Quant à Marc Fesneau, jusque-là uniquement chargé des relations avec le Parlement, il hérite également d’un portefeuille de « la participation citoyenne ». Il sera donc très certainement en première ligne dans la réforme du Cese (conseil économique, social et environnemental) qui va démarrer dès aujourd’hui avec la présentation de deux projets de loi en Conseil des ministres.
On ne peut, quoi qu’il en soit, tirer de conclusion définitive de ces nominations tant que la deuxième partie du gouvernement – les secrétaires d’État – ne sera pas connue. On saura alors si des dossiers majeurs aujourd’hui dépourvus de titulaires – alors que le chef du gouvernement a mis en avant sa volonté de travailler avec les « territoires »  – comme les collectivités locales, la ruralité, l’aménagement du territoire, l’économie circulaire, la petite enfance ou le numérique, trouvent tout de même une place dans le nouveau dispositif gouvernemental.

Franck Lemarc

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