Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 18 novembre 2020
Catastrophes

Inondations aux Antilles : quelles mesures d'urgence ? 

C’est une catastrophe qui passe relativement inaperçue, en métropole, du fait de l’actualité liée à l’épidémie. Mais depuis une douzaine de jours, la Martinique et la Guadeloupe sont frappées par des pluies particulièrement intenses qui ont ravagé une partie des réseaux routier et d’eau potable. Le sujet est arrivé à l’Assemblée nationale hier, lors de la séance de questions au gouvernement.

Mairies « acculées » 
Routes effondrées, arbres tombés bloquants les voies, inondations, glissements de terrain… C’est une situation particulièrement difficile que connaissent les habitants des deux îles, et en particulier ceux du nord de la Martinique, depuis qu’a commencé un épisode de pluies intenses le 5 novembre, et dont on peut penser qu’elle ferait certainement davantage la une des médias si elle se déroulait en métropole. En Martinique, quatre routes départementales ou nationales essentielles sont totalement interrompues, et sept « peu praticables », selon la collectivité territoriale. Une quinzaine d’établissements scolaires ont dû fermer face à la montée des eaux. Et, plus grave encore, 55 000 habitants de l’île sont privés d’eau potable à ce jour, selon le chiffre donné hier par le gouvernement. Un homme est mort, emporté par les eaux, à Sainte-Marie. 
Lors de la séance de questions au gouvernement, hier, à l’Assemblée nationale, le député martiniquais Serge Letchimy a interpellé Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer. L’ancien maire de Fort-de-France a d’abord demandé au ministre si les arrêtés de catastrophe naturelle pour les communes concernées seraient pris en urgence (comme cela a été le cas récemment pour les communes frappées par la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes). Mais il a surtout, sur le fond, posé la question récurrente de l’application de la politique du risque naturel dans les outre-mer, où de nombreuses particularités rendent inefficaces les dispositifs pourtant valides en métropole. Serge Letchimy a ainsi rappelé que « 40 % des habitations aux Antilles ne sont pas assurées, que 20 % des activités sont dans l’informel et qu’aux termes du régime assurantiel en vigueur, les dommages corporels ne sont pas indemnisés : (…)  que le fonds de secours d’urgence pour les non-assurés et les collectivités n’est doté que de 10 millions d’euros pour l’ensemble des outre-mer – nous connaissons par ailleurs les difficultés d’accès au fonds Barnier – et que les mairies concernées, vu l’étendue des dégâts, se trouveront acculées budgétairement ». 

Des mesures… un jour
Le ministre a répondu clairement sur le caractère urgent des arrêtés de catastrophe naturelle : « La réponse est oui. Cet après-midi même, les dossiers déposés par les communes sont examinés par la Direction générale de la sécurité civile. »  Il a cité les cinq communes qui avaient déposé une demande de reconnaissance en état de catastrophe naturelle (Ducos, Gros-Morne, Sainte-Marie, Le Marigot, Le Robert et La Trinité) et précisé que « sept communes »  seront également concernées en Guadeloupe, sans les citer. Le fonds de solidarité pour l’outre-mer « pourra être sollicité pour les différents biens qui ne sont pas assurés », a affirmé le ministre.
Sur la question de l’indemnisation des victimes et de l’inadéquation des dispositifs aux spécificités des outre-mer, Sébastien Lecornu s’est hélas montré moins précis. Il a rappelé que le projet de loi maintenant appelé « 4D »  (décentralisation, différenciation, déconcentration, décomplexification) comporterait « un titre spécifique à l’outre-mer », et qu’il « souhaite »  qu’y soient incorporées des mesures « découlant des travaux menés sur les risques majeurs naturels en outre-mer ». Outre que l’on ne connaît pas le détail de ces « mesures »  souhaitées par le ministre, le calendrier envisagé pour ce texte ne permet pas d’espérer une adoption avant l’automne prochain, au mieux – certains étant même persuadés que le projet de loi ne verra pas le jour avant la fin du quinquennat. 
Dans tous les cas, les outre-mer et leurs communes devront donc attendre, alors que la fréquence et la violence des événements climatiques ne font qu’accélérer. 

Franck Lemarc

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