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Édition du mardi 8 novembre 2022
Petite enfance

La Cnaf dévoile une enquête inédite sur les lieux d'accueil enfants-parents

La Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) dévoile une enquête sur les lieux d'accueil enfants-parents (Laep). Souvent gérées par des collectivités territoriales, ces structures permettent dans les territoires de bénéficier d'un lieu qui accueille, de manière libre et sans inscription, les parents et enfants de moins de 6 ans.

Par Lucile Bonnin

Pour la première fois en 2020, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) a conduit une enquête pour recueillir les données d’activité des lieux d’accueil enfants-parents (Laep) en 2018. Les résultats ont été dévoilés hier.

Inspirées du dispositif des maisons vertes créé par Françoise Dolto en 1979, ces structures permettent l’accueil d’enfants de 0 à 6 ans accompagnés d’un adulte référent (les parents) sans inscription préalable. « D’après le référentiel, les principaux objectifs de ces espaces sont de participer à l’éveil et à la socialisation de l’enfant, d’apporter un appui aux parents dans l’exercice de leur rôle par des échanges avec d’autres parents ou avec des accueillants » , peut-on lire dans l’étude. 

Les collectivités très impliquées 

En 2018, « les Caf ont participé au financement de 1 669 Laep – à hauteur de 11,7 millions d’euros, par le biais de la prestation de service dédiée » . En 2020, ce financement était de 15,6 millions d’euros, pour 1 725 Laep. Un chiffre à mettre en regard des 48 millions d'euros de coût global de fonctionnement de ces Laep, la différence étant financée par les communes qui portent à plus de 50 % en direct ces structures.

Depuis 2015, les Laep ont un référentiel, qui définit notamment les modalités pour bénéficier d’un financement de la Caf. Ce dernier couvre en moyenne 46 % du coût de fonctionnement. « Au moment du dépôt de sa demande de financement par la Caf, le gestionnaire du Laep doit construire un projet de fonctionnement où l’on retrouve des informations sur son environnement, l’origine et les objectifs du projet, les moyens humains et matériels mobilisés, les partenaires sollicités, le planning de service mentionnant les heures de fonctionnement… » 

C’est un sujet qui concerne particulièrement les collectivités. L’enquête montre que ces Laep sont « gérés par 1 375 gestionnaires : 46 % sont des associations, 46 % des collectivités locales (dont les établissements publics administratifs – ou EPA), 7 % des centres communaux d'action sociale (CCAS) et 1 % des Caf ».

Des structures mouvantes 

Un élément intéressant est soulevé dans cette étude. On sait que ces lieux peuvent être implantés sur un seul ou plusieurs sites. Ainsi, 38 % des Laep seraient « multisites »  c’est-à-dire soit itinérants (28 %) soit « en annexes locales »  (10 %). Les auteurs de l’étude indiquent que ces offres sont surtout présentes en milieu urbain puisque 60 % des sites y sont situés.

Un Laep itinérant est « une structure administrée par un gestionnaire unique qui étend son activité sur plusieurs sites d’accueil » . Par exemple, la Communauté d'agglomération Pays de Meaux a mis en place ce mois-ci ce type de service dans sept communes différentes. Dans le cas d’un Laep en « annexes locales », « un gestionnaire unique déploie son activité simultanément sur plusieurs sites. » 

Autre caractéristique intéressante soulevée dans l’étude : les locaux des Laep sont mutualisés à 84 % avec d’autres services. Ces accueils se font le plus souvent dans les relais petite enfance (RPE), les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), les Réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents (REAAP), les structures d’accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) ou encore les centres sociaux. Dans certains cas, même si cela reste plus rare, un partage des locaux est organisé notamment avec des associations qui proposent des activités municipales. 

Horaires, fréquentation et personnels 

À partir des questionnaires de 1 087 gestionnaires, il a été possible d’établir une sorte de portrait-robot d’un Laep. On y apprend notamment que « pour près de la moitié des Laep, les jours d’ouverture sont les jeudis (45 %) ou les mardis (43 %) »  et que « les séances se déroulent le plus souvent par demi-journée, principalement le matin (78 %). »  Ce type de lieu d’accueil fonctionne aussi sur un rythme hebdomadaire : 96 % des Laep proposent « une ouverture au public allant d’un à sept jours d’ouverture par semaine. » 

Concernant la fréquentation, l’enquête montre qu’en moyenne « sept familles sont accueillies au cours d’une séance. »  En 2018, on estime pourtant à seulement 4 % le nombre de familles avec des enfants de moins de 6 ans ayant fréquenté un Laep.

7,5 % de ces structures en 2018 ont accueilli, selon les résultats, « des publics spécifiques, majoritairement les enfants ou parents en situation de handicap, mais aussi des familles fragilisées : monoparentalité, pauvreté, incarcération, familles de réfugiés… ». 

Pour ce qui est de la constitution des équipes accueillantes, elles sont composées « à 83 % de salariés et à 17 % de bénévoles. »  Les résultats indiquent que les éducateurs de jeunes enfants sont présents dans 63 % des structures et que 44 % du personnel sont des professionnels de l’animation. 

Les effectifs de 2018 montrent qu’en moyenne le nombre d’accueillants est de 6,6 par structure. On sait cependant que le secteur de la petite enfance peine à recruter et que, par conséquent, ces résultats de 2018 ont probablement évolué. 

Mise en place d’une instance nationale

Pour mémoire, on peut rappeler qu'une instance nationale sur les Laep - co-pilotée par la Cnaf, la Caisse centrale de la MSA (CCMSA) et la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) - a récemment été installée. Celle-ci répond à plusieurs objectifs : évaluer la situation des Laep déjà créés, sur le plan financier et de l’offre de services ; capitaliser les pratiques innovantes ; renforcer leur visibilité auprès des familles, des professionnels et des gestionnaires ; accompagner la mise en œuvre des politiques publiques de soutien à la parentalité dans les territoires ; mais aussi établir des perspectives futures.

Représentée au sein de cette instance, l'AMF a souligné l’importance de la part de la Cnaf et de son réseau de Caf de soutenir davantage financièrement les initiatives relevant du soutien à la parentalité portées par les communes et intercommunalités.

 

Télécharger l'étude. 

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