Édition du vendredi 20 décembre 2024

Mayotte
Mayotte : deuil national lundi 23 décembre et loi spéciale pour la reconstruction
En déplacement à Mayotte, depuis hier, le chef de l'État a assuré à une population parfois hostile qu'une fois l'extrême urgence traitée, la reconstruction de l'île se ferait à marche forcée, grâce à une loi spécifique. « En deux ans », s'est même avancé le Premier ministre hier soir.  

Emmanuel Macron, hier, a dû faire face à la colère d’une partie des Mahorais exaspérés de ne pas voir les vivres arriver suffisamment rapidement. Sans hésiter à aller au contact, le chef de l’État a parfois haussé le ton face à des comportements qu’il a jugé « irrespectueux », et tenté de rassurer les victimes tout en les assurant qu’elles avaient de la chance d’être en France, car « il n’y a pas un endroit dans l’océan Indien où on aide autant les gens ». 

Deuil national

Lors d’un point presse organisé hier, le chef de l’État a annoncé que le deuil national qu’il avait décidé aurait lieu lundi 23 décembre, avec une minute de silence « à midi », a-t-il déclaré dans un premier temps. Dans la foulée, un Journal officiel exceptionnel était publié, hier vers 16 heures, contenant trois textes : un décret du président de la République officialisant cette date du 23 décembre, un autre du Premier ministre demandant l’organisation d’un « recueillement » à midi et la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments et édifices publics », et un arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. 

Mais, ce matin, dans le Journal officiel quotidien, un autre décret est venu remplacer le précédent, fixant le moment de recueillement non à midi mais à 11 heures. Aucune communication n’a été faite sur les raisons de ce cafouillage, dont on ne peut que supposer qu’il doit s’agir d’un problème d’agenda du chef de l’État. Quoi qu’il en soit, les maires devront donc, lundi, mettre les drapeaux en berne toute la journée.

L’arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle a, lui, été pris avec une extrême célérité, moins d’une semaine après la catastrophe. Il donne une idée de l’étendue des dégâts, puisque ce sont bien 100 % des communes de l’île, au nombre de 17, qui sont reconnues en état de catastrophe naturelle, chacune pour trois aléas (vent cyclonique, inondations et coulées de boue, inondations par choc mécanique des vagues). La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, si elle était indispensable, ne concernera cependant qu’une faible partie des victimes, puisque le Premier ministre a rappelé hier que seules environ « 10 % » des habitations sont assurées. Le chef de l’État a néanmoins assuré hier qu’un « fonds d’indemnisation » allait être ouvert pour accompagner les habitants qui ne sont pas assurés. 

Approvisionnement et hôpital de campagne

Emmanuel Macron, lors de son périple dans l’île, hier, a par ailleurs donné plusieurs informations.

Pour ce qui concerne l’approvisionnement en nourriture et en eau, il a assuré qu’il atteindra « toutes les communes » de l’île d’ici dimanche au plus tard. Les denrées seront acheminées dans les mairies, qui auront la charge de les répartir. Emmanuel Macron a déclaré formellement qu’aucun document d’identité ne serait demandé aux personnes venant chercher à manger ou se faire soigner. « C’est notre devoir », a-t-il assuré, dans une situation où de nombreux habitants en situation irrégulière hésitent à demander des secours aux autorités par crainte d’une expulsion. 

Le chef de l’État a par ailleurs annoncé une montée en puissance de la présence des forces de l’ordre à Mayotte, avec un seuil de « 1 200 gendarmes » sur place qui sera atteint dimanche. Un hôpital de campagne sera également acheminé aujourd’hui par avion-cargo et mis en œuvre dans les jours prochains. 

Signalons enfin que la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale a annoncé aujourd’hui que l’exécutif vise une rentrée scolaire à Mayotte « le 13 janvier ». 

Loi spéciale

Au-delà de l’urgence – rétablir les réseaux, approvisionner les populations en eau, en nourriture et en essence – commence à émerger la question de la reconstruction. Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, a demandé que cette reconstruction soit assortie d’une « interdiction de reconstruire des bidonvilles ». 

