Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 16 juin 2015
Cultes

Instance de dialogue avec l'islam : le gouvernement veut avancer de façon concrète

Le gouvernement a réuni hier pour la première fois « l’instance de dialogue »  avec la communauté musulmane dont la création avait été annoncée quelques semaines après les attentats jihadistes de janvier. Signe des espoirs que l'Etat place dans cette initiative, son lancement a rassemblé le chef du gouvernement Manuel Valls et trois de ses ministres (Intérieur, Education et Culture).
« L'islam est en France pour y rester. C'est la deuxième religion de notre pays. Il faut donc mener le combat des consciences et faire jaillir au grand jour ce qu'est la réalité de l'islam de France. Et pour gagner ce combat, c'est à chacun de prendre ses responsabilités », a dit le Premier ministre devant quelque 120 imams, aumôniers, recteurs, responsables associatifs ou personnalités musulmanes de diverses sensibilités.
Clôturant cette première journée, le ministre de l’Intérieur a précisé plusieurs mesures que le gouvernement comptait mettre en place concernant l’image de la religion, la construction de mosquées, les rites funéraires ou encore la formation des imams. « Il est des questions très concrètes qui concernent l’exercice du culte musulman et qui méritent d’être traitées de façon concertée entre les pouvoirs publics et les représentants des fidèles », a dit Bernard Cazeneuve. Le ministre a notamment invité les victimes d'actes antimusulmans à porter plainte systématiquement, estimant que « ce phénomène de haine et de violence »  était « sous-estimé ». Il a par ailleurs annoncé que le gouvernement allait « consacrer 9 millions d’euros sur les trois prochaines années »  pour renforcer la sécurité des mosquées, via l’installation notamment de caméras de vidéo-protection « là où les besoins s’en font sentir ».
Après avoir « salué »  la présence de représentants de l’Association des maires de France aux premiers travaux de cette instance de dialogue, le ministre a évoqué plusieurs sujets concernant directement les maires. La construction de nouvelles mosquées tout d’abord, demande pour laquelle les maires ne connaissent pas forcément les règles en vigueur, comme le soulignait le récent rapport du sénateur Hervé Maurey (lire Maire info du 19 mars). C’est ce qu’a aussi rappelé hier Bernard Cazeneuve annonçant la création d’un groupe de travail, rassemblant les responsables musulmans et ceux des autres cultes, l’AMF et les administrations concernées « afin d’évaluer l’application des diverses règles ». « La création d'un tel groupe de travail est essentielle », réagit ce matin pour Maire info Patrick Molinoz, vice-président de l'AMF et co-président du groupe de travail laïcité de l'association. « La journée d'hier constitue une première étape. C'est le début d'un processus qui va aider à clarifier les relations entre les maires et les représentants des diférents cultes », ajoute-t-il.
Il existe environ 2 400 mosquées et salles de prière, un nombre qui « n’est pas suffisant aujourd’hui pour répondre à toutes les attentes des musulmans de France », a reconnu Bernard Cazeneuve.
Un débat est d'ailleurs en train de s’ouvrir sur la possibilité de céder des églises désaffectées pour les transformer en mosquées, ce qui se fait déjà dans plusieurs communes. Manuel Valls s’est dit hier « pas opposé par principe »  à cette possibilité.
S’agissant des pratiques funénaires, le ministre a rappelé que le regroupement de fait des sépultures dans les cimetière communaux était « non seulement permis mais encouragé par les textes ». Il a demandé à l’administration un bilan à ce sujet « afin de pouvoir envisager les mesures à prendre pour assurer une meilleure mise en œuvre »  de ces rites.
Evoquant l'image parfois dégradée de l'islam, le ministre a souhaité qu'il soit mieux connu « comme religion et comme civilisation ». « Ce sera une des raisons d'être de la nouvelle Fondation de l'islam de France », a-t-il souligné, annonçant une mission de préfiguration d'ici à l'été afin que cette structure soit opérationnelle avant la fin 2015. Le ministre de l’Intérieur a aussi annoncé qu’un décret viendra « bientôt formaliser »  l'obligation d'une formation civile et civique pour les aumôniers. Ces formations sont actuellement dispensées dans six universités, qui seront rejointes par trois autres en septembre et autant en 2016.
Enfin, l'instance de dialogue va susciter un groupe de travail, en lien avec les ministères de l'Agriculture et de l'Intérieur, sur l'abattage rituel et la certification du halal, deux sujets de préoccupation majeure pour les fidèles.
C.N. (Avec Afp)

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