Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 22 juin 2021
Élections

Départementales : une abstention qui a empêché l'élection de certains candidats

Occultées par les enjeux jugés plus « nationaux » des élections régionales, les élections départementales ont été presque totalement gommées du traitement médiatique de ce double scrutin. Malgré l'absence, ce matin encore, de résultats nationaux délivrés par le ministère de l'Intérieur, les mêmes tendances se dégagent aussi bien aux départementales qu'aux régionales. 

Par Franck Lemarc

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Les élections départementales n’ont, naturellement, pas attiré davantage d’électeurs que les élections régionales : ou les électeurs ne se sont pas déplacés ou, quand ils l’ont fait, cela a été, dans la grande majorité des cas, pour voter aux deux scrutins. Il n’y a que 0,4 % de différence de taux de participation entre les deux scrutins (32,9 % pour les départementales, 33,3 % pour les régionales).
Mais le taux extrêmement élevé de l’abstention a eu une conséquence particulière pour l’élection des conseillers départementaux : en effet, le Code électoral dispose qu’un binôme de candidats ne peut être élu dès le premier tour, même s’il a obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés, s’il n’a pas atteint un certain quorum d’électeurs. 

Candidats majoritaires mais non élus

Il faut en effet réunir deux conditions, cumulatives, pour être élu dès le premier tour des départementales : obtenir au moins la majorité absolue des suffrages exprimés, mais également un nombre de suffrage égal à au moins 25 % des électeurs inscrits. 
Dans ces conditions, un bon nombre de binômes qui avait certes obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés, n’a pu être élu, faute d’avoir franchi la barre des 25 % des inscrits. Il s’agit même de la grande majorité des binômes ayant obtenu la majorité absolue : selon divers chiffres compilés dans la presse, quelque 700 binômes ont dépassé les 50 % (sur 2028 cantons), mais un peu plus de 600 d’entre eux n’ont pas été élus, étant restés sous la barre des 25 % d’inscrits. Cas extrême : dans certains cantons, les binômes ont obtenu 100 % des voix, étant seuls candidats, mais n’ont pas été élus pour les mêmes raisons ! C’est le cas, par exemple, du binôme LR qui s’est présenté dans le canton de Delle (Territoire de Belfort), qui a recueilli 100 % des suffrages exprimés mais seulement… 22,6 % des votants. 
Plusieurs personnalités nationales ont été concernées par cette situation : Marine Le Pen dans le deuxième canton d'Hénin-Beaumont (61 % des exprimés, 19,66 % des votants), ou de Gérald Darmanin dans le deuxième canton de Tourcoing (54 % des exprimés, 19 % des inscrits). 
Il y aura donc un second tour dans ces quelque 600 cantons. Lors de ce second tour, il n’y a pas de quorum : même si la participation reste très faible, le binôme qui a recueilli le plus grand nombre de voix est élu, quel que soit le taux de participation. 
En revanche, dans un peu moins de 120 cantons, il n’y aura pas de second tour, les binômes ayant été élus dès le premier. 

Presque aucune triangulaire

Le second tour concernera donc environ 1 900 cantons. L’abstention a eu également un impact déterminant sur le nombre – extrêmement faible cette année – de triangulaires. En effet, contrairement aux régionales où il suffit d’obtenir 10 % des suffrages exprimés pour pouvoir se maintenir au second tour, aux départementales, il faut pour se maintenir avoir obtenu 12,5 % des voix des inscrits. (Si aucun binôme n’atteint ce seuil, seuls les deux binômes arrivés en tête sont qualifiés pour le second tour). 
Résultat : alors qu’en 2015 il y avait eu près de 300 triangulaires, il n’y en aura dimanche prochain que deux. 

Les grands équilibres après le premier tour

C’est la droite qui sort gagnante de ce premier tour. Selon les différentes estimations, la droite arriverait en tête dans quelque 800 cantons, contre 700 pour la gauche. Une répartition géographique assez nette se dessine : la gauche est majoritaire dans la très grande majorité des cantons du quart sud-ouest du pays, tandis que la droite se taille la part du lion sur le reste du territoire. 
Les binômes de la majorité présidentielle (LaREM ou MoDem) sont en tête dans un peu moins de 7 % des cantons.
Le Rassemblement national, qui est en tête dans 72 cantons, garde ses fiefs (sans en conquérir de nouveaux), dans l’Aisne, le Nord, la Somme, le Vaucluse, le Var, le Gard… 
Quant au Parti communiste français, s’il reste en tête dans plusieurs cantons où il fait historiquement des scores élevés (région parisienne, Allier, Seine-Maritime), il est menacé de perdre le dernier département qu’il dirigeait encore, le Val-de-Marne. Signe des temps : le PCF n’est pas arrivé en tête dans un seul canton de la Seine-Saint-Denis, département qu’il a dirigé pendant des décennies et où il faisait, naguère, ses plus gros scores. 

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