Pour accélérer la reconstruction, Emmanuel Macron a confirmé qu’une « loi spéciale » allait être présentée devant le Parlement, comme cela avait été le cas pour Notre-Dame-de-Paris et après les émeutes de l’été 2023. Ce type de loi permet, notamment, de simplifier les procédures d’autorisation ou de réduire les délais légaux de droit commun. Emmanuel Macron a estimé que dans la mesure où « on a été capables de rebâtir notre cathédrale en cinq ans, ce serait quand même un drame qu’on n’arrive pas à rebâtir Mayotte ». La comparaison vaut ce qu’elle vaut, dans la mesure où, qu’elles qu’aient été les difficultés techniques à la réparation de Notre-Dame, elles ne peuvent que difficilement être comparées à la reconstruction d’un département de 320 000 habitants totalement ravagé. 

François Bayrou, hier sur France 2, a lancé le chiffre de « deux ans » pour faire aboutir la reconstruction, sans que l’on puisse être sûr que cette estimation est étayée par des experts. Il s’est également livré à une estimation du coût de la reconstruction avec des arguments qui ont de quoi surprendre : après s’être renseigné auprès « d’entreprises [qu’il] connaît des Pyrénées », qui lui ont expliqué que la réparation d’un toit se facture « entre 60 000 et 80 000 euros », il a multiplié ce chiffre par « au moins 80 000 maisons atteintes », pour aboutir à un total de « 4 ou 5 milliards d’euros ».  On peut penser toutefois que l’estimation du coût de la reconstruction se fera, à l’avenir, avec des outils un peu plus précis. 

Toujours l’incertitude sur le bilan

Ni le chef de l’État ni le Premier ministre n’ont voulu se prononcer, en revanche, sur la question du bilan humain, estimant qu’il est encore bien trop tôt pour cela. Tous deux s’accordent à penser qu’il sera beaucoup plus lourd que la trentaine de morts déjà recensés. Des chiffres effroyables ont circulé pendant la journée d’hier, après que la chaîne La Réunion la 1ère eut évoqué un bilan de « 60 000 morts » – chiffre qui, d’après la chaîne, « circulerait parmi les secouristes ». La chaîne a rapidement supprimé ce reportage et le ministère de l’Intérieur a qualifié ce chiffre de « rumeur ». Emmanuel Macron a lui aussi mis en garde contre ces chiffres infondés, estimant simplement qu’il est « vraisemblable » qu’il y ait bien plus de morts que les 31 recensés.

Le ministère de l’Intérieur a chargé le préfet de monter une mission de « recherches des morts ». Des questionnaires seront envoyés à chacun des 17 maires pour tenter de recenser les victimes, et une enquête va être diligentée notamment auprès des responsables de la communauté musulmane. 

Mais des secteurs entiers de l’île, notamment le sud de Grande-Terre, sont à l’heure actuelle toujours coupés du monde, ce qui rend d’autant plus impossible l’établissement d’un bilan sérieux. Néanmoins, le Premier ministre lui-même a parlé hier sur France 2 d’une catastrophe qui est probablement la pire qui soit survenue en France « depuis des siècles », à l’exception, a-t-il dit, de l’éruption du volcan de la Montagne-Pelée, en Martinique, en 1902, qui avait fait 40 000 morts. 




Budget de l'état
La loi spéciale adoptée, François Bayrou annonce qu'il reprendra le PLF 2025 dans sa version déjà amendée
Alors que le versement de la DGF est désormais garanti pour le début d'année 2025, le Premier ministre a annoncé qu'il ne repartirait pas d'un tout nouveau projet de budget. Ce qui laisse entrevoir une possible réduction de l'effort initial demandé aux collectivités pour l'an prochain.

La loi spéciale a été définitivement adoptée, mercredi, par le Parlement après le vote des sénateurs qui ont approuvé, dans les mêmes termes que les députés deux jours plus tôt, ce texte d’urgence destiné à éviter un « shutdown » et le blocage des administrations du pays dès les premiers jours de l’année 2025. 

Sauf saisine – qui paraît improbable – du Conseil constitutionnel d’ici sa promulgation dans les tout prochains jours, c’est bien ce texte atypique qui assurera « la continuité de la vie nationale » et évitera la paralysie budgétaire, en autorisant l'exécutif à prélever l'impôt et à emprunter pour financer l'État, les collectivités et la Sécurité sociale à compter du 1er janvier. 

