Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 28 avril 2022
Aménagement numérique du territoire

Fibre optique : des actes de vandalisme entraînent une panne générale dans plusieurs communes

Hier matin, des milliers de clients ont signalé aux opérateurs des dysfonctionnements au niveau de leur connexion internet. Ces ralentissements et coupures ont touché plusieurs grandes villes, essentiellement dans l'est. Ce sont des actes de vandalisme qui ont touché le réseau de fibre optique.

Par Lucile Bonnin

La pays a connu hier une panne géante d’internet. Des milliers de Français ont été déconnectés du réseau national de fibre optique.

Près de 10 000 signalements ont été rapportés pour l'opérateur Free dans l'ensemble de la France selon les chiffres rapportés par ZoneADSL dans des villes comme Grenoble, Strasbourg, Reims, Dunkerque, Calais... Le réseau SFR a aussi été touché mais dans une moindre mesure.

Il n’est pas rare de constater des problèmes de déconnexion dans les territoires depuis le début du chantier fibre. Néanmoins, ce type de panne d’une plus grande ampleur peut avoir des conséquences importantes pour les habitants. En effet, les câbles de fibre optique alimentent également les antennes-relais, qui fournissent la connexion internet des téléphones mobiles. 

Des actes de malveillance 

Hier, dans l’après-midi, Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques a diffusé l’information suivante sur Twitter : « Des coupures de câbles ont été confirmées en Île-de-France impactant le réseau fixe et mobile. » 

Plus tard dans la journée, des scissions nettes et propres ont été observées sur le terrain. Le ministère de l'Économie a confirmé à l'AFP que des « tuyaux sectionnés »  sont à l’origine du problème, ce qui pourrait correspondre à des « actes de vandalisme ». 

« Ce sont des câbles "longue distance" inter-régionaux qui passent le long des autoroutes, des voies ferrées et voies navigables, qui auraient été sectionnés volontairement en plusieurs lieux, notamment la liaison Paris-Lyon et Paris-Strasbourg » , rapporte l’AFP. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire et les investigations ont été confiées à la DGSI, le renseignement intérieur, et à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).

Un incident qui interroge dans le secteur des télécoms 

Si pour le moment aucune information n’est connue sur l’auteur de ces actes, cet évènement interpelle puisque ces câbles qui ont été touchés passent par des emplacements non communiqués au grand public.

Dans un communiqué de presse, Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des télécoms explique que « les actes de vandalisme de ce jour sur les réseaux de fibre optique sont inédits et totalement inacceptables. »  Ce dernier « condamne fermement ces actes de sabotage qui engendrent des désagréments considérables pour les entreprises et les citoyens de notre pays. » 
La Fédération française des télécoms réitère son appel au gouvernement pour « intensifier la lutte et la prévention contre ces actes de vandalisme et (…) durcir les sanctions pénales à l’encontre de leurs auteurs. » 

Les opérateurs font savoir que les connexions sont rétablies sur les zones touchées mais que les travaux de réparation sur les câbles « sont très lourds et se poursuivent toujours à l’heure actuelle. »  Il est également indiqué dans le communiqué que ces actes de vandalisme ne seront pas sans conséquence sur « l’exécution des chantiers vitaux du déploiement de la fibre optique, du New Deal Mobile et de la 5G. »  Affaire à suivre. 

Un travail de résilience 

Le président d’InfraNum (fédération qui réunit l'ensemble des industriels des infrastructures numériques françaises), Philippe Le Grand s’est aussi exprimé en réaction à cet incident. Via un communiqué de presse, il a insisté « une nouvelle fois sur la nécessité de lancer un grand plan de résilience des réseaux. » 

Ce type d’incident rappelle qu’il faut rapidement « réfléchir aux enjeux et moyens de cette résilience. »  La Fédération alertait déjà sur l’augmentation des actes de vandalisme et d’atteintes coordonnées, physiques ou cyber sur les réseaux fibre en mars dernier (lire Maire info du 24 mars)

« Dans ce contexte, la question de la réorganisation des dispositifs de gestion de crise ou de sécurisation des systèmes d’informations en présence d’une pluralité d’opérateurs et non plus d’un opérateur d’importance vitale unique sur le territoire se pose » , peut-on lire dans la contribution InfraNum « Trente propositions pour une France connectée et durable »  (lire Maire info du 10 mars). 

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2