Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 5 février 2021
Coronavirus

Annonces gouvernementales : accélération de la campagne de vaccination et confinement dur à Mayotte

Le Premier ministre a confirmé hier qu'un confinement général n'était pas envisagé pour le moment, sauf dans le département de Mayotte. L'arrivée du vaccin AstraZeneca va par ailleurs permettre une accélération notable des vaccinations.

Jean Castex a appelé les Français à ne pas « s’habituer »  aux chiffres distillés chaque soir par Santé publique France – en moyenne 20 000 contaminations par jour et 320 morts. Ces chiffres sont « très élevés », a souligné le Premier ministre, mais ils sont, pour l’instant du moins, « stables ». C’est cette stabilité, comparée à l’explosion qui a eu lieu ces dernières semaines en Grande-Bretagne, en Espagne ou au Portugal, qui a conduit le gouvernement à différer un confinement « envisagé ». Jean Castex a pour la première fois reconnu que si le pays devait à nouveau se confiner, cela pourrait conduire à la fermeture des établissements scolaires, ce que le gouvernement ne veut envisager « qu’en tout dernier recours ». 

Inquiétante progression des variants

Le gouvernement gardera donc les yeux rivés sur les indicateurs de l’évolution des variants découverts en Grande-Bretagne, en Afrique du sud et au Brésil. Le Premier ministre a confirmé les propos de certains scientifiques qui, la veille, avaient révélé qu’en quelques semaines, le variant identifié en Grande-Bretagne avait bondi à 14 % des cas de covid-19. Ce qui, selon les projections, laisse augurer du pire pour la fin du mois de février.
Il s’agit donc d’une « course contre la montre », a poursuivit le chef du gouvernement, qui a appelé les Français à respecter scrupuleusement les règles, à ne pas « laisser le virus prospérer sur nos petits relâchements ». 
Mais l’élément le plus déterminant de cette course contre la montre est évidemment la vaccination. Dans son bilan, Jean Castex s’est réjoui du fait que les objectifs ont été « dépassés »  sur le mois de janvier, et a salué la « mobilisation »  de tous les acteurs, et notamment des maires et de leurs équipes, sur qui « reposent »  les quelque 1000 centres de vaccination en activité. 

« Accélérer le rythme » 

Jean Castex a fait des annonces chiffrées sur l’accélération du rythme de la campagne de vaccination : l’État va permettre d’ouvrir 1,7 million de rendez-vous supplémentaires (500 000 pour la fin février et 1,2 million pour le mois de mars). Les 500 000 premiers seront ouverts dès aujourd’hui, a annoncé Jean Castex. Il semble, même si ce passage de l’intervention n’était pas le plus clair, que ces rendez-vous supplémentaires s’adressent bien aux personnes de plus de 75 ans, donc vaccinées avec les doses Pfizer ou Moderna. Ce qui laisse à penser que l’État a des éléments clairs et fermes sur les livraisons à venir de ces vaccins. 
Par ailleurs, l’arrivée du vaccin AstraZeneca, qui ne sera administré dans un premier temps qu’aux personnes de 50 à 64 ans, à commencer par les personnels de santé et celles atteintes de comorbidité, va aussi permettre d’accélérer le rythme : Jean Castex a mis la barre assez haut en promettant « 4 millions de personnes vaccinées d’ici la fin du mois de février ». Ce qui signifie 3,5 millions de personnes à vacciner en 23 jours, soit en moyenne environ 150 000 personnes par jour. L’objectif semble toutefois tenable (le nombre de personnes vaccinées tourne actuellement autour de 100 000 par jour) avec l’arrivée du vaccin AstraZeneca. À conditions qu’il n’y ait plus de mauvaises surprises en termes de livraison. 
Le ministère de la Santé a indiqué hier aux représentants de l’AMF que 2,5 millions de doses du vaccin AstraZeneca seraient livrées à la France d’ici la fin du mois de février. Le calendrier sera le suivant : dès maintenant seront vaccinés, en priorité, les personnels soignants de plus de 50 ans non vaccinés jusqu’à présent et les intervenants en santé – cette étape se fera dans les établissements de santé. Mi-février/début mars commencera la campagne à destination des personnes de 50 à 64 ans en population générale, en commençant par les personnes souffrant de comorbidité. Enfin, début mars, toujours à destination du public de 50 à 64 ans, la vaccination pourra être effectuée par les pharmaciens et les sages-femmes. Le vaccin AstraZeneca peut en effet, à la différence des précédents, être conservé dans un réfrigérateur (entre 2 et 8 ° C) pendant six mois. 

Confinement très serré à Mayotte

On n’a pu qu’être frappé par la façon dont le Premier ministre a annoncé, comme en passant, le confinement général à Mayotte. C’est au détour d’une phrase que la situation de l’île a été évoquée, en parlant des territoires d’outre-mer que le Premier ministre a affirmé vouloir « protéger d’un risque de contamination en provenance de la métropole ou de l’étranger ». Et d’ajouter : « Comme le montre la situation à Mayotte où nous avons décidé aujourd’hui d’une mesure de confinement généralisé. »  Fermez le ban, le Premier ministre n’a donné aucun autre détail, aucune raison qui ait conduit à ce choix, aucun chiffre, aucune information sur le degré du confinement décidé. 
Il faut aller ce matin sur le site de la préfecture de Mayotte pour en savoir plus. Le préfet Jean-François Colombet annonce avoir décidé « de placer Mayotte en confinement généralisé », avec l’aval du gouvernement. Rappelons en effet que Mayotte est actuellement le seul département du pays où le préfet est autorisé à interdire « tout déplacement de personne hors de son lieu de résidence », comme en dispose un décret du 30 janvier. Le confinement débutera aujourd’hui à 18 heures et durera au moins trois semaines.
Le préfet de Mayotte explique qu’entre le 18 et le 25 janvier, la situation sanitaire s’est très fortement dégradée, avec des taux d’incidence pouvant dépasser les 1100 cas pour 100 000 habitants dans certaines communes, un taux de positivité à l’échelle du département de 17 % et des admissions à l’hôpital et en réanimation qui progressent « à une vitesse inédite ». Pire : « 78 porteurs du variant sud-africain »  ont été détectés, et les autorités savent que ce nombre « est en réalité beaucoup plus élevé ». 
C’est donc un confinement très dur qui a été décidé pour le territoire mahorais : plus dur même que ce qui avait été décidé en métropole en mars dernier, puisque « les guichets des services publics seront fermés », en dehors des « services de santé, des brigades de gendarmerie et des commissariats de police ». 
Seront également fermés les établissements scolaires ainsi que la totalité des établissements recevant du public, à l’exception « des commerces de denrées alimentaires, des restaurants effectuant de la vente à emporter et des livraisons, des pharmacies et des services essentiels (banques, poste) ».
Il reste à espérer que cette situation n’est pas la préfiguration de ce qui pourrait se passer en métropole dans les semaines à venir. Pour l’éviter, le gouvernement a encore appelé, hier, à ne pas relâcher les efforts sur le télétravail : la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a insisté hier sur le fait que le télétravail « reculait »  dans un certain nombre de secteurs. Elle a fustigé ce « relâchement »  et demandé au maximum d’entreprises de privilégier, partout où c’est possible, le télétravail à 100 %. 

Franck Lemarc

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