« Cette loi spéciale donne tout ce qu'il faut à l'État pour assurer ses fonctions essentielles au début de 2025, mais rien de plus. Elle devra être complétée le plus rapidement possible », a prévenu le rapporteur général de la commission des finances au Sénat, Jean-François Husson.

Versement de la DGF garanti

En attendant la constitution d'un gouvernement de plein exercice autour de François Bayrou et d'un véritable budget pour l'année 2025, cette loi garantit ainsi aux collectivités le versement de leurs dotations de fonctionnement pour les prochaines semaines. 

Pour s’en assurer, les députés avaient d’ailleurs fait approuver un amendement sécurisant de manière « explicite » leur financement, sans que les sénateurs ne reviennent dessus. Ces derniers ayant, au passage, rejeté le seul amendement déposé à la chambre haute dont le but était de garantir, cette fois, les ressources des associations.

Concrètement, les collectivités percevront donc bien, dès janvier, leur DGF sur la base de son montant global et des règles d’attribution de l’année 2024. Elle sera ainsi « versée par douzièmes dès le début de l'année » (pour les enveloppes faisant l’objet d’un versement mensuel), avant que son montant ne soit « régularisé » après l’adoption du prochain projet de loi de finances (PLF).

Reprenant les mesures inscrites dans le budget 2024, la loi spéciale permet de ne pas modifier les règles du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA), de ne pas minorer la dotation de compensation de la réforme de la taxe professionnelle (DCRTP) ou encore de maintenir l’« amortisseur électricité » qui impose à l’État de prendre en charge une partie de la facture d’électricité des collectivités territoriales qui ont subi une hausse importante des prix. Trois dispositions, parmi d’autres, qui devaient être revues dans le projet de budget pour 2025 concocté par Michel Barnier, avant la censure.

En revanche, si les élus locaux pourront bien bénéficier de la dotation de soutien à l'investissement local (Dsil), la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) ou encore du Fonds vert pour leurs dépenses déjà engagées, ils devront attendre l'adoption du budget 2025 pour percevoir à nouveau ces dotations sur leurs nouvelles dépenses. Sauf exceptions liées à une situation d’urgence.

Parmi les multiples conséquences de la censure du gouvernement Barnier, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, avait indiqué la semaine dernière qu’il ne sera « pas possible » de débloquer un prêt de 1 milliard d’euros destinée à la Nouvelle-Calédonie pour « sécuriser le paiement des situations d'urgence, le paiement des fonctionnaires ou certaines aides critiques », que « la mise en œuvre des mesures fiscales relatives au zonage (FRR), notamment pour les 2 800 collectivités concernées, relève de la décision d’un prochain gouvernement » et que certaines dispositions de la loi sur les meublés de tourisme ne pourront être appliquées, celle-ci rabotant fortement la niche fiscale très favorable qui leur est octroyée.

Budget 2025 : vers une ponction réduite pour les collectivités ?

Des mesures d’urgence qui ne resteront en vigueur que jusqu’au bouclage définitif du budget dont l’adoption est attendue d’ici la « mi-février », selon la perspective développée, hier soir, par François Bayrou sur le plateau de France 2. « Il faudra bien que ce soit totalement bouclé » à cette échéance, a-t-il assuré. 

Refusant visiblement de repartir d’un tout nouveau projet, le Premier ministre a également annoncé vouloir reprendre, non pas la copie initialement concoctée par Michel Barnier, mais « la copie qui a été votée ». Le maire de Pau fait ainsi référence à la version du PLF pour 2025 intégrant les nombreux amendements approuvés par les parlementaires lors des débats, mais dont l’examen a été suspendu par la censure. 

L’une des conséquences directes de ce choix serait que l’effort demandé aux collectivités en 2025 soit moins important que ce que prévoyait le projet d'origine de Michel Barnier.

Juste avant la censure, les sénateurs ont, en effet, eu le temps d’abaisser de 3 milliards d’euros le prélèvement annoncé sur les collectivités en adoptant une série de mesures favorables, telles que l’augmentation du montant de la DGF, le relèvement du plafond des DMTO ou encore la suppression de la mesure gouvernementale amputant le FCTVA (pour un gain total d’un peu plus d’un milliard d’euros).

