Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 4 février 2003
Fonction publique

Retraites : Jean-Pierre Raffarin est favorable à une harmonisation «progressive» des statuts du privé et du public mais exclut un retour à 37,5 annuités pour tous, une mesure «non finançable»

Jean-Pierre Raffarin, en présentant lundi la réforme des retraites comme "progressive" et "ajustable", a souhaité laisser de nombreuses options ouvertes, confirmant que le gouvernement n'entendait pas affronter les salariés, dont la mobilisation s'est exprimée avec force le 1er février à l'appel de l'ensemble des syndicats. Le Premier ministre, qui s'exprimait devant le Conseil économique et social, a d'abord voulu rassurer en insistant sur "le maintien d'un système par répartition" et en assurant que "ceux qui sont déjà à la retraite ne sont pas concernés par la réforme". "J'ai entendu le slogan « sauvons la répartition ». Moi aussi je signe la pétition", a-t-il dit, répondant indirectement aux inquiétudes des centaines de milliers de personnes descendues dans la rue samedi. Mais, ces grands principes une fois posés, le Premier ministre a voulu montrer que la souplesse est de mise dans cette réforme, qu'il a définie comme "progressive" et "ajustable". Ainsi, le nouveau système se mettra en place "sur plusieurs années" et doit être "vivant pour pouvoir faire face aux évolutions", a-t-il poursuivi. Il a évoqué la possibilité d'instaurer une sorte de clause de revoyure "sur la base d'un suivi auquel seraient partie prenante les partenaires sociaux", en souhaitant que les ajustements soient redéfinis "par exemple tous les cinq ans". Concernant les moyens d'action, Jean-Pierre Raffarin n'a fermé aucune porte. Après avoir énuméré les trois facteurs sur lesquels "repose tout système de retraite" (niveau des cotisations, durée de cotisation et niveau des pensions), il a affirmé que "faire peser tout le poids de la réforme sur un seul de ces leviers n'aurait pas de sens" et que "l'ensemble des paramètres doit être sujet du dialogue social". Souhaitant débattre "de manière ouverte" sur la durée de cotisation dans la fonction publique, il a aussi formé le vœu d'"injecter davantage de liberté" dans le système. Ainsi, a-t-il expliqué, "ceux qui voudront partir plus tôt en retraite devront pouvoir le faire dans certaines limites, mais alors leur retraite en tiendra compte", et "ceux qui voudront travailler plus longtemps pour avoir des retraites plus importantes seront encouragés". Tout en réaffirmant son refus de considérer les fonctionnaires comme "des privilégiés", M. Raffarin s'est engagé sur un terrain miné en se montrant ouvert à un débat sur un allongement de leur durée de cotisations, actuellement de 37,5 annuités contre 40 dans le privé. Sur TF1, hier soir, il s'est dit "favorable à une harmonisation des deux statuts progressivement" en excluant un retour à 37,5 annuités pour tous, une mesure "non finançable". Par ailleurs, tout en rejetant les régimes par capitalisation, il a évoqué l'épargne volontaire comme pouvant donner à chacun "plus de souplesse pour choisir le niveau de sa retraite". Enfin, le Premier ministre a placé la problématique des retraites dans une perspective plus large, intégrant les difficultés du marché de l'emploi (qui pèse sur le nombre d'actifs et donc le niveau des cotisations) et la politique de la famille, susceptible de corriger les déséquilibres démographiques. Dans cette perspective, il a indiqué que "la réforme des retraites ira de pair avec un effort accru pour faciliter l'accueil de l'enfant", sujet qui sera évoqué lors de la prochaine Conférence de la famille. Jean-Pierre Raffarin a également annoncé la réunion prochaine par le ministre des Affaires sociales, François Fillon, d'une "conférence de mobilisation nationale pour la formation tout au long de la vie et l'emploi, en vue de mettre en place notamment l'assurance emploi que le président de la République a appelée de ses vœux". Une déclaration qui a suscité l'agacement du Medef, qui a rappelé que les partenaires sociaux étaient déjà en pleine négociation sur la formation professionnelle.

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