Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 4 novembre 2004
Gens du voyage

Des Roms interdits de transports publics peuvent à nouveau emprunter la ligne qui mène au cœur de la ville de Lyon

Privés un temps d'autobus, pour des questions d'hygiène et parce qu'ils voyageaient en nombre, des Roms vivant dans un bidonville récemment poussé aux portes de Lyon peuvent à nouveau emprunter la ligne qui mène au cœur de la ville. Pour des "raisons sanitaires", ces demandeurs d'asile se sont vu refuser pendant six jours l'accès de la ligne 26, qui passe non loin de leur campement de Chassieu, dans la banlieue est de Lyon. La décision de reprendre la desserte a été prise lors d'une réunion en préfecture, à l'initiative des conducteurs. Les gendarmes ont ensuite organisé une médiation entre les intéressés et la société des transports en commun lyonnais (TCL). Mercredi, "le bus a circulé normalement, à une fréquence moyenne de 15 à 20 minutes", a précisé le porte-parole des TCL. Les conducteurs étaient cependant accompagnés d'agents de maîtrise des TCL, "une mesure transitoire", selon le syndicaliste. A partir de jeudi, la desserte sera plus fréquente aux heures de pointe du matin. "La présence en nombre de ces personnes dans un état sanitaire relativement dégradé posait depuis quelque temps des problèmes de confort pour les clients et pour les conducteurs", selon un porte-parole des TCL, Jacques Donati. Des conducteurs s'étaient plaints d'avoir retrouvé des poux sur leurs vêtements. "La question de l'hygiène est accessoire, elle a servi de détonateur", a déclaré à l'AFP Yves Gélibert, délégué syndical CGT des TCL. "C'est surtout le phénomène de groupe qui a créé une sorte de phobie, qui a fait que les usagers habituels ont quitté la ligne", a-t-il précisé. Le règlement du réseau des TCL prévoit qu'une personne peut se voir refuser l'accès à un autobus dès lors que sa tenue ou son comportement peuvent gêner les autres usagers. L'accès à l'autobus a d'abord été interdit puis son parcours a été limité, ne desservant plus le tronçon où montaient et descendaient les passagers indésirables. "Ce n'était pas une situation viable d'interdire le service public à une population déjà fortement précarisée", a commenté le délégué CGT. Une "médiation" s'est tenue dans le bidonville entre les gendarmes, l'Association lyonnaise pour l'insertion par le logement (ALPIL) et une trentaine de Roms du camp. "Ils se sont engagés à fractionner leurs départs du camp, pas plus de cinq à la fois à l'arrêt de bus", a rapporté Laurent Annequin, commandant de la compagnie de gendarmerie de Bron, qui assure le service d'ordre dans l'est lyonnais. "Ils se sont aussi engagés à payer leur transport et à ne pas importuner les voyageurs", a-t-il ajouté, précisant que les Roms étaient une quarantaine à emprunter le bus tous les jours. Plusieurs détiennent des cartes d'abonnement.<

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2