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Édition du vendredi 7 janvier 2022
Finances locales

Les budgets des communes avec QPV ont mieux résisté à la crise sanitaire que les autres

Etant moins bien dotées en équipements, ces communes ont finalement moins souffert d'un point de vue comptable de la baisse des recettes entraînée par la crise sanitaire. Ces communes restent toutefois plus endettées et dégagent moins d'épargne brute que celles qui n'abritent pas de quartier prioritaire.

Par A.W.

Les finances des 801 communes abritant un quartier « politique de la ville »  (QPV) ont moins souffert des conséquences de la crise car… elles sont moins bien dotées en équipements. C’est le singulier mais bien réel constat fait, hier, par la direction générale des collectivités locales (DGCL) dans son dernier bulletin d’information statistique (Bis). 

C’est tout le paradoxe. Bien que plus fragiles, les finances de ces communes ont pourtant moins subi les conséquences de la crise sanitaire que les autres. « Les différences entre communes avec et sans QPV étaient [ainsi] plus marquées en 2019 »  qu’en 2020. 

Avec moins d’équipements... moins de perte de recettes

Seulement, si ces communes ont mieux résisté et leur budget moins souffert c’est tout simplement qu’elles ont moins manqué des recettes qu’elles ne gagnent habituellement pas ou moins que les autres, « qui disposent habituellement de ressources tarifaires importantes ».

Que ce soit les recettes générées par le tourisme, les redevances, les recettes tarifaires ou bien encore l’exploitation d’établissements culturels, sportifs…, celles-ci ont, en effet, surtout manqué le plus aux communes disposant des équipements qui les génèrent. A savoir « les communes les plus touristiques ou ayant une population plus aisée qu’ailleurs ».

Etant moins bien dotées en équipements de ce type, « les communes avec QPV ont donc moins souffert de l’absence exceptionnelle de telles recettes pendant la crise sanitaire »  puisqu’elles ont perdu 1,2 % de leurs recettes de fonctionnement en 2020, contre 1,8 % pour celles sans QPV. 

Ces recettes ont diminué « principalement pour les plus grandes communes, et parmi elles, surtout pour les communes sans QPV », constate la DGCL. Les communes de plus de 50 000 habitants sans QPV ont ainsi perdu 4,7 % en 2020 quand celles de même taille avec QPV ont vu leurs recettes fléchir de 1,4 %. L’écart se resserrant entre les petites communes (celles de plus de 1 000 habitants et de moins de 5 000 habitants) sans QPV (- 1,3 %) et avec QPV (- 0,9 %).

Une évolution de l’épargne brute « favorable »  aux QPV

Du côté des dépenses de fonctionnement, ce sont surtout les plus petites communes qui les ont vu diminuer puisque « les frais relatifs à la gestion de la crise ont été davantage supportés par les plus grandes communes ». 

Les communes de plus de 1 000 habitants et de moins de 5 000 habitants ont ainsi vu ces dépenses baisser de près de 4 % pour celles abritant un QPV et de 2,4 % pour celles de même taille n’en possédant pas. A l’inverse, les dépenses des plus grandes communes avec QPV se sont quasiment stabilisées (-0,2 %) quand celles sans QPV ont baissé de 0,7 %.

Au final, les évolutions de l’épargne brute ont été « systématiquement favorables aux communes avec QPV, quelle que soit leur taille ». Ainsi, elle a bondi de près de 19 % pour les petites communes abritant un quartier prioritaire et de seulement 2,8 % pour celles n’en possédant pas. Et si toutes les communes de plus de 50 000 habitants ont vu leur épargne brute chuter de manière importante, celle des communes avec QPV a été limitée (à - 9 %), quand celle des communes sans QPV s’est effondrée de plus de 27 %. 

« Pour compenser ce défaut de financement, les communes sans QPV ont alors dû s’endetter davantage, et en particulier les plus grandes d’entre elles », observent les auteurs du bulletin. Pourtant, en 2019, « le délai de désendettement était […] systématiquement plus élevé pour les communes avec QPV », pour les plus petites comme pour les plus grandes d’entre elles, rappellent-ils.

L'investissement et l'épargne brute restent faibles

Derrière ce tableau favorable aux communes abritant un quartier politique de la ville, il ne faudrait toutefois pas oublier que celles-ci ont continué de dégager une épargne brute plus faible (179 euros par habitant contre 190 euros par habitant) et contracter un endettement plus fort que les communes sans QPV en 2020, si on les compare à taille identique.

Le délai de désendettement des communes avec QPV n’a été « réellement supérieur à celui des communes sans QPV que pour les communes de taille intermédiaire, de 5 000 à 50 000 habitants », précise la DGCL.

L’investissement y a été aussi « plus faible, surtout pour les grandes communes ». Leur produit fiscal par habitant a été ainsi plus faible qu’ailleurs, même si les concours de l’Etat y sont supérieurs. Comme le rappellent les auteurs du bulletin, les communes avec QPV ont « des habitants dont les revenus sont, en moyenne, très inférieurs à ceux des autres communes ».
 

Télécharger le Bis.

 

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