Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 30 mars 2009
Décentralisation

95,2% des Mahorais votent pour que Mayotte devienne un nouveau département français en 2011

Sans surprise, les habitants de Mayotte ont massivement voté «oui» dimanche pour que leur île devienne le 101e département français et le cinquième DOM, dernière étape d'un long processus dont ils espèrent qu'il leur garantira stabilité et amélioration du niveau de vie. Au terme du dépouillement, le «oui» l'a emporté à 95,2% contre 4,8% pour le «non», selon la préfecture. Nicolas Sarkozy a salué dans un communiqué «un moment historique pour Mayotte et pour les Mahorais». Le président a fait valoir que la départementalisation serait «une réussite si cette nouvelle étape de l'histoire de Mayotte s'inscrit dans la durée et ne bouleverse pas les équilibres économiques et sociaux de ce territoire». A cet égard, il a prévenu que «l'évolution institutionnelle se fera donc progressivement sur la base du "Pacte pour la départementalisation", accepté par les élus de Mayotte, qui décrit le chemin qui reste à parcourir». Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, faisait part de sa «satisfaction», et le ministre délégué à la Coopération, Alain Joyandet, y voyait «un oui à la France». La ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer, Michèle Alliot-Marie, a pour sa part souligné «que la départementalisation avait pour but de conforter la place de Mayotte dans la République». Seule insatisfaction pour les élus locaux, qui ont tous fait campagne pour le «oui», le taux de participation de 61,02% est loin du raz-de-marée qu'ils espéraient. Mayotte compte 186.452 habitants, dont un tiers en situation irrégulière. «Cette campagne n'avait pas d'adversaires. Beaucoup de gens ont pensé que les résultats étaient gagnés d'avance et n'ont pas jugé bon de se déplacer», a déclaré le président UMP du conseil général, Ahmed Attoumani Douchina. Le passage du statut de «collectivité départementale» en département d'outre-mer, qui devrait être effectif en 2011, est la dernière étape d'un processus entamé en 1974, lorsque Mayotte a choisi de rester française alors que les trois autres îles de l'archipel comorien optaient pour l'indépendance. Avec un PIB trois fois inférieur à celui de La Réunion, mais neuf fois supérieur à ses voisins immédiats, Mayotte espère aussi tirer de nouveaux bénéfices de la départementalisation. Son secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer Yves Jégo a affirmé qu'il était en train de travailler avec une compagnie aérienne pour qu'il y ait des «vols réguliers directs Paris-Mayotte» avant la fin de l'année. A l'heure actuelle, pour se rendre de Paris à Mayotte, qui ne possède qu'une piste relativement courte, il faut faire escale à La Réunion, puis faire deux heures d'avion supplémentaires. Mais le gouvernement n'a pas caché aux Mahorais que le rattrapage avec la métropole mettrait du temps à se faire sentir, avec certaines aides sociales qui ne démarreront qu'en 2012, et de manière progressive sur au moins 20 ans. Parallèlement, de nouveaux impôts vont apparaître à partir de 2014. Et certaines pratiques culturelles anciennes vont être bousculées, avec l'interdiction définitive de la polygamie, la disparition du tuteur matrimonial («wali») et la réduction des attributions du «cadi» (juge musulman). Face à l'écrasante domination du «oui», seuls quelques religieux ont dénoncé la départementalisation, craignant qu'elle n'entraîne une «acculturation». A Moroni, quelque 500 personnes ont manifesté dimanche contre ce référendum. L'Union des Comores, soutenue par l'Union africaine (UA), juge cette consultation «nulle et non avenue», dans la mesure où elle obère encore un peu plus la perspective d'une «réunification» de l'archipel. (AFP)

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