Maire-info
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Édition du jeudi 12 septembre 2013
Interview

Patrick Kanner : «  il faut espérer que les CCAS aient toujours les moyens d'intervenir »

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La 5e édition du baromètre annuel de l'action sociale locale dévoilée ce matin confirme l'augmentation des demandes d'aides facultatives, avec une poussée continue des demandes d'aide financière pour le logement (loyer, énergie). Le baromètre souligne aussi cette année un renoncement aux soins de plus en plus inquiétant de la part des jeunes et des personnes âgées. Président du conseil général du Nord et de l'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale, qui tiendra son congrès les 1er et 2 octobre prochains, Patrick Kanner commente pour Maire info ces dernières tendances.

Le baromètre parlait l'an dernier de CCAS « au pied du mur », aujourd'hui « d'amortisseur social ». La situation ne s'améliore donc pas ?
Je ne vois pas de signe flagrant d'amélioration de la situation pour les personnes en pauvreté ou en grand pauvreté. La problématique de l’emploi reste l'élément déterminant de la situation.

Si les trois quarts des CCAS ont augmenté leur budget d’aides facultatives entre 2009 et 2013, dans deux cas sur dix, cela s'est passé au détriment d’autres dépenses (structure, personnel, etc.). Cela vous inquiète-t-il ?
Le principal financeur du CCAS est la commune. La diversification des recettes des CCAS est une vraie question. Les CCAS ont une forte pression dans un contexte où les départements ont dû verrouiller leurs cofinancement. Les CCAS sont donc dos au mur, et ils assument une partie du système d'amortisseur social qui évite l'explosion. Il faut espérer qu'ils aient toujours les moyens d'intervenir. Je prends l'exemple de l'aide apportée aux jeunes ou aux personnes âgées pour qu'ils ne renoncent pas aux soins : en intervenant aujourd’hui, c'est de la réparation sociale à faire en moins demain. On parle trop souvent de dépenses sociales quand il faudrait parler d'investissement. Or les CCAS ont créé et portent de multiples services sociaux et d'emplois.

Un tiers des CCAS a vu augmenter les demandes d’aides relevant de dispositifs gérés par d’autres acteurs. Qu'est-ce que cela traduit ?
Que nous sommes la dernière bouée de sauvetage dans la chaîne de la solidarité.

Le non-recours aux droits et aux aides est une nouvelle fois identifié comme « très important ». Comment y pallier ?
La territorialisation de l'action sociale publique est une partie de la réponse pour faciliter l'accès aux droits. C'est aussi pourquoi nous militons contre la proposition de loi Doligé qui rend les CCAS facultatifs en deçà de 1500 habitants. Nous reconnaissons qu'il y a de nombreuses zones blanches de CCAS, mais ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on règle la question.
Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser

Télécharger le baromètre 2013 de l’action sociale locale.

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