Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 9 février 2022
Santé publique

Alerte : le stock de réserves de sang est historiquement bas

Pour la première fois depuis sa création, l'Établissement français du sang a publié hier un « bulletin d'urgence vitale » qui indique que « le niveau des réserves de sang est aujourd'hui en dessous du seuil de sécurité et cela depuis plusieurs jours ». Une situation inquiétante qui pousse l'EFS à lancer un appel aux dons massif.

Par Lucile Bonnin

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© EFS

« Réserves faibles. URGENT donnez votre sang » . De nombreux citoyens, inscrits sur les listes de l’Établissement français du sang, ont pu recevoir ce message sur leur téléphone dès le week-end dernier.

Cet appel aux dons s’inscrit dans un contexte de déficit national de réserves de sang. En effet, dans un bulletin d’urgence vitale partagé hier, l’établissement français du sang (EFS) explique que la France est confrontée à « une situation critique » . Il manque actuellement 30 000 poches de sang en réserve pour atteindre le seuil correct des 100 000 poches en France. Créé il y a 20 ans, l’EFS n’avait jamais connu pareille situation.

Ces réserves sont primordiales pour répondre aux besoins des personnes hospitalisées. Pour rappel : 10 000 dons de sang sont nécessaires chaque jour pour soigner les malades, « dont une grande majorité trouve dans les transfusions sanguines la seule alternative pour être soigné. » 

Malgré la crise liée au covid-19, les collectes mobiles de dons de sang n’ont pas cessé au sein des territoires et ce même pendant les confinements. Mais la mobilisation générale a manifestement subi les effets de la crise.

« Deux années de tensions permanentes » 

Comment en est-on arrivé là ? Différents facteurs ont pu mener à cette situation qui « pourrait s’avérer dangereuse à court terme » . L’EFS identifie deux évènements charnières : l’arrivée du covid en France, puis, la vague Omicron. 

Le virus a en effet entraîné des annulations de collectes en entreprises ou en universités, la mobilisation des donneurs a baissé et il a été plus difficile de recruter du personnel médical, largement mobilisé pour lutter contre le virus.

L’arrivée d’Omicron, variant très contagieux, a été à l’origine, selon l’EFS, de « l’auto-ajournement de certains donneurs de sang »  et d’un « fort taux d’absentéisme du personnel de l’EFS. » 

Cette carence se manifeste déjà de manière concrète entraînant des conséquences variées, notamment « la nécessité de faire rapidement une répartition nationale des réserves entre les différentes régions »  ce qui est « un exercice intensif » , explique à Maire info Hervé Meinrad, directeur de la collecte de l’EFS.

Les communes en première ligne 

La crise sanitaire a aussi engendré des difficultés locales pour mettre à disposition des lieux pour les collectes notamment pendant les campagnes de vaccination. « Pour les communes, il y a eu une nécessité de mobiliser des salles de substitution, raconte le directeur. Les salles dans lesquelles on avait l’habitude de faire les dons ont pu être réquisitionnées et dans ce cas, soit la collecte était annulée, soit une solution de repli était trouvée. Mais même dans ce cas, l’organisation est plus complexe et les résultats ne sont pas les mêmes. » 

La participation des maires à cette mobilisation est indispensable et précieuse. « À l’échelle de leur commune, les maires peuvent travailler sur la visibilité car il est important de rappeler qu’une collecte qui marche est une collecte qui est visible. »  Sur le terrain, la municipalité peut donc optimiser la signalétique autour des dates et des lieux de collecte, veiller à ce que l’endroit soit accessible, prévoir des places de stationnements suffisantes… « Il est aussi important de prévoir des solutions alternatives en cas d’impossibilité d’utiliser la salle prévue à cet effet » , insiste Hervé Meinrad.

À plus long terme, il est aussi primordial que les maires se saisissent de cette mission de communication et de sensibilisation autour du don de sang. « Le don du sang est un geste altruiste que tout le monde peut faire, donc pouvoir le rappeler et le partager est aussi un moyen de participer pour les élus. » 

L’EFS, l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité et la Fédération française pour le don de sang bénévole (FFDSB) avaient d’ailleurs signé une convention de partenariat, fin 2010, pour promouvoir le don de sang dans les communes. « Ce partenariat vise à constituer, avec les maires à travers l’attribution d’un label "Commune partenaire du don de sang", un réseau et un relais de communication et d’information sur le don de sang » , peut-on lire sur le site de l’EFS. 

Que ce soit au sein d’un établissement régional fixe ou lors d’une collecte mobile, il est conseillé de prendre rendez-vous dès maintenant notamment grâce à la carte interactive disponible sur le site de l’EFS.

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