Surtout, ils étaient revenus sur le très controversé projet de « fonds de précaution »  – jugé « trop brutal et inabouti »  et qui prévoyait de ponctionner de 3 milliards d’euros les 450 plus importantes collectivités – pour le remplacer par un nouveau dispositif plus favorable aux départements. 

Le projet remodelé par la chambre haute prévoyait ainsi un mécanisme qui ne devait opérer « aucun prélèvement de ressources », mais plutôt « lisser dans le temps les recettes des collectivités qui sont en mesure de contribuer au redressement des comptes publics ». Et cela via une contribution de « 1 milliard d’euros » (au lieu des 3 milliards prévus), tout « en tenant compte du niveau de leurs recettes mais aussi de leurs situations financières relatives ». 

Cette version remodelée devait, toutefois, élargir le fonds de précaution à bien plus de communes mais concerner moins de départements, tout en abaissant le prélèvement sur chaque collectivité. 

Mesures consensuelles : un vote réclamé en janvier

Au Sénat, de nombreuses voix ont appelé à reprendre les débats sur le projet de loi de finances là où ils se sont arrêtés, tout comme les députés macronistes. Une solution qui « accroît [le] risque de censure, mais cela va plus vite. Cela me paraît plus rationnel », a souligné le président de la commission des Finances à l'Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), tandis que le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, Charles de Courson (Liot), s’est lui prononcé pour la rédaction de « deux nouveaux textes » (PLF et PLFSS).

S'attendant à ce que le projet de loi de finances ne soit pas adopté avant plusieurs mois, ces derniers ont adressé au Premier ministre un courrier afin de s’entendre sur des mesures urgentes et consensuelles.

Ils lui ont ainsi suggéré d'inscrire à l'ordre du jour des députés, dès la semaine du 13 janvier, un projet de loi portant diverses dispositions économiques, financières et sociales, permettant l'entrée en vigueur de mesures budgétaires urgentes et consensuelles – dont l'indexation sur l'inflation du barème de l'impôt sur le revenu. 

Le Premier ministre se serait montré « ouvert » à cette proposition, selon les deux députés, bien que Matignon n'ait pas confirmé cette information.

Consulter la loi spéciale.
 




Gouvernement
François Bayrou « ouvre des portes », sans convaincre ses interlocuteurs
Interrogé sur France 2 hier soir, le Premier ministre s'est dit convaincu qu'un chemin existe pour réunir au sein d'un même gouvernement « droite républicaine » et « gauche démocratique ». Les partis ont jusqu'à aujourd'hui pour répondre. 

« Dernière station avant la falaise. » Par cette formule prononcée hier, François Bayrou a cherché à dramatiser la situation et à convaincre ses interlocuteurs politiques qu’il n’est plus possible de reculer. Il a promis un gouvernement sans doute « ce week-end », en tout état de cause « avant Noël »… mais avec qui ? Le Premier ministre a réuni dans la journée les responsables des partis représentés à l’Assemblée nationale, hors LFI et RN, et leur a fait « une offre publique de participation au gouvernement », estimant même qu’il revient aux responsables de ces partis de rentrer, eux-mêmes, personnellement, au gouvernement, car « chacun doit prendre ses responsabilités ». « Nous ne réussirons pas si nous ne sommes pas ensemble », a martelé François Bayrou, qui dit souhaiter constituer un gouvernement allant des Républicains à « la gauche démocratique, sociale-démocrate ». 

« Reprendre sans suspendre »

Pour ce faire, comme il le fait depuis son arrivée à Matignon, François Bayrou tente de donner des gages à la droite comme à la gauche. À destination de la première, il dit souhaiter que Bruno Retailleau reste au gouvernement comme ministre de l’Intérieur, car il a, depuis son arrivée place Beauvau, « trouvé des solutions qui correspondent à ce que demande l’opinion publique ». Toujours pour rassurer la droite, il assure vouloir « faire des économies », « ne pas augmenter les impôts », et protéger les entreprises, « le seul endroit où se créent les emplois et les richesses ». Et en même temps, pour reprendre le célèbre mantra du président de la République, François Bayrou a assuré à la gauche qu’il souhaite préserver « notre modèle social unique au monde », qu’il n’utilisera pas le 49-3 (sauf en cas de « blocage total sur le budget »), et surtout qu’il est prêt à ouvrir une conférence de financement sur les retraites – demande récurrente du Parti socialiste. Sur cette question des retraites, « toujours inflammable et enflammée », le Premier ministre a proposé une formule qui a fait flores : « Reprendre sans suspendre ». C’est, peut-on dire, la quintessence du « en même temps » : François Bayrou ne suspendra pas la réforme d’Élisabeth Borne, mais estime qu’il y a des améliorations à trouver à cette réforme, qu’il faut discuter collectivement. Il s’est donc dit prêt « de bonne foi » à écouter les propositions qui seront faites par chacun, lors d’une conférence qui pourrait durer « jusqu’à l’automne ». Ce qui, pour le moins, est la preuve d’un certain optimisme sur la durée de vie du prochain gouvernement. 

