Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 21 février 2022
Biodiversité

Décharges littorales : l'État investit pour les résorber progressivement

La secrétaire d'État à la Biodiversité Bérangère Abba a annoncé vendredi le lancement du plan national de résorption des décharges littorales. Son objectif : faire disparaître en dix ans les 55 décharges littorales qui présentent les plus fort risques de déversement de déchets en mer.

Par Lucile Bonnin

Réduire la pollution des océans : c’est un engagement qui a été pris par Emmanuel Macron lors du sommet mondial sur l'océan mi-février (lire Maire info du 14 février). Sa mise en application n’a pas tardé puisque vendredi dernier, Bérangère Abba secrétaire d'État à la Biodiversité s’est rendue au Havre pour annoncer le lancement d’un plan national de résorption des décharges littorales. 

Ce déplacement en terre normande n’est pas dû au hasard. La décharge littorale de Dollemard, au nord du Havre (Seine-Maritime), fait partie des chantiers prioritaires. C’est un cas représentatif : cette ancienne décharge fermée depuis plus de 20 ans a été alimentée par des dépôts sauvages, empirant d’année en année la situation. Ce sont près de 400 000 tonnes de déchets qui gisent actuellement près de cette falaise. L’érosion des côtes rend ce phénomène encore plus dangereux pour les fonds marins puisque la décharge de Dollemard relâche chaque année à la mer au moins 30 mètres cubes de plastiques.

55 décharges à risque 

De la décharge de La Jamaïque (La Réunion) en passant par celle de Trignac (Loire-Atlantique), 55 décharges à risques ont été recensées par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), dans un inventaire mis en ligne sur le site Géorisques. À partir de cette liste - et via ce nouveau plan national de résorption des décharges littorales – le gouvernement entend nettoyer totalement ces zones identifiées en l’espace de dix années. 

Trois chantiers seront d’ores et déjà lancés à partir du printemps 2022 pour les décharges de Dollemard en Seine-Maritime, Pré-Magnou en Charente-Maritime et l’Anse Charpentier en Martinique.

Un soutien financier à hauteur de 50 % 

Concrètement, le dispositif s’appuie sur deux établissements du ministère de la Transition écologique. D’abord, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) « apportera gratuitement son expertise aux collectivités concernées, pour les assister dans la conception des projets de résorption » . Enfin, l’État « apportera un soutien financier pour la réalisation des études et travaux à hauteur de 50 % maximum du coût de l’opération » .

Un fonds d’amorçage doté de 30 millions d’euros a dès à présent été annoncé pour l’année 2022. Sa gestion est confiée à l’Agence de la transition écologique (Ademe). « C'est un engagement assez rare de l'État, à de tels montants, a déclaré Bérangère Abba vendredi dernier, mais c'est nécessaire car les collectivités, porteuses de ces projets de résorption, doivent avoir la certitude de pouvoir aller au bout. » 

Un chantier d’envergure 

L’année dernière, un chantier « test »  a eu lieu sur la décharge sauvage de Dollemard, pour évaluer l’ampleur de cet amas de déchets et envisager la meilleure solution pour en venir à bout. Certains enseignements ont pu être tirés notamment sur la grande variété des déchets qui s’y trouve et sur « les modalités techniques de traitement de la décharge (accès, tri sur place, évacuation) » . Il en ressort néanmoins que ce type de chantier est d’une rare complexité avec des risques qui sont propres au territoire et qui demandent une technicité et une expertise particulières.

Sur ce cas particulier, par exemple, il y a un fort risque « de déstabilisation de la falaise »  en cas d’excavation des déchets. Ainsi, au printemps 2022, un plan précis sera décidé « par les différents acteurs de 4 à 5 scénarios de plan de gestion à long terme pour définir les solutions opérationnelles de réhabilitation du site. »  Édouard Philippe, maire du Havre, estime le coût du chantier à « environ 15 millions d'euros » 

Un engagement de longue date pour les collectivités 

Du côté de la Charente-Maritime, les travaux sont aussi importants. Un chantier estimé à « 7 millions d’euros pour dépolluer 19 000 m³ enterrés sous 0,5 à 3 mètres de terre »  était déjà prévu selon le journal Sud-Ouest, « mais se heurtait jusqu’ici à la non-participation de l’État, à hauteur de 1,5 million d’euros. » 

Édouard Philippe l’a rappelé vendredi, « les collectivités territoriales s’accordent sur le fait qu’il y a une priorité et dégagent des moyens financiers et techniques pour qu’enfin on apporte une solution à un problème ancien. Nous avions indiqué avec insistance auprès de la ministre Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique) à l’occasion de sa venue au Havre combien nous attendions de l’État une assistance, un partenariat pour essayer d’avancer ».

Ainsi, à travers ce plan, il est à espérer que cette aide de l’État permettra, au moins à ces trois premières communes, de commencer ces chantiers avec plus de sérénité en 2022. 

Dans la continuité de cette annonce, la secrétaire d’État se rendra aujourd’hui sur le site de la décharge du Pré-Magnou à Fouras.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2