Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 29 mars 2021
Finances locales

Les collectivités locales auraient fini l'année 2020 « Ã  l'équilibre », selon l'Insee

Alors que les finances publiques ont connu une « dégradation historique » l'an passé, les administrations publiques locales (Apul) ont vu leur déficit et leur dette se creuser de manière moins importante que ceux de l'Etat et de la Sécurité sociale, selon les premiers résultats publiés par l'Insee.

Les finances publiques ont bien connu la « dégradation historique »  attendue, en 2020, sous l’effet de la crise sanitaire et économique qui frappe le pays depuis un an. C’est ce que confirme le compte provisoire des administrations publiques établi et publié vendredi par l'Insee. 

Déficit et dette « records » 

Le déficit et la dette publics ont ainsi atteint des niveaux « records », le premier se creusant de 9,2 % alors que la seconde s’est envolée à 115,7 % du PIB. Si ces résultats restent toutefois « meilleurs »  que les prévisions établies dans la quatrième loi de finances rectificative pour 2020 (LFR4) - qui tablait sur un déficit de 11,3 % et une dette publique de 119,8 % du PIB - , cela n’a pas empêché l'économie française de connaître sa plus importante récession depuis la Deuxième Guerre mondiale avec un recul de l’activité de 8,2 % du PIB. 
L’ampleur de ces chiffres témoignerait ainsi de « la violence de la crise, qui a lourdement affecté les recettes publiques, mais également de l’effort massif consenti sur les dépenses mises en œuvre pour protéger les Français de l’épidémie et pour soutenir notre économie », ont commenté, dans un communiqué, les ministres de l’Économie, Bruno Le Maire, et des Comptes publics, Olivier Dussopt.
A titre de comparaison, en 2019, la dette avait reculé à 97,6 % du PIB tandis que le déficit s’établissait à 3,1 % et devait baisser à 2,2 % du PIB selon les prévisions de la loi de finances initiale pour 2020, antérieures à l’apparition du covid-19.

Les collectivités locales « à l'équilibre » 

Dans ce contexte, les pertes de recettes et les dépenses supplémentaires engendrées par la crise ont fait plonger le déficit public « de près de 160 milliards d’euros en 2020 ».
Le déficit de l'État (182 milliards d'euros) tout comme celui de la Sécurité sociale (48,3 milliards d'euros) se sont ainsi « très fortement »  creusés l’an passé, alors même qu’en 2019, la réduction du déficit des administrations publiques provenait encore uniquement des administrations de Sécurité sociale dont les comptes sociaux étaient excédentaires pour la troisième année consécutive. 
Sans surprise, les administrations publiques locales (Apul) - collectivités et opérateurs publics - ont, elles aussi, vu leur besoin de financement se creuser mais... « légèrement », selon l'Insee, celui-ci plongeant de 3,1 milliards d’euros, à hauteur de 4,2 milliards d'euros (contre 0,9 milliard d’euros en 2019), « la baisse de leurs recettes [ayant été] plus prononcée »  que la baisse de leurs dépenses, observe l’Insee. Reste que l’Institut constate que si le solde des seules collectivités locales s’est bien dégradé de 1,2 milliard d’euros, celui-ci a fini « à l’équilibre », le déficit s'expliquant entièrement par celui de certains opérateurs (Île-de-France Mobilités, Société du Grand Paris, etc.).

L’investissement communal en baisse de 13,7 %

Alors que les dépenses des administrations publiques ont bondi de 5,5 % (tirées notamment par la hausse des prestations sociales, des rémunérations versées au personnel hospitalier et les aides versées aux entreprises via le fonds de solidarité), celles des administrations locales ont diminué de 2,3 milliards d’euros.
« Les achats des établissements culturels, sportifs de loisirs et des services de restauration des communes se contractent en raison des périodes de confinement, les consommations intermédiaires des communes baissant au total de 4,5 % (- 1,5 milliard) », détaille l’Insee qui observe également que l’investissement communal a chuté de 13,7 % (- 4,6 milliards). Une baisse que l'Institut explique par le « cycle électoral », mais « accentué par le contexte sanitaire et le report des élections ».
En parallèle, le niveau des recettes global a reculé de 5 %, du fait de moindres revenus issus des impôts et des cotisations sociales, celles des administrations locales ayant baissé de 5,4 milliards d’euros. 
« Leurs ventes pâtissent de la crise sanitaire (- 2,9 milliards), en particulier celles des communes du fait des fermetures d’établissement ainsi que de réductions de loyers immobiliers accordées localement », indique l’Insee qui pointe aussi la diminution des recettes fiscales, d’abord « en raison de la réforme de l’apprentissage ».

Les communes se sont endettées de 2,5 milliards d’euros

Du côté de l’endettement, si la hausse de la dette publique en 2020 est principalement le fait de l’État (+ 177,3 milliards d’euros) et des administrations de Sécurité sociale (+ 75,2 milliards d’euros), les administrations publiques locales y ont également contribué à hauteur de 19,5 milliards d’euros. 
« Cette hausse résulte de l’endettement de la Société du Grand Paris (+ 11 milliards d’euros), d’Île-de-France Mobilités (+ 1,5 milliard), des communes (+ 2,5 milliards) et des régions (+ 2,9 milliards) », précise l’Insee qui souligne que « la trésorerie (des Apul) sur les comptes du Trésor progresse ainsi nettement (+ 15,3 milliards d’euros), en particulier celle de la Société du Grand Paris (+ 8,4 milliards) et des communes (+ 3,6 milliards) ».                  
En 2021, la situation des finances publiques ne devrait que très légèrement s'améliorer puisque la persistance de l'épidémie de covid-19 et des restrictions sanitaires oblige le gouvernement à prolonger les aides d'urgence. Elles devraient coûter « autour de 32 milliards d'euros », dont « 18 milliards pour le fonds de solidarité, 11 milliards pour l'activité partielle et environ 3,5 à 4 milliards d'euros pour les exonérations de cotisations sociales », a annoncé Olivier Dussopt à l’AFP, ajoutant qu’il n'était pas prévu, à ce stade, de réviser les prévisions de dette (8,5% du PIB) et de déficit (plus de 122 % du PIB).

A.W.

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