Impasse

Il semble, à l’heure où nous écrivons, que ces appels du pied ne séduisent ni les uns ni les autres. En sortant de la réunion à Matignon, hier, le dirigeant du Parti socialiste, Olivier Faure, a dit « ne pas avoir trouvé de raisons de ne pas censurer » François Bayrou. La promesse de rouvrir le débat sur les retraites n’a pas convaincu l’écologiste Marine Tondelier, qui juge qu’il s’agit de « promesses pour la Saint-Glinglin ». 

À droite, l’enthousiasme n’est pas davantage de mise – Laurent Wauquiez, pour Les Républicains,  ne cessant de répéter depuis le début de la semaine que la participation de son parti au gouvernement n’est « pas acquise ». Les LR semblent toujours hostiles à l’idée de participer à un gouvernement où seraient présentes des personnalités de gauche, et Laurent Wauquiez a exigé du Premier ministre, hier, « des moyens de mettre en œuvre ses convictions ». Il a, par ailleurs, demandé aux autres partis présents à cette réunion un « engagement » à ne pas censurer le futur gouvernement « pendant 6 mois », engagement qu’il n’a pas obtenu. 

On ne peut que constater, à cette heure, que la perspective d’un gouvernement allant des LR à la gauche s’éloigne de jour en jour, sauf « débauchage » individuel de telle ou telle personnalité. Mais même cette perspective paraît aujourd’hui plus difficile qu’au moment de la constitution du gouvernement Barnier : chat échaudé craint l’eau froide, et il semble que peu de ténors politiques aient envie de monter sur un navire dont la flottabilité apparaît, pour le moins, peu garantie. 

La pire des perspectives, pour le nouveau Premier ministre, serait d’échouer à rallier ou l’un ou l’autre des deux camps – à défaut de rallier les deux –, et d’être contraint à composer un gouvernement appuyé uniquement sur le « bloc central » de l’Assemblée, c’est-à-dire le parti macroniste, le MoDem et Horizons. Avec une base qui sera alors encore plus resserrée que celle du gouvernement Barnier, la fragilité d’un tel exécutif serait extrême et sa durée de vie, sans doute, réduite d'autant. 




Gestion publique
Les délégations de services publics ont besoin de plus de transparence et d'équité, selon la Cour des comptes
La Cour des comptes vient de publier un rapport sur les délégations de gestion de services publics locaux. Les magistrats appellent à « un meilleur équilibre des droits et obligations des entreprises délégataires et des collectivités. »

Distribution de l’eau, assainissement, traitement des déchets, entretien d’équipements de loisirs, de salles de spectacles, parkings, restauration scolaire, gestion des crèches… Les collectivités – principalement les communes – et leurs groupements « disposent d’une grande faculté de choix de leur mode de gestion », rappellent en préambule de leur rapport les magistrats de la rue Cambon.

Transparence dans les modes de gestion, maîtrise du prix et qualité du service rendu : la délégation de gestion d’une collectivité à une entreprise privée est un sujet qui préoccupe régulièrement les élus locaux, soucieux de choisir le mode de gestion le mieux adapté aux services publics de la commune par exemple.

La Cour des comptes, pour identifier les bonnes et mauvaises pratiques en la matière, a examiné les constats de « 117 rapports récents de chambres régionales des comptes traitant de délégations de gestion de services publics et mené une enquête nationale auprès des administrations de l’État et des associations de collectivités. »

Ainsi, en matière de gestion déléguée, les magistrats indiquent que la DSP ne doit « pas constituer un "angle mort" de la gestion publique » – ce qui veut dire que la pratique doit être rigoureuse aussi bien du côté de collectivité et que de celui de l’entreprise privée. 

