Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 4 juillet 2014
Interview

Jacques Pélissard : « J'ai demandé à François Baroin d'être candidat à la présidence de l'AMF »

Maire-Info
© D.R.
Jacques Pélissard, député-maire de Lons-le-Saunier et président de l’AMF depuis dix ans, a décidé de ne pas se représenter à la présidence de l’association en novembre prochain. Il dit pourquoi à Maire info et explique son choix de demander au maire de Troyes, François Baroin, d’être candidat à sa succession, « pour continuer d’assurer l’unité et le rassemblement de l’AMF », dans une période où lui paraît nécessaire « une union sacrée »  des maires. Mais Jacques Pélissard l’assure : d’ici novembre, il reste « à la barre », président de l’AMF « à 300 % ».

Vous venez d’annoncer que vous ne vous représenterez pas à la présidence de l’AMF en novembre prochain. La décision a-t-elle été difficile à prendre ?
Oui, c’est une décision qui a été difficile à prendre car tous les membres du bureau de ma sensibilité politique, et même au-delà, m’ont dit qu’ils avaient apprécié de travailler avec moi et souhaitaient que je me représente. J’ai eu à faire face à une vraie demande de tous bords de continuer à assurer les fonctions de président de l’AMF. C’est vrai que j’ai garanti, depuis que j’assume ces fonctions, l’unité de l’AMF en gardien vigileant de son pluralisme.
Je n’ai jamais défendu que les positions prises par le Bureau de l’AMF, une fois qu’elles étaient prises, et j’ai toujours fait preuve d’une rigueur intellectuelle totale qui, je crois, est reconnue par tous.

Qu’est-ce qui vous a décidé ?
D’abord, j’avais annoncé, en 2011, que c’était mon dernier mandat. Deuxièmement, j’ai 68 ans. Je considère que les élus en général doivent assurer un renouveau générationnel. Il n’est pas forcément bon, dans une époque qui évolue vite, que les élus s’enkystent trop longtemps dans des fonctions que les jeunes pourraient assurer. Mais cela suppose que ces élus qui laissent la place préparent leur relève !

Parlons relève, justement. Le nom de François Baroin est beaucoup cité depuis quelques jours. Vous confirmez cette information ?
Oui : j’ai demandé à François Baroin d’être candidat à la présidence de l’AMF, pour continuer d’assurer l’unité et le rassemblement de l’AMF. Sa personnalité et son parcours républicain plaident pour lui. Avec lui, il y aurait un réel renouveau générationnel. Ensuite, parce qu’il est président de l’association des maires de l’Aube et que j’ai eu l'occasion, lors de l'une de leurs assemblées générales, de voir qu'il oeuvrait dans l'esprit de l'AMF. En tant que membre du comité directeur de l’AMF, il sait comment fonctionne notre association. J’estime que c'est un bon choix.

André Laignel a fait part de son intention de présenter une sorte de « ticket »  commun avec M. Baroin au prochain congrès, qu’en pensez-vous ?
André Laignel et les élus de sa sensibilité politique se réuniront et en discuteront le 10 juillet. Je ne peux pas me faire l’interprète de ses intentions. Pour ce qui me concerne, les choses sont claires : vue la situation des communes aujourd’hui, vue la baisse considérable des dotations d’État, il est indispensable d’opposer un front uni des maires face à ces politiques gouvernementales qui sont mal préparées et dangereuses. Oui, il faut une union sacrée des maires ! J’ai toujours œuvré dans ce sens et je vais continuer à le faire. L'union fait la force. 

Certains soulignent déjà que, lorsqu’il était ministre du Budget, François Baroin avait été à l’origine de la baisse des dotations. Votre réaction ?
Non, pas de la baisse mais du gel. À l’époque, nous avions bien sûr trouvé cela sévère mais le gel, ce n’est certes pas plus d’argent, mais ce n’est pas moins ! Alors qu’aujourd’hui, nous sommes passés du gel à une amputation des dotations de l’État. À l’époque, j’avais dit que les maires n’étaient pas « les quémandeurs maximalistes de dotations de l’État financées par le déficit budgétaire ». Les maires sont des hommes et des femmes responsables et raisonnables. Là, ce qui inacceptable, c’est l’effet ciseau : moins de dotations et des charges nouvelles toujours plus lourdes. Sur ce sujet, il faut absolument une inversion de la politique gouvernementale.

Et d’ici novembre, que va-t-il se passer ?
Je reste président de l’AMF à 300 %, aux commandes d’une association rassemblée. J’ai des dossiers qui me passionnent tout particulièrement comme celui des communes nouvelles que je pousserait jusqu'au bout. Le deuxième dossier est celui de l’Agence de financement des collectivités locales – l’Agence France locale. Je reste aussi à la manœuvre sur le sujet des rythmes scolaires. Je viens de relancer Benoît Hamon sur son fonds de soutien aux communes pour le passage aux quatre jours et demi. La pérennisation de ce fonds a été annoncée, mais pas son montant. Au contraire, l'Etat prélève de l'argent sur la CNAF qui était destiné aux communes.
Il faut malheureusement se battre sur tous les fronts. Je reste fermement à la barre dans cette période difficile.
Propos recueillis par Christine Nemarq et Franck Lemarc

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