Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 12 novembre 2008
Environnement

Qualité des eaux autour des sites nucléaires: «Pas de préoccupation majeure», selon le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire

La qualité des eaux des nappes souterraines autour des sites nucléaires français ne soulève pas de préoccupation majeure, a indiqué, vendredi dernier, Henri Revol, le président du Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN) qui remettait son rapport au ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo. Un rapport commandé à la suite de la fuite de 30 mètres cubes d'une solution contenant de l'uranium (75 kg). Cette fuite, intervenue le 8 juillet dans l'usine Socatri sur le site du Tricastin à Bollène (Vaucluse), avait suscité l'inquiétude des populations. Pourtant, l'incident avait été classé au niveau 1 de l'échelle Ines (qui en compte 7). Jean-Louis Borloo a confirmé qu'une enquête épidémiologique va bientôt être menée autour de Tricastin. «Seuls sept sites présentent des marquages radioactifs», a résumé Henri Revol. Il s’agit de sites où les eaux souterraines sont marquées sur un plan radioactif: celui de la Hague, dans la Manche, avec l'usine de retraitement d'Areva et le site de stockage géré par l'Andra, les usines et laboratoires de recherche du CEA (Commissariat à l'énergie atomique) de Marcoule (Gard), Saclay (Essonne), ainsi que ceux rattachés à la direction des applications militaires de Valduc (Côte-d'Or) et Bruyères-le-Châtel (Essonne), et, enfin, les deux sites de la firme Areva à Veurey-Voroize (Isère) et Tricastin (Vaucluse). «Les radioéléments y sont à l'état de trace, très en dessous des normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).» Le terme de «marquage» a été préféré à celui de «pollution», compte tenu de l'extrême dilution de la radioactivité qu’on y constate. Le Haut Comité, qui n'a ni un rôle d'expertise ni de contrôle, a établi son diagnostic après avoir auditionné tous les acteurs: les industriels (EDF et Areva), l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). L'origine du marquage radioactif est en cours d'étude. Il provient le plus souvent «de la mauvaise gestion des déchets nucléaires», comme l'a noté l'IRSN dans un rapport publié en septembre suite à la fuite de Tricastin. «Dans les années 1950 à 1980, en effet, la réglementation était très laxiste. C'est ainsi que des déchets à faible ou moyenne activité ont été enterrés à même la terre. Ces entreposages sont connus, mais leur prise en charge est parfois problématique», a expliqué au Figaro (7/11) Monique Sené, présidente du groupe de travail qui a rédigé le rapport. Le Haut comité constate qu’il existe aujourd’hui des «fondements législatifs solides pour permettre information du public, transparence et concertation avec les parties prenantes.» Il constate cependant qu’il est «difficile, pour le public, d’appréhender la situation radioécologique des sites nucléaires et des anciens entreposages de déchets. Il existe en effet une information abondante et diversifiée, souvent disponible depuis longtemps; elle est cependant éparse, disparate, compartimentée et est, dans un certain nombre de cas, difficile d’accès.» Le Haut comité a fait 18 recommandations, notamment la création d'un portail Internet sur le nucléaire. Il souhaite aussi que le rôle des commissions locales d'information (CLI) soit renforcé. «Elles doivent être des aiguillons de la connaissance des risques associés au nucléaire autour des sites. Elles ont vocation à poser des questions et à demander des réponses.» Il souhaite aussi que des laboratoires agréés indépendants (universitaires ou associatifs) soient plus souvent sollicités. C'est là un des points faibles du système français hypercentralisé comparé à ses voisins européens. Pour accéder au rapport, voir lien ci-dessous (PDF, 377 Ko)

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