Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 24 novembre 2020
Congrès des Maires de France

Face aux crises, les maires dénoncent « une recentralisation sans précédent »

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En ce jour où aurait dû commencer, à la Porte de Versailles à Paris, le 103e congrès des maires de France, les dirigeants de l’AMF ont donné une conférence de presse pour souligner « la mobilisation »  des maires dans les crises, mais aussi dénoncer une « recentralisation »  qu’ils jugent alarmante.

De profondes inquiétudes
François Baroin, président de l’AMF, André Laignel, premier vice-président délégué et Philippe Laurent, secrétaire général de l’association, se sont exprimés en direct sur Public Sénat, avec – comme traditionnellement lors de la séance d’ouverture du Congrès – la maire de Paris Anne Hidalgo. 
François Baroin a rappelé que les maires ont été « au premier rang pour protéger les Français »  depuis le début de la crise sanitaire, mais qu’ils ont toutes les raisons de s’inquiéter de « la dégradation de la situation financière des communes », liées aux dépenses nouvelles provoquées par la crise, aux pertes de recettes et aux « projets bloqués ».  Ils ont également souligné « l’iniquité »  de certaines mesures prises par le gouvernement – notamment sur la fermeture des commerces – que l’AMF demande, aujourd’hui encore, de « corriger ». Pour le maire de Troyes, l’un des « points faibles »  de cette séquence a été « le manque de territorialisation »  des dispositifs décidés par l’État. « Il y a une demande très forte de décentralisation. Nous voulons un dialogue responsable avec l’État », a souligné le président de l’AMF, qui a rappelé que l’association avait été la première à dénoncer l’impact de certaines mesures telles que la réforme des APL, la hausse des taxes sur les carburants… « Il faut que l’État se concentre sur ses missions régaliennes. Nous, nous avons des propositions dans le domaine de la santé, du médico-social, du tourisme, du sport, de la culture. » 
François Baroin s’est dit aussi « très inquiet sur les questions d’autofinancement ». « Une bonne partie de la relance passera par l’investissement public », que les collectivités portent à 70 %. « Si rien n’est fait, nous ne pourrons pas être au rendez-vous. » 
Anne Hidalgo, la maire de Paris, a, elle aussi, rappelé que « tous les maires de France, quelle que soit la taille de leur commune, ont agi dans cette crise. Nous sommes bien les sentinelles de la République, qui permettent à la République de tenir. »  Mais dans ces situations « hors norme », la maire de Paris estime qu’il est « essentiel que les élus locaux aient le pouvoir de décider sur leur territoire, qu’ils connaissent mieux que personne. On ne peut pas nous demander de faire toujours plus avec toujours moins ». 
Rappelant que pour la seule Ville de Paris, le coût de la crise sanitaire a été de « 800 millions d’euros », Anne Hidalgo a noté que les maires « n’ont aucun éclairage sur la façon dont ces dépenses seront traitées ». Alors que les investissements étaient prévus avant la crise, « nous avons besoin, pour boucler nos budgets, d’être au clair sur ces sujets ». 

« Le droit d’être exigeants » 
Très combatif, André Laignel a relevé que le pays vivait « depuis trois ans dans une crise permanente », face à laquelle les maires « sont souvent le dernier espoir des Français », quand l’État s’est montré « hésitant et imprévoyant ». « Nous assistons à une recentralisation sans précédent depuis 1983 », a fustigé le maire d’Issoudun, avec « le retour des tutelles, la nationalisation des impôts », le fléchage des dotations : « La libre administration est aujourd'hui une guenille, l'autonomie financière est devenue un fantôme », et les maires sont toujours « stigmatisés » : « On instille l’idée que les maires seraient faibles à l’égard de la laïcité. »  André Laignel a dit avoir le sentiment que « la crise est un prétexte au recul des libertés : moins l’État est présent sur les territoires, plus il a la tentation d’être autoritaire. » 
Le premier vice-président délégué de l’AMF a reconnu que les maires étaient « exigeants », mais estimé que « nous sommes, avec nos services municipaux, en première ligne, et cela nous donne le droit de l’être ».
Philippe Laurent, enfin, a voulu souligner « l’unité des maires de France » : « Unité d’analyse, unité dans l’inquiétude, unité dans l’engagement dans les services publics locaux ». Soulignant que « toutes les communes de France subissent les mêmes tensions », le maire de Sceaux a exprimé « la volonté farouche des maires de faire entendre leur voix », en tant que « partenaires incontournables de l’action publique ». 
La conférence de presse des responsables de l’AMF peut être visionnée sur le site de l’AMF.

Franck Lemarc


 

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