Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 3 juillet 2013
Gouvernement

Delphine Batho remplacée par Philippe Martin

C’est la deuxième ministre de l’Écologie à être limogée en un peu plus de douze mois : après Nicole Bricq en juin dernier, remerciée pour avoir voulu suspendre les forages d’un grand groupe pétrolier au large de la Guyane, c’est Delphine Batho qui a vu hier le président de la République mettre fin à ses fonctions, « sur proposition du Premier ministre », précise l’Élysée.
La crise s’est nouée et dénouée très rapidement : lundi, les arbitrages du gouvernement en matière de budget des ministères étaient rendus publics dans le rapport d’information de Christian Eckert (lire Maire info du 1er juillet). On apprenait alors que le ministère le plus touché par les restrictions budgétaires était celui de l'Écologie, du Développement durable et de l’Énergie – avec une diminution de ses crédits de 7%. La ministre apprenait également le même jour que le programme d’investissements d’avenir du gouvernement n’en prévoit aucun qui soit lié à l’écologie.
Dès le lendemain, Delphine Batho a jugé, sur RTL, le projet de budget 2014 « mauvais », et rappelé la volonté exprimée par le président de la République, en septembre dernier, de faire de la France « la nation de l’excellence environnementale ». Elle demandait alors aux chefs de l’exécutif ne montrer que « la question de l’écologie »  n’est pas « une variable d’ajustement ».
Ce sont ces propos, rompant la solidarité gouvernementale, qui ont valu à la ministre d’être « convoquée »  l’après-midi même à Matignon. Il lui a alors été demandé de retirer ses propos, ce qu’elle a refusé. Peu après, vers 16 heures, l’Élysée a publié un communiqué annonçant que Delphine Batho était remplacée par Philippe Martin.
Ce dernier, 59 ans, député et président du conseil général du Gers, est également vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale et membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée. Philippe Martin a fait tout une partie de sa carrière dans la préfectorale (il fut notamment préfet du Gers et des Landes).
Il a mené de longs combats dans son département pour tenter de faire interdire les expérimentations d’OGM en plein champ, ainsi que pour défendre l’agriculture biologique dans les cantines scolaires. Il passe pour un bon spécialiste des questions d’écologie au sein du Parti socialiste – ce qui n’était pas le cas, à sa nomination, de Delphine Batho, plus versée dans les questions de sécurité.
Ce changement à la tête du ministre de l'Écologie intervient à un moment difficile, alors qu’est en train de s’achever un Débat national sur la transition énergétique qui n’a pas déplacé les foules. Il reviendra à Philippe Martin d’en piloter la synthèse et de préparer la loi de programmation sur l’énergie prévue à l’automne. Mais bien d’autres dossiers brûlants attendent le nouveau ministre, de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à la fixation du prix de l’électricité, en passant par une éventuelle augmentation des prix du diesel, la fiscalité écologique, le déploiement des compteurs Linky, la fermeture de la centrale de Fessenheim ou la rénovation thermique. Tout cela, avec un budget amputé en 2014 de plus de 500 millions d’euros.
Les écologistes d’EELV ont exprimé leur colère après l’éviction de Delphine Batho, (le secrétaire national du parti écologiste, Pascal Durand, a regretté que ce ministère « serve de variable d’ajustement » ). Mais les écologistes ont décidé de ne pas remettre en question leur participation au gouvernement.
F.L.

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