Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 21 juin 2004
Environnement

Epandage dans l'Aisne des boues d'épuration de la station d'Achères (Yvelines) : la polémique

L'autorisation préfectorale d'épandre dans l'Aisne des boues d'épuration de la station d'Achères (Yvelines) suscite, selon l’AFP, une polémique, et inquiète nombre d'agriculteurs qui les jugent potentiellement dangereuses et veulent un fonds de garantie pour parer à tout risque sanitaire. Issues du retraitement des eaux usées, ces boues sont utilisées depuis plusieurs années comme engrais sur certaines terres agricoles. Mais ce recyclage, bien que prétendument écologique dans un contexte où les autorités veulent sensibiliser l'opinion au "développement durable" - tenter de rendre compatibles économie, social et environnement -, n'est pas sans risque. Les boues peuvent contenir des résidus de métaux, des germes pathogènes, voire des antibiotiques qui pourraient polluer les sols ou contaminer les cultures. Les Verts de l'Aisne s'y opposent au nom d'un "principe de précaution total". Le conseil général a de son côté émis à l'unanimité un avis défavorable aux boues d'Achères en 2003, faute de traçabilité suffisante. En autorisant le 11 mai pour trois ans l'épandage annuel de 20 000 tonnes de boues de la station d'épuration d'Achères sur 8 500 hectares de surfaces agricoles, le préfet de l'Aisne Michel Pinauldt a donc ravivé l'inquiétude, notamment des agriculteurs qui craignent de devoir payer cher le coût d'éventuels dégâts sanitaires. "Ces boues ont une teneur trop forte en métaux lourds et sont trop riches en phosphore", estime Hubert Duez, président de l'Union des Syndicats agricoles de l'Aisne. Les Jeunes Agriculteurs de l'Aisne, qui ont manifesté leur mécontentement en déversant les boues d'Achères devant la préfecture début juin, espèrent "bloquer ces épandages" et convaincre leurs collègues de ne pas les utiliser, explique un porte-parole du syndicat, Marc Braidy. La décision préfectorale n'est toutefois que la régularisation d'une pratique qui existe depuis une vingtaine d'années. "Nous avions une pratique d'épandage de fait, non contrôlée", explique M. Pinauldt. "Avec cet arrêté, nous avons souhaité réglementer cette pratique, qui permet tout de même une revalorisation de nos eaux usées". L'épandage, dont le coût est entièrement pris en charge par la station d'épuration, est la solution de recyclage la moins onéreuse, par rapport au compostage, à l'incinération ou à l'enfouissement. Et elle permet aux agriculteurs de faire des économies en engrais. "Comme c'est gratuit, un agriculteur qui se trouve en difficultés financières est forcément tenté, mais il ne faut pas oublier le risque potentiel", met en garde M. Braidy. Il prend l'exemple des farines animales, responsables de l'encéphalopathie spongiforme bovine : "A l'époque, on ne savait pas que c'était dangereux, et ça nous a coûté très cher. Pour les boues, on ne sait pas encore ce que seront les conséquences". Le préfet, dont l'arrêté s'appuie sur l'avis favorable donné par le comité départemental d'hygiène, assure que la qualité de ces boues est garantie par des "contrôles réguliers". Les agriculteurs insistent, eux, sur la nécessité de mettre en place un fonds de garantie qui couvre les risques qu'ils encourent, une revendication laissée sans réponse jusqu'à présent. "On rend un service public en utilisant ces boues, alors ce n'est pas uniquement à nous d'assumer les risques", résume Marc Braidy.c=http:

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