Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 30 décembre 2002
Élus

L'inquiétante recrudescence des violences à l'égard du personnel politique

L'année 2002 a été violente pour le personnel politique. Outre le carnage de Nanterre, l'attentat commis contre Jacques Chirac le 14 juillet et la tentative d'assassinat de Bertrand Delanoë, la campagne électorale a été émaillée d'incidents aussi inédits qu'inquiétants. Alors qu'ils sillonnaient les routes de France, plusieurs candidats à l'élection présidentielle ont en effet été la cible d'agressions souvent bénignes, mais surprenantes à l'égard d'élus jusque-là préservés. Les deux têtes de l'exécutif en ont eux-mêmes fait les frais. Le 17 avril, le Premier ministre Lionel Jospin était ainsi arrosé de ketchup par deux jeunes plaisantins alors qu'il s'apprêtait à entrer dans la salle du parc d'expositions de Rennes, pour son dernier meeting avant le premier tour. Quelques semaines plus tôt, le président Jacques Chirac était aussi malmené par une dizaine de jeunes lors d'un déplacement à Mantes-la-Jolie. Alors que ceux-ci scandaient "Chirac, voleur!", le chef de l'Etat a dû regagner précipitamment sa voiture, sous les crachats. Les "petits" candidats n'ont pas été épargnés. Jean-Pierre Chevènement a eu droit à un "entartage" lors d'une visite au Salon du Livre à Paris le 24 mars, qui a valu à son auteur une condamnation pour "violences volontaires avec préméditation". Le président de l'UDF a subi la même mésaventure, le 13 avril à Rennes. "Bayrou, tête à claques!", scandaient les jeunes qui ont réussi à déjouer la surveillance des gardes du corps du candidat. Décidément bien malmené, François Bayrou avait giflé la semaine précédente un enfant de 10 ans qui lui faisait les poches lors d'une visite mouvementée du quartier de la Meinau à Strasbourg. Cette violence latente a atteint, à plusieurs reprises cette année, des dimensions tragiques. Le 27 mars, c'est tout un Conseil municipal qui est décimé lorsqu'un forcené, Richard Durn, ouvre le feu à la mairie de Nanterre (Hauts-de-Seine). Le carnage fait huit morts et 19 blessés, dont 14 graves. Maîtrisé par des élus, le forcené se suicide lors de sa garde à vue, après avoir expliqué aux enquêteurs qu'il "voulait exister une dernière fois avant de mourir" en tuant plein de gens. C'est également pour devenir célèbre que Maxime Brunerie, un jeune militant d'extrême droite, tire sur le chef de l'Etat lors du défilé du 14 juillet sur les Champs-elysée. Le coup de feu est dévié in extremis par des spectateurs, avant que la police maîtrise le tireur. Quelques semaines après, le Conseil des ministres décide de dissoudre le groupuscule d'extrême droite Unité radicale, auquel appartenait Maxime Brunerie. Le 6 octobre, c'est au tour du maire de Paris Bertrand Delanoë d'être blessé d'un coup de couteau dans les salons de l'Hôtel de Ville, où se déroulait la première opération "Nuit Blanche". Son agresseur, Azedine Berkham, placé en garde à vue, affirmera simplement qu'il n'aimait pas les hommes politiques et les homosexuels. L'agression vaudra à M. Delanoë six semaines de convalescence. Commis pour la plupart par des déséquilibrés sans réelle motivation politique, ces actes ont suscité un débat sur la sécurité des hommes politiques, conduits à adopter des mesures de protection renforcées. Alors que Bertrand Delanoë est désormais protégé par un garde du corps, les apparitions publiques de Jacques Chirac font également l'objet d'une sécurité accrue. Lors des cérémonies du 11 novembre, c'est ainsi un véritable mur de protection qui entourait le chef de l'Etat. Pas moins de 2 000 fonctionnaires en tenue et 250 en civil étaient mobilisés pour surveiller la foule.

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