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Édition du mercredi 17 juillet 2019
Sécurité

Accidents, sécurisation, suppression : la question des passages à niveau se pose une fois de plus

La France compte un peu plus de 15 000 passages à niveau, dont celui d’Avenay-Val-d’Or (Marne) sur lequel un TER et une voiture sont entrés en collision lundi, provoquant la mort des quatre occupants de la voiture.
À titre de comparaison, on en comptait 25 000 en 1980.
La plupart des passages à niveau se trouvent sur des voies communales ou départementales et il y en a également quelques-uns sur des routes nationales, mais aucun sur les lignes de train à grande vitesse. 16 millions de véhicules empruntent un passage à niveau chaque jour.

Des accidents en baisse
Les accidents aux passages à niveau ont provoqué 16 décès en 2018, contre 42 en 2017 et 31 en 2016. Le nombre de collisions a également baissé entre 2017 et 2018, passant de 122 à 96.
La quasi-totalité des collisions est imputable au non-respect de la signalisation routière. D’après la SNCF, 98 % des accidents sont dus au comportement des automobilistes, les 2 % restants étant dus, à des actes de malveillance, des problèmes climatiques, ou encore des animaux.
L’obligation d’un arrêt systématique avant de s’engager n’existe pas en France, mais selon le Code de la route, la priorité absolue est donnée au chemin de fer sur la route.
Environ 15 % des accidents graves sont concentrés sur 1 % des passages à niveau.

153 passages à sécuriser en priorité
Sur les plus de 15 000 passages à niveau français, 153 sont classés prioritaires à sécuriser, selon des données du ministère des Transports publiées en avril. Les passages à niveau prioritaires sont des points de croisement ayant connu plusieurs accidents au cours d’une période de 10 ans ou connaissant des circulations routières et ferroviaires intenses.
En moyenne, durant la période 2016-2018, 11 % des accidents se sont produits à un passage à niveau figurant sur cette liste, selon un rapport parlementaire.
Lors du lancement du programme de sécurisation national, défini par l’État et l’instance nationale des passages à niveau en 1997, 437 passages à niveau étaient identifiés comme prioritaires.
En revanche, ni celui d’Avenay-Val-d’Or ni celui de Millas (Pyrénées-Orientales), sur lequel une collision entre un train et un car scolaire avait fait 6 morts en décembre 2017, n’en faisaient partie.
Aux dires d’experts, 10% à 20% des passages à niveau sont considérés comme sensibles.

Supprimer des passages à niveau
Il existe trois façons de supprimer un passage à niveau : mettre la route en impasse, dévier la route vers un ouvrage de franchissement (pont ou tunnel) déjà existant ou en créer un au-dessus ou en dessous des voies.
Le principal obstacle à la suppression des passages à niveau est financier, puisqu’il en coûte à chaque fois entre 3 et 15 millions d’euros (parfois 25 millions d’euros pour des cas complexes), financés par l’État, les collectivités locales, et SNCF Réseau.
« Il faudrait 135 milliards d’euros pour supprimer l’ensemble des passages à niveau », explique-t-on chez SNCF Réseau.
La sécurisation peut passer par des solutions techniques plus simples et moins onéreuses, telles qu’un renforcement de la signalisation ou la construction d’aménagements routiers pour inciter à ralentir.
En 2018, 46 millions d’euros ont été investis par SNCF Réseau et l’État pour supprimer les passages à niveau et 21 millions d’euros pour améliorer leur sécurité. Le budget alloué par l’État doit augmenter de 40 % d’ici 2022.
17 passages à niveau ont été supprimés en 2018, contre 12 en 2017 et 14 en 2016. Durant la période 1997-2017, 55 ont été remplacés par un ouvrage d’art. (AFP)

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