Maire-info
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Édition du lundi 14 février 2022
Fonction publique territoriale

Les collectivités peinent à recruter sur un certain nombre de postes

Le Panorama des métiers territoriaux réalisé par le CNFPT met en évidence les métiers en tension et les difficultés croissantes rencontrées par les collectivités en matière de recrutement. Il propose aussi une cartographie inédite des effectifs de la territoriale.

Par Emmanuelle Quémard

Quelques jours après la remise à Amélie de Montchalin d’un rapport explorant les pistes pour redynamiser l’attractivité de la fonction publique territoriale (lire Maire info du 7 février), le Panorama statistique des métiers territoriaux publié le 10 février par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) vient confirmer que les collectivités sont aujourd’hui confrontées à des difficultés croissantes de recrutement sur un grand nombre de postes. L’étude réalisée par le CNFPT auprès de 16 167 structures territoriales entre début 2017 et fin 2019 pointe notamment les effets « d’une concurrence à tous les niveaux »  qui s’exerce aussi bien entre les différentes collectivités qu’entre les trois versants de la fonction publique et, de plus en plus, entre sphère publique et secteur privé.

Selon le Panorama des métiers territoriaux, cette tension exacerbée concerne principalement les emplois liés à la relation aux usagers, devant les métiers techniques et ceux de la gestion. 

Tension extrême sur les métiers de la relation aux usagers

Le CNFPT observe que les recrutements sont, en effet, particulièrement difficiles sur les postes d’agents chargés de l’aide à domicile, de policier municipal, d’aide-soignant, d’animateur enfance jeunesse, d’assistant éducatif petite enfance, ainsi que ceux d’agent de service polyvalent en milieu rural et de responsable des services techniques. À noter que la pénurie menace également certains métiers ne faisant pas spécialement l’objet d’une concurrence sévère entre employeurs. C’est notamment le cas des métiers de chargé de propreté des locaux et des agents de restauration.

La taille et la localisation géographique des collectivités constituent des paramètres déterminants en matière de recrutement. Selon l’étude, près de trois collectivités répondantes sur cinq employant plus de 500 agents déclarent éprouver des difficultés à pourvoir certains postes, alors que seulement 16 % des collectivités de moins de 50 agents affirment connaître un tel problème. Ce sont certaines structures territoriales ultra-marines qui se déclarent le plus pénalisées, à l’instar des 38 % de répondants de Guyane et Mayotte qui font état de difficultés pour attirer des agents. En métropole, les collectivités situées dans les régions Pays-de-la-Loire (35 %), Bretagne (35 %) et Centre-Val-de-Loire (31 %) font le même constat. À l’inverse, les collectivités de Corse (6 %), de Martinique (12 %) et de Nouvelle-Aquitaine (15 %) sont celles qui rencontrent le moins de problèmes pour renouveler leurs effectifs. 

La nature des métiers met également en évidence certaines spécificités régionales. Ainsi, le métier d’aide-soignant est systématiquement mentionné en Bretagne comme faisant l’objet d’une forte concurrence, en particulier de la part de la fonction publique hospitalière et des établissements de santé privés. Autre exemple : en Ile-de-France, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Auvergne-Rhône-Alpes, c’est le métier de policier municipal qui arrive en tête des postes les plus difficiles à pourvoir. 

244 métiers passés au crible

Outre ce focus sur les métiers en tension, le Panorama réalisé par le CNFPT passe au crible les 244 métiers-repères de la territoriale et dessine une cartographie très précise de l’emploi territorial. Il apparaît en premier lieu que le temps complet est globalement la norme chez les agents des collectivités (74 %). Certains métiers, comme ceux des travailleurs sociaux et des puériculteurs, constituent pourtant des particularités : 25 % des agents y exercent leur mission à temps partiel. Dans certains autres métiers, comme dans le cas des animateurs accompagnement périscolaire (61 %), des enseignants artistiques (58 %) ou encore des aides à domicile (57 %), le temps « non complet »  est aujourd’hui majoritaire. À l’inverse, la quasi-totalité des métiers répertoriés dans les services « Incendie et secours »  et « Prévention et sécurité »  sont exercés à temps complet par plus de 97 % des personnels.

L’analyse des métiers selon le statut des agents montre, par ailleurs,, que les fonctionnaires territoriaux sont majoritaires dans les professions appartenant aux familles « Management » « Incendie et secours »  et « Prévention et sécurité ». En revanche, les contractuels dominent largement au sein des métiers relevant principalement de la « relation aux usagers ». C’est notamment le cas des assistantes familiales en protection de l’enfance, des animateurs éducatifs accompagnement périscolaire et des animateurs enfance-jeunesse.

Le Panorama révèle, en outre, que la féminisation des métiers territoriaux est également inégalitaire. Sur les 244 métiers recensés dans les collectivités, 12 affichent un taux de féminisation supérieur à 93 %. Il s’agit en particulier des agents d’accompagnement à l’éducation de l’enfant, des assistants éducatif petite enfance et des aides à domicile. À l’opposé, 15 métiers demeurent essentiellement masculins. Il s’agit principalement des métiers « techniques »  tels que l’exploitation et l’entretien de la voirie et des réseaux où le taux de féminisation reste inférieur à 5 %. 

L’étude souligne également le vieillissement des effectifs territoriaux, en indiquant que dans 23 métiers, les agents permanents sont âgés en moyenne de plus de 50 ans. A contrario, dans 4 métiers les agents permanents ont en moyenne moins de 40 ans. Les métiers territoriaux les plus jeunes sont ceux des intervenants des opérations de secours et d’animateur enfance jeunesse. 

L’étude du CNFPT aborde, par ailleurs, l’avenir des métiers du service public local face aux mutations écologiques, sociales, sanitaires, techniques et économiques qui impactent le monde territorial. L’établissement engage ainsi les employeurs à « se projeter dans l’avenir afin d’anticiper les besoins en emplois des collectivités et en formation des agents territoriaux ».

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