Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 3 juin 2020
Déconfinement

Déplacements, école, santé, relance : les députés interrogent le gouvernement

Le Premier ministre et les membres du gouvernement ont eu l’occasion de répondre, hier, lors de la séance de questions à l’Assemblée nationale, à plusieurs interrogations des députés sur le déconfinement. Le Premier ministre a notamment annoncé un recul sur la question des déplacements en Corse, qui s’est concrétisé, dès ce matin, par la publication d’un décret.

Corse
C’est Philippe Vigier, député Libertés et Territoires de l’Eure, qui a interpellé le Premier ministre sur la question de la Corse : le décret paru le 1er juin interdisait en effet les déplacements aériens entre la Corse et le continent, dans les deux sens, sauf motif impérieux. Relayant la colère des élus corses et des professionnels du tourisme, le député a demandé si le gouvernement envisageait de revenir sur cette mesure « incompréhensible »  qui « met à mal »  l’économie très touristique de l’île, à la veille de l’été. Le Premier ministre n’a pas même fait mine de défendre cette mesure : « Vous avez parfaitement raison : le décret sera corrigé dans le bon sens dès ce soir. »  Aussitôt dit, aussitôt fait : un décret paru au Journal officiel ce matin supprime la mention de la Corse dans le décret du 1er juin – pour ce qui concerne le transport aérien uniquement.

École
Répondant toujours à Philippe Vigier, qui l’interrogeait sur les conditions de la rentrée scolaire, le Premier ministre a déclaré que la stratégie du gouvernement consiste d’abord à essayer d’identifier, dans la mesure du possible, les « décrocheurs », « ceux qui dans chaque classe ont le plus besoin de renouer (le) lien physique ». Ce n’est que dans « un deuxième temps »  que le gouvernement réfléchira à la manière (et au moment) de « desserrer l’étau des conditions sanitaires d’accueil dans les écoles, sans risque et progressivement ». Il est encore trop tôt pour évoquer avec précision les conditions de la rentrée scolaire, qui sera « une grande affaire donnant lieu à un travail intensif en lien avec les élus locaux, évidemment intéressés par les arbitrages qu’il faudra faire. » 

Santé
Delphine Bagarry, députée des Alpes-de-Haute-Provence du tout nouveau groupe Écologie, démocratie, solidarité, a interrogé le gouvernement sur le « Ségur de la santé », se demandant si lors de ces discussions « toutes les voix seront entendues ». « Comment s’assurer que la voix des territoires sera bien entendue ? Comment s’assurer que la voix des collectivités, en première ligne pour aplanir les tensions territoriales de l’offre de soins, soit entendue ? Je pense en particulier aux maires, qui se mobilisent pour créer des centres de santé communaux. »  La réponse du secrétaire d’État Adrien Taquet a été fort générale, et donc peu rassurante sur ce terrain. « Les membres du Comité Ségur national qui n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer au moment de son installation pourront le faire lors des prochaines réunions, qui se tiendront chaque semaine. Comme la tradition le permet, des contributions écrites pourront alimenter la réflexion et l’élaboration du plan. »  Aucune réponse, donc, sur les intentions du gouvernement en matière de gouvernance de la santé, demain, et en particulier sur la demande exprimée par l’AMF de rétablissements des conseils d’administration des hôpitaux locaux avec présidence des maires (lire Maire info du 28 mai).

Bâtiment
Thibault Bazin (LR, Meurthe-et-Moselle) a voulu « tirer la sonnette d’alarme »  sur la situation du secteur du bâtiment : « Les pertes s’accumulent, et la reprise ne se fait que progressivement et trop partiellement. »  Le député a donc réclamé non seulement des mesures de « partage »  des surcoûts imputables à l’épidémie, mais aussi de « soutien aux investissements locaux et à la commande publique ». Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a reconnu que ce secteur a été « à l’arrêt »  puisque 85 % des chantiers ont été interrompus, et que les règles sanitaires en vigueur lui font perdre « 25 à 30 % de productivité ». Il a assuré que le troisième projet de loi de finances rectificative comprendra « des mesures pour prendre en charge ces surcoûts ». Il a également évoqué le plan de soutien « massif »  à l’investissement des collectivités locales, parlant de « plusieurs milliards d’euros »  – le Premier ministre, lui, n’a évoqué qu’un seul milliard d’euros de rallonge à la Dotation de soutien à l’investissement local (Dsil). Cette réponse n’a pas convaincu le député, qui a notamment demandé le passage de 10 % à 5,5 % de la TVA pour les travaux de rénovation.

F.L.

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