Une relation déséquilibrée entre collectivités et entreprises 

Selon la Cour des comptes, il est plus que nécessaire d’instaurer « un meilleur équilibre des droits et obligations des entreprises délégataires et des collectivités. »

Les règles du jeu ne sont pas toujours respectées, selon la Cour des comptes. En effet, « la loi impose une mise en concurrence lorsque l’assemblée délibérante a décidé qu’un service public serait géré dans le cadre d’une DSP ». Cependant, les magistrats observent « une assez faible concurrence quel que soit le secteur » : les collectivités reçoivent en moyenne un peu moins de deux offres en réponse à leurs consultations. Par ailleurs, « la durée excessive de certaines délégations, qui peuvent atteindre, après prolongation par avenant, trente, quarante ou cinquante ans, altère le jeu normal de la concurrence », estiment les auteurs. À noter : ces prolongations ne sont pas possibles dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et des déchets.

Les possibilités de choix du mode de gestion et de l’opérateur de la délégation sont donc restreintes et les relations avec les entreprises délégataires « peuvent présenter des déséquilibres au détriment des collectivités ». Par exemple : « les collectivités acceptent souvent d’aider, par des avenants, les entreprises délégataires à faire face à des aléas économiques prévisibles », comme pendant la crise du covid-19. Mais cette relation fonctionne aujourd’hui à sens unique puisque, comme le dénonce la Cour, « les collectivités bénéficient souvent de manière insuffisante des gains imprévus réalisés par les délégataires ». 

Les magistrats conseillent par conséquent aux collectivités d’introduire plus systématiquement dans les contrats « des clauses garantissant un retour financier en leur faveur lorsque le résultat de la délégation dépasse significativement les prévisions initiales ou actualisées. »

Redonner la main à la collectivité

« Les entités locales doivent exercer un contrôle plein et entier, opérationnel et financier, sur leurs délégataires », peut-on lire dans le rapport. Pour ce faire, les magistrats appellent à faire évoluer le droit sur la question de l’accès aux données par la collectivité pendant l’exploitation de la délégation, pour davantage de transparence. Ils proposent aussi de passer de six à dix-huit mois le délai minimal légal pour la transmission de la DSP. 

De même, concernant la qualité du service produit par l’entreprise délégataire, elle « gagnerait à être mieux évaluée ». Plusieurs recommandations sont formulées en ce sens : prévoir et appliquer des pénalités si les objectifs ne sont atteints par l’entreprise ; suivre les biens revenant à la collectivité ou bien à l’entreprise au terme de la délégation ; prévoir dès le contrat initial les conséquences d’une résiliation anticipée de la délégation et sécuriser le fonctionnement du service jusqu’au terme de la délégation et la transmission des informations nécessaires à la continuité du service.

Enfin, pour assurer un suivi de la qualité de service, les collectivités s’appuient régulièrement sur les usagers du service qui participent par la voie d’enquêtes de satisfaction. Certaines collectivités ont même intégré des représentants des usagers au sein de commissions spécifiques de leurs délégations de service public, ce qui est, selon la Cour des comptes, une bonne pratique et constitue « une étape supplémentaire » pour que les collectivités puissent continuer de faire vivre un service public de qualité et ce même lorsque ce dernier est en DSP. 

Consulter le rapport. 




Climat
2024 en France ou le visage humide du changement climatique
L'année 2024, attendue comme la plus chaude dans le monde, sera aussi l'une des plus chaudes et des plus pluvieuses pour la France, poursuivant une décennie de températures hors normes mais conformes aux projections des climatologues, a annoncé jeudi Météo-France.

Avec une température moyenne provisoire entre 14°C et 14,1°C, l'année 2024 pourrait terminer au troisième ou quatrième rang des annales en France, qui remontent à 1900, selon les données dévoilées dans un pré-bilan de Météo-France. L'année 2024 serait ainsi seulement battue par le record national de 2022 (14,5°C), presque égalé en 2023, et se conclurait proche des températures de 2020, l'éphémère record précédent. « Signe du changement climatique, 9 des 10 années les plus chaudes en France sont postérieures à 2010 », souligne d'ailleurs Météo-France.

