Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 8 avril 2021
Coronavirus

France urbaine demande « dès maintenant » à Emmanuel Macron une « concertation » pour la réouverture des lieux de culture

L'association de maires et d'élus de grandes villes, présidée par la maire de Nantes, Johanna Rolland, souhaite être associée à la préparation du calendrier de réouverture des salles de spectacle, théâtre et musées. Un calendrier qui, selon elle, pourrait varier d'une région à une autre, « en fonction de la crise sanitaire ».

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Emmanuel Macron avait conclu son allocution du 31 mars avec une échéance approximative : « Dès la mi-mai, nous recommencerons à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture, nous autoriserons sous conditions l’ouverture de terrasses et nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l’été, un calendrier de réouverture progressive pour la culture, le sport, les loisirs, l’événementiel et nos cafés et restaurants ». Une semaine plus tard, 61 maires de grandes villes, tous membres de France urbaine, demandent, dans une « lettre ouverte » datée d’hier, des perspectives plus précises au président de la République. 

Une « concertation »  dès maintenant 

Les salles de spectacle, les théâtres et les musées sont fermés au public, pour rappel, depuis le 30 octobre 2020. Il y a bientôt six mois. « Cette situation dure depuis de longs mois, et ne peut être supportable que si elle est assortie de lignes d’avenir ». C’est pourquoi, écrit l’association présidée par la maire de Nantes (Loire-Atlantique) et présidente de Nantes Métropole, Johanna Rolland, « il est urgent d’envoyer au monde de la culture des signes forts, c’est-à-dire une méthode de travail qui stabilise des perspectives à court, moyen et long terme ». 
Cette méthode de travail, poursuivent les élus, « doit passer par un travail de concertation visant à anticiper et préparer la reprise culturelle, tout en veillant à l’accompagnement pérenne des structures et acteurs de la culture ». La concertation, évoquée par les élus, « doit associer l’État, les professionnels de la culture et les associations représentant les collectivités territoriales, dont France urbaine ». Et débuter « dès maintenant »  afin que la « sortie de crise culturelle »  puisse « se faire de manière coordonnée et sereine ».
Dans cette concertation, les élus plaideront notamment l’idée selon laquelle la reprise de la programmation culturelle et la réouverture des équipements culturels pourraient être envisagées selon un calendrier différent d’une région à une autre, « en fonction de la situation sanitaire du territoire ».

Éviter que la détresse des professionnels « se mue en colère » 

Pour le deuxième été consécutif, lumières des projecteurs et sonos resteront éteintes dans de nombreuses terres d’accueil des festivals estivaux. Après Solidays (Paris), Helfest (Loire-Atlantique) ou Garorock (Lot-et-Garonne) notamment, c’était au tour des « Eurockéennes »  (Territoire de Belfort) d’annoncer, il y a une semaine, que son édition 2021 ne se tiendrait pas. Principale cause de ces décisions lourdes aux sens économiques et psychologiques pour de nombreux professionnels, le cadre fixé par le gouvernement pour l’organisation de festivals cet été : 5 000 personnes maximum, assises et distanciées. 
Les élus de France urbaine craignent que, sans perspectives, « la très grande détresse des professionnels de la culture, de plus en plus vive chaque jour, se mue progressivement en amertume puis en colère (...) Les occupations d’établissements culturels se multiplient dans nos villes (le théâtre de l’Odéon, par exemple, à Paris) autour de revendications qui, chaque jour davantage et de manière de plus en plus imbriquée, vont s’élargissant, de la réouverture des équipements culturels à d’autres types de mobilisations ». . 
Les 20 millions d’euros d’aides supplémentaires (30 millions d’euros avaient été mobilisés pour « l’emploi artistique »  dans le plan de relance), annoncés le 11 mars par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, ne suffiront sans doute pas à endiguer la contestation. Cinq partis de gauche ont, dans ce contexte, demandé, hier, à Emmanuel Macron de prolonger les droits et indemnités des artistes et intermittents du monde culturel, durement touchés par la crise sanitaire, jusqu’en 2022. « Parmi les secteurs les plus durement touchés, le secteur culturel n'en finit pas de panser ses plaies et de se chercher un horizon, tandis qu'en cette période si difficile, la culture est une nécessité absolue », écrivent EELV, Génération.s, le PCF, le PRG, le PS et Place publique, dans une déclaration commune.

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