Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 1er avril 2004
Départements

La fin de l'«ère Pasqua» dans les Hauts-de-Seine

L'«ère Pasqua» dans les Hauts-de-Seine prend fin jeudi avec l'élection d'un nouveau président du conseil général qui héritera d'un département modelé par la forte personnalité de ce gaulliste historique. Charles Pasqua, 77 ans, n'assistera pas à l'élection de son successeur qui devrait être, ainsi qu'il l'a souhaité, Nicolas Sarkozy. Lundi, devant tous ses collaborateurs réunis une dernière fois, il n'a pas réussi à cacher son émotion quand la chorale du département a entonné des chants corses. Toutefois, ce départ de Nanterre ne marquera pas la fin du long parcours politique de Pasqua qui sera encore candidat aux élections européennes du 13 juin et sans doute aux sénatoriales du 26 septembre. Mais renoncer à la présidence du "92" est un pas important vers sa sortie de la scène politique. Entré dans la Résistance en 1943, à 16 ans, Charles Pasqua a suivi ensuite Charles de Gaulle, le chef de la France libre. Après la guerre, il fait carrière chez Ricard mais revient à la chose publique en 1958 avec le retour au pouvoir du général de Gaulle. Membre fondateur des formations gaullistes UNR, UDR, puis du RPR avec Jacques Chirac, Charles Pasqua fut dans les années 1960 l'un des animateurs du service d'action civique, le SAC, un service d'ordre parallèle destiné à lutter "par tous les moyens" contre les partisans de l'Algérie française. Il choisit les Hauts-de-Seine pour se lancer dans la vie politique. Député de Levallois-Perret en 1968, il préside une première fois le département de 1973 à 1976 avant d'en devenir sénateur en 1977. Ministre de l'Intérieur de Chirac de 1986 à 1988, lors de la première cohabitation, il reprend la présidence des Hauts-de-Seine en 1988 et la conservera pendant seize ans. S'appuyant sur un budget qui atteint 1,5 milliard d'euros, il s'est construit un véritable réseau d'influence, national et international, occulte ou non. Dans le département, Charles Pasqua a favorisé la montée d'une nouvelle génération d'hommes et femmes politiques : Patrick et Isabelle Balkany (Levallois-Perret), Patrick Devedjian (Antony), Patrick Ollier (Rueil-Malmaison) mais aussi... Nicolas Sarkozy (Neuilly-sur-Seine) qui, en 1983, âgé de 28 ans, lui souffle la mairie de Neuilly. Fidèle à la doctrine gaulliste, Charles Pasqua préserve ses adversaires communistes, n'hésitant pas récemment à dire sa satisfaction de voir le PC "retrouver sa fonction tribunicienne". Innovateur, passionné de la chose publique et de l'Etat, Pasqua a donné au département un visage et une personnalité, permettant à ses 36 communes d'exister face à la capitale. Privilégiant le social, au détriment du logement selon ses détracteurs, il crée aussi une faculté privée, le Pôle Leonard de Vinci dont le coût, 300 millions d'euros jusqu'à présent, a suscité de nombreuses critiques. Tout en s'affrontant régulièrement à Jacques Chirac pour dénoncer l'abandon des valeurs du gaullisme puis le Traité de Maastricht en 1992, il est encore ministre de l'Intérieur de 1993 à 1995 dans le gouvernement Balladur. Co-listier de Philippe de Villiers, ils obtiennent 13% aux européennes de 1999 devant la liste RPR-DL et fondent l'éphémère Rassemblement pour la France.c=http:/

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