Mais la température moyenne de 2024 ne devrait pas rester exceptionnelle longtemps: Météo-France s'attend à ce qu'elle soit dépassée « plus d'une année sur deux » d'ici 2050, compte-tenu de la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre de l'humanité. « Illustrant la raréfaction du froid sur notre pays », la barre des 40°C a été de nouveau franchie plusieurs fois dans le sud de la France en 2024, et le thermomètre « n'est pas descendu en dessous de - 15 °C en plaine » comme déjà en 2023.

Selon l'observatoire, les températures en France sur la période 2015-2024 ont été en moyenne 2,2°C plus chaud qu'à la période pré-industrielle, avant la combustion massive d'énergies fossiles et les premiers signes du réchauffement climatique. Conséquence de cette évolution: la métropole a connu 13 jours de vague de chaleur en moyenne sur cette période, contre 2 par an en 1961-1990. A l'inverse, il y a eu moins d'une journée par an de vague de froid généralisée sur les dix dernières années contre 6 auparavant dans les années 1960, 1970 et 1980.

Sols gorgés

Mais là où 2022 fut très chaud et sec, 2024 restera comme une année exceptionnellement humide, causant des inondations à répétitions et des récoltes de vins ou céréales désastreuses par endroits. Avec 15% de précipitations au-dessus des normales, 2024 figure « parmi les 10 années les plus pluvieuses » depuis 1959, selon l'agence météorolgique nationale.La France a dans le même temps connu « le plus grand déficit d'ensoleillement depuis 30 ans » (- 10 %), « proche » des niveaux « historiquement bas des années 1987 ou 1992, 1993, 1994 ».

Dès le début de l'année, les Hauts-de-France ont subi des inondations majeures. Mi-mai, jusqu’à un ou deux mois de précipitations sont tombés en deux jours en Moselle et dans le Bas-rhin.  Septembre, le plus arrosé en France depuis 25 ans, a notamment été marqué par des « crues torrentielles destructrices en Isère », dans le sud-est du pays, rappelle Météo-France. En octobre, l'Ardèche subissait un épisode cévenole record, avec 500 mm en une journée par endroits, tandis que la tempête Kirk provoquait des inondations en Seine-et-Marne et en Eure-et-Loire.

A Paris, avec 850 mm tombés depuis le 1er janvier, 2024 se classe « déjà au 2e rang » des archives, indique Météo-France. La Corse, en revanche, a connu une année sèche. Gorgés d'eaux, « les sols sont restés plus humides que les normales pendant huit mois, du jamais vu depuis plus de trente ans », relève le bilan.

Un avant-goût de l'avenir ? Pas forcément, car selon les projections climatiques pour la France les « précipitations resteront très variables et leur évolution sur le long terme, à l'échelle nationale, est très incertaine ». Météo-France s'attend toutefois à « une hausse des précipitations en hiver et une baisse en été », soit une répartition annuelle défavorable pour l'agriculture ou la prévention des crues. De plus, « les précipitations efficaces », c'est-à-dire celles qui pénètrent les sols, bénéficient aux cultures et remplissent les nappes phréatiques, « vont diminuer sous l'effet de la hausse des températures », avertit l'agence nationale.




A nos lecteurs
Maire info revient le 6 janvier
La parution de Maire info s'interrompt pendant les fêtes.

La parution quotidienne de notre newsletter quotidienne s'interrompt aujourd'hui pour deux semaines. La rédaction de Maire info souhaite à ses lecteurs d'excellentes fêtes de fin d'année et leur donne rendez-vous le lundi 6 janvier.






Journal Officiel du vendredi 20 décembre 2024

Premier ministre
Arrêté du 9 décembre 2024 portant modification du règlement intérieur de l'Institut national du service public
Premier ministre
Arrêté du 19 décembre 2024 portant agrément de la convention du 15 novembre 2024 relative à l'assurance chômage, de la convention du 15 novembre 2024 relative à l'assurance chômage à Mayotte et de leurs textes associés
Premier ministre
Hommage national aux victimes du cyclone Chido qui a ravagé le département de Mayotte le 14 décembre 2024
Premier ministre
Rapport relatif au décret n° 2024-1187 du 18 décembre 2024 portant transfert de crédits

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