Édition du mardi 23 juillet 2024

Gouvernement
Gouvernement : tractations à gauche, « pacte de gouvernance » à droite
C'est toujours l'incertitude la plus totale qui plane sur le futur gouvernement appelé à diriger le pays dans les mois à venir, alors qu'aucune majorité ne s'est dessinée à l'Assemblée nationale après les élections anticipées. La gauche se cherche toujours un Premier ministre, tandis que Les Républicains ont défini hier  leurs lignes rouges. 

Après un week-end marqué par l’élection des instances dirigeantes de l’Assemblée nationale (lire Maire info d’hier), on ne peut certes pas dire que la « clarification » voulue par le chef de l’État, en procédant à la dissolution de l’Assemblée, soit au rendez-vous. 

Le NFP dans l’impasse

Du côté du Nouveau Front populaire, les discussions ont semble-t-il repris pour tenter de s’accorder sur le nom d’un Premier ministre choisi en commun, après une semaine d’interruption qui ont permis, en revanche, de se mettre d’accord sur un candidat unique à la présidence de l’Assemblée nationale. Une fois encore, c’est la confusion qui règne. Deux noms ont émergé, depuis une dizaine de jours, sans qu’aucun d’eux fasse totalement consensus entre les différentes formations qui composent le NFP. Celui d’Huguette Bello, d’abord, présidente du conseil régional de La Réunion, a été proposé par le Parti communiste et a le soutien de La France insoumise, mais pas celui du PS et des Écologistes. Ancienne membre du Parti communiste réunionnais de Paul Vergès et proche de Jean-Luc Mélenchon, ancienne maire de Saint-Paul, son nom avait déjà été évoqué comme ministre d’un éventuel gouvernement de gauche, en cas de victoire de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Même si elle devait finir par être acceptée par tous les partis membres du NFP, les derniers échos de presse laissent à penser qu’Huguette Bello n’est pas enthousiasmée par la perspective de devenir Première ministre, avec la perspective d’être renversée dès son discours de politique générale. 

Autre piste largement évoquée ces derniers jours : Laurence Tubiana, qui, à l’inverse, a le soutien des socialistes et des écologistes mais pas celui des Insoumis. Haute fonctionnaire, économiste, chercheuse, Laurence Tubiana, à la différence d’Huguette Bello, n’a jamais été élue. C’est en revanche une spécialiste très pointue des questions environnementales, ayant participé à plusieurs conférences de haut niveau sur le climat et co-dirigé le débat national sur la transition énergétique de 2012. C’est elle qui a négocié l’Accord de Paris de la Cop 21, en 2015. Elle siège au Haut conseil pour le climat et dirige, en outre, l’Agence française de développement. 

Soutien de François Hollande en 2012, elle s’est exprimée le 11 juillet, dans une tribune, pour appeler à la constitution d’un gouvernement de coalition entre le NFP et « les autres acteurs du front républicain ». C’est notamment cette position qui lui vaut le rejet de La France insoumise. 

Dimanche, constatant que sa candidature ne fait pas l’unanimité, Laurence Tubiana a annoncé qu’elle se retirait de la course. 

Depuis, l’alliance de gauche semble dans l’impasse. Des noms sont jetés, comme des ballons d’essai, alors même que parfois les intéressés ne sont pas au courant. Ceux de Cécile Duflot, présidente d’Oxfam, ou celui de l’ancien ministre et ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon, ont par exemple été évoqués, tout comme celui du député communiste André Chassaigne, qui a clairement dit n’être « pas intéressé » par Matignon. 

À droite, soutien sous conditions, sans participation

Pendant ce temps, à droite, Les Républicains ont présenté hier leur « pacte législatif », destiné à « empêcher le blocage du pays ». Les deux présidents des groupes LR à l’Assemblée nationale et au Sénat, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, ont tenu une conférence de presse hier pour expliquer leur démarche, après avoir sans ambigüité aidé à l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale : un soutien sous condition à une éventuelle majorité, mais sans participation gouvernementale. 

Il est en effet hors de question, pour eux, de participer à « une coalition gouvernementale », comme les y appelle, notamment, le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Pour Laurent Wauquiez, le président Macron a fait « trop de dégâts dans le pays en sept ans » pour que Les Républicains acceptent de gouverner avec lui. Néanmoins, Les Républicains souhaitent que le pays puisse être gouverné. Ils ont donc proposé un « pack » de 13 lois, « applicables tout de suite », qu’ils s’engagent à voter à l’Assemblée nationale et au Sénat si le futur gouvernement s’en empare. Les LR jouent une partition très claire : pendant que la gauche s’écharpe sur le casting, nous travaillons sur le programme. 

Ces 13 textes sont seulement évoqués et n’ont pas été rédigés. Ils s’organisent autour de « trois axes », ont expliqué les deux présidents de groupe : la restauration de l’autorité, la relocalisation de la production et le renforcement des services publics. Avec une « priorité absolue », voire « une obsession » : la « revalorisation du travail ». « En France, il y a trop d’aides sociales, trop d’assistanat, expliquait hier Laurent Wauquiez, et pas assez de salaire ». 

Le « pacte » met l’accent sur la sécurité, avec la volonté de « mettre enfin en place une justice de tolérance zéro », et « la suppression des aides sociales pour les délinquants et les parents de délinquants mineurs ». Sur les services publics, l’ancien maire du Puy-en-Velay propose une recette simple : « Moins de bureaucratie, moins de normes, plus de services publics de proximité ». 

Les deux dirigeants de droite demandent également « l’arrêt de l’immigration incontrôlée » et proposent de restaurer les mesures de la loi immigration qui ont été censurées par le Conseil constitutionnel. Ils remettent également sur la table la suppression de l’Aide médicale d’État.

Les 13 textes sur lesquels la droite s’engage à voter touchent aux sujets les plus divers, y compris le logement, l’agriculture, la transition énergétique, ainsi qu’un texte sur « la liberté des communes et collectivités locales ». 

Les deux présidents ont enfin annoncé que deux « lignes rouges » seraient tracés, qui donneraient lieu au dépôt immédiat d’une motion de censure par leur groupe : une hausse des impôts et une baisse des pensions de retraite. 

Il reste à connaître les intentions du chef de l’État. Continuera-t-il de refuser un gouvernement exclusivement Front populaire, comme il  l’a exprimé aux lendemains du scrutin ? Va-t-il continuer de plaider pour une large coalition ? Pour l’instant, Emmanuel Macron semble surtout décidé à prendre son temps, puisqu’il a demandé hier qu’une « trêve politique » ait lieu pendant les JO. Trêve que le chef de l'État va débuter... en s'exprimant lui -même, sur France 2, ce soir. 




Finances locales
Les finances du bloc communal résistent, celles des départements « inquiètent », selon la Cour des comptes
Alors que la Cour réclame une participation accrue des collectivités au redressement des finances publiques, elle propose de limiter leurs dépenses par la contrainte, mais aussi d'encadrer plus largement les recettes provenant de l'État. Une position « inefficace » et « dangereuse », selon l'AMF.

« Après une année 2022 très favorable, l’année 2023 est marquée par une détérioration globale de la situation financière des collectivités et par une divergence des situations financières des trois grandes catégories de collectivités. » C’est la conclusion présentée, hier, par la Cour des comptes à l’issue de la publication du premier fascicule de son rapport annuel sur les finances publiques locales.

Une réalité qui fait largement écho aux observations de l'Agence France locale (AFL) qui voit apparaître « l’émergence progressive de deux blocs divergents » au sein d’un monde local qui se scinde. D’un côté, il y aurait ainsi un bloc communal qui résiste et, de l’autre, un bloc départements/régions dont les équilibres budgétaires se dégradent. 

Une situation qui n’empêche pas les magistrats de la rue Cambon de plaider pour davantage de participation des collectivités aux efforts de maîtrise des finances publiques. Notamment par la contrainte.

La « situation favorable » du bloc communal 

Si la Cour attaque les collectivités, dans leur ensemble, en leur reprochant leur « responsabilité prépondérante » dans « la dégradation du solde des administrations publiques locales (Apul) » en 2023, les communes et intercommunalités ont, pour leur part, continué à connaître « une bonne situation financière », estiment les magistrats financiers.

La hausse de leur épargne brute de près de 5 % leur a permis de financer celle des dépenses d’investissement (+ 7,9 %) « sans recours accru à l’endettement ». Une situation jugée « favorable » qui s’explique par la hausse des recettes de fonctionnement (+ 5,8 %) « sous l’effet de la hausse des recettes des taxes foncières, d’enlèvement des ordures ménagères et d’habitation sur les résidences secondaires », qui ont permis de compenser des dépenses de fonctionnement qui ont « beaucoup augmenté » (+ 6 %).

Dans sa réponse à la Cour, l’AMF rappelle, cependant, que la progression de l’épargne du bloc communal correspond à « une évolution égale à l’inflation », ce qui fait dire à l’association que « l’année 2023 enregistre plutôt un maintien de l’épargne ». Et celle-ci d’ajouter que « le maintien de l’épargne n’est pas forcément révélateur d’une situation favorable mais plutôt d’une situation financière équilibrée » et que « l’investissement reste la variable d’ajustement des budgets locaux ».

S’agissant précisément des communes, l’augmentation de leur épargne brute a accéléré en 2023 (+ 6,9 %, après + 1,8 % en 2022 et un rebond de + 10,7 % en 2021) ». Alors que « l’épargne brute de plus de la moitié des communes a augmenté, comme en 2022 », la Cour observe que « les communes de moins de 3 500 habitants se distinguent toutefois par la stabilité de leur épargne (+ 1,6 %) », tandis que celle des plus grandes villes a crû « plus fortement » (+ 21,8 % au-delà de 100 000 habitants). Reste que « le niveau de l’épargne demeure plus élevé dans les petites communes (21,7 % pour les communes de moins de 3 500 habitants, 16,2 % pour celles entre 3 500 et 20 000 habitants), tandis que les strates suivantes présentent un taux moins élevé (environ 13 %) », détaille la Cour. 

Une situation qui « n’empêche pas que certaines communes soient en difficulté », ont nuancé les magistrats financiers. Et si les villes moyennes ont eu un niveau d’épargne « plus faible » que les autres, il n’y a rien « d’alarmant ». 

Départements : des inquiétudes pour 2024

Bien différente, la situation financière des départements s’est, quant à elle, « dégradée », quand celle des régions s’est plutôt « repliée ».

Avec une chute de près de 40 % de leur épargne brute, les départements ont ainsi connu leur niveau « le plus bas depuis 2017 ». Il y a « une vraie alerte sur 2023 », ont ainsi prévenu les magistrats financiers, qui estiment toutefois que cette situation dégradée reste « soutenable ».

En cause, un « effet de ciseaux » largement dû à la chute impressionnante de près de 22 % des recettes de droits de mutation à titre onéreux (DMTO), liée à la morosité du marché de l’immobilier et à la crise du logement. « Le retournement des recettes de DMTO en 2023 souligne l’inadaptation du financement des charges de fonctionnement des départements, principalement constituées de dépenses sociales rigides et évolutives, par un impôt cyclique et volatil », explique la Cour qui note que cinq départements ont eu une épargne nette négative l’an passé (contre un en 2022).

Les magistrats se sont surtout dit « inquiets pour 2024 » avec une nouvelle baisse des DMTO attendue plus importante que prévue puisque celle-ci est, pour l’instant, « proche des - 20 % ». Initialement estimée à « 10 % », cette baisse, associée à des dépenses sociales qui augmentent en volume, « fragilise notamment une vingtaine de départements ». « Compte tenu des évolutions respectives de leurs recettes de DMTO et de leurs dépenses sociales, les départements vont connaître une situation financière plus difficile en 2024 qu’en 2023 », prévient la Cour, qui alerte sur « les marges de manœuvre de plusieurs d’entre eux (qui) apparaissent étroites ».

Une situation qui aura, sans doute, des conséquences pour les communes et les EPCI. Alors que « les départements participent beaucoup au financement du bloc communal » par le biais de subventions et bien que ces derniers aient augmenté leurs investissements en 2023, les magistrats financiers ont pointé la « volonté de retrait de certains départements dans le financement des dépenses d’investissement du bloc communal ». Avec pour conséquence, un risque de report ou des difficultés de montage de certains projets portés par les communes et les intercommunalités.

Encadrer certaines recettes des collectivités

Dans ce contexte la Cour des comptes pointe la « contribution incertaine » des collectivités au redressement des finances publiques, compte tenu de la situation financière « moins favorable qu’attendu » et « l’absence de dispositif de mise en œuvre des objectifs de la loi de programmation des finances publiques (LPFP) 2023-2027 ».

Un grief déjà mis en avant la semaine passée dans son rapport sur les finances publics, dans lequel elle demandait que l'effort de redressement des comptes publics soit « partagé » avec les collectivités et déplorait l'absence de « mécanismes contraignants » à l'encontre des collectivités dans le cadre de leurs objectifs de limitation des dépenses de fonctionnement (- 0,5 % par an entre 2024 et 2027) et d’investissement (en 2026 et 2027).

La juridiction de la rue Cambon regrette également que la loi ne prévoit pas de dispositif « efficace » d’encadrement de l’évolution des transferts financiers de l’État aux collectivités alors que ceux-ci « représentent plus de la moitié de leurs recettes et ont de ce fait une influence certaine sur leurs dépenses ». Elle déplore ainsi que « l’objectif d’évolution des concours financiers de l’État aux collectivités continue à porter sur un périmètre étroit de transferts financiers (prélèvements sur recettes hors FCTVA et mission budgétaire Relations avec les collectivités territoriales), soit 27 % environ de leur montant total ».

« La question de la mise en place de mécanismes à même de garantir la réalisation de l’ensemble des objectifs (...) reste ainsi sans réponse à ce jour », déplore la Cour qui estime que, « compte tenu des disparités de situations entre collectivités, notamment en termes de niveau de ressources pour exercer leurs compétences et de dynamique spontanée de leurs différents postes de dépenses, ces mécanismes devront avoir une portée différenciée entre les différentes catégories de collectivités, mais aussi en leur sein ».

Une position jugée « inefficace pour réduire le déficit de l’État » et qui « met en danger les finances publiques locales », assure notamment l’AMF dans sa réponse à la Cour.

Consulter le premier fascicule du rapport.




JOP 2024
Jeux olympiques et paralympiques : un démarrage en demi-teinte
Alors que se tiendra vendredi la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les premières constations en termes de fréquentation et d'organisation sont mitigées. Du côté des collectivités, une dynamique positive est observée et les élus pensent d'ores et déjà à l'après JO.

En plus d’être un évènement sportif incontournable, la tenue des Jeux olympiques et paralympiques en France devait être une opportunité pour le pays, tant pour le tourisme que concernant l’héritage sportif dans les territoires. 

À trois jours du lancement officiel des Jeux olympiques, le temps de l’échauffement est terminé. Se mêlent alors inquiétudes, satisfactions et espoirs de voir ces JOP fructifier sur le long terme. 

Une offre d’infrastructures de haut-niveau qui s’est développée 

Selon les chiffres du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques (MSJOP), 1 000 Centres de préparation aux Jeux (CPJ) ont été implantés dans 98 départements et ont accueilli des centaines de délégations étrangères ces derniers mois.

« Plusieurs centaines de collectivités territoriales ont porté des projets de rénovation de leurs équipements afin de renforcer la qualité de leur offre sportive locale et dédiée à la haute performance, avec le soutien financier de l’État via l’Agence nationale du sport (ANS) et la Solideo », peut-on lire sur le site du ministère. L’ANS a au total investi 25 millions d’euros afin de soutenir ces projets de rénovation. Une carte interactive vient d’ailleurs d’être publiée recensant ces infrastructures dans les territoires. 

Une véritable dynamique a été effectivement mise en place des dernières années par les collectivités et les élus pour dynamiser le sport dans les communes. Le challenge aujourd’hui est de maintenir cet effort. Un collectif d’une centaine d’élus représentant le label Terre de Jeux 2024 a publié il y a quelques jours dans le média Ouest-France une tribune en faveur d’une « coalition des territoires » : « Paris 2024 a lancé l’élan et dès à présent nous devons penser l’après ; notamment dans les collectivités. Présidents de régions, de départements, maires, élus, rejoignez cette dynamique et engageons-nous collectivement à poursuivre les actions pour que tous les Français célèbrent cet événement et continuent à s’engager pour le sport. » Les élus appellent notamment à « sacraliser un budget "sport" solide pour poursuivre le développement de ces actions en 2025 et 2026 ».

Inquiétudes sur le tourisme 

Si cet élan sportif dans les territoires suscite un certain enthousiasme, il demeure quelques mécontents du côté du secteur du tourisme notamment à Paris. Les restrictions d’accès dans certaines zones à Paris ont été mises en place jeudi 18 juillet et déjà des commerçants déplorent leurs effets. 

Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) Paris Île-de-France explique que le chiffre d'affaires des professionnels du secteur à Paris est directement impacté : « On ne pensait pas avoir une telle baisse de fréquentation, en zone grise [la plus restrictive en termes d'accès - ndlr] ça va jusqu’à - 80% et les établissements dans les zones rouges sont également touchés ».

Rappelons que le gouvernement a instauré une commission pour indemniser a posteriori les entreprises pénalisées par les restrictions et les activités liées aux Jeux. Mais Frank Delvau ne se montre pas enthousiaste sur ce point : « Si un restaurateur enregistre une baisse de 5 % de son chiffre d’affaires, il ne sera pas éligible », anticipe-t-il. Les conditions pour prétendre à cette indemnisation n’ont pas encore été détaillées. 

Cette fin du mois de juillet est aussi marquée par des déceptions pour le secteur. Il faut dire que les prévisions étaient particulièrement ambitieuses, appuyées par des chiffres impressionnants comme « une hausse anticipée de 350 % de Chinois » (lire Maire info du 13 mai). Au total, 11 millions de touristes sont attendus dans la capitale cet été. Finalement, pour l’instant, « l’été exceptionnel » que tout le monde attendait se fait désirer. 

Dans le journal Le Monde, Olivier Cohn, directeur général de Best Western France, indiquait qu’en juin ses hôtels parisiens enregistrent un chiffre d’affaires en recul de 15 % par rapport à l’année dernière : « La période n’est pas terrible… Alors que, normalement, juin est l’un des meilleurs mois pour l’hôtellerie dans la capitale ». Par ailleurs, selon le dernier baromètre de l'office de tourisme de Paris, réalisé en juin, les prévisions de remplissage pour les dix premiers jours de juillet devaient atteindre en moyenne 60 %.

Selon Frank Delvau, interrogé sur Franceinfo, « on sait, au vu des billets vendus, que nous serons sur une clientèle française et francilienne qui représentera environ 65 à 70 % des détenteurs de billets. Ce qui veut dire qu'un Francilien qui va venir à Paris pour assister à des épreuves olympiques rentrera chez lui après les épreuves. Donc, c'est du remplissage en moins pour les hôtels ».

Situation politique 

La situation politique instable aurait aussi joué en la défaveur du pays. Interrogée par l’AFP, Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l'Umih, formule une observation : « L'impact est clair : après l'annonce de la dissolution (de l'Assemblée nationale), on a enregistré plus d'annulations que de réservations. Il y a un arrêt net au 9 juillet dans toute la France avec un climat d'incertitude qui n'est pas propice aux déplacements personnels et professionnels ». Elle indique également qu’en dehors de Paris, « l'été est très, très calme. On se rend compte qu'il y a un phénomène d'éviction qui dure presque jusqu'à mi-septembre, la clientèle habituelle fuyant les éventuels problèmes de transport, la foule... ». 
 




Santé publique
Coqueluche : la HAS demande un rappel de vaccin chez tous les professionnels de la petite enfance
Une sérieuse épidémie de coqueluche touche le pays depuis la fin de l'hiver, et a déjà provoqué 17 décès. Saisie par le ministère de la Santé, la Haute autorité de santé (HAS) a livré hier ses recommandations, notamment pour les professionnels de la petite enfance. 

Une « forte augmentation des contaminations » est constatée par la HAS, confirmant les données livrées dès le début du mois de juin par Santé publique France (lire Maire info du 6 juin), qui constatait dix fois plus de cas entre janvier et mai que sur toute l’année précédente et estimait que la situation était du « jamais vu depuis 40 ans ».  

Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. 

« Toux des 100 jours »

La coqueluche est une infection causée par la bactérie Bordetella pertussis, qui provoque une toux violente qui peut aller jusqu’à l’asphyxie. Elle est particulièrement préoccupante lorsqu’elle touche les nourrissons, et peut s’avérer mortelle dans ce cas. Même chez les adultes, il s’agit d’une maladie invalidante : les quintes de toux, très violentes, peuvent se prolonger pendant plusieurs semaines (en Chine, la maladie est surnommée « toux des 100 jours »). Comme le décrit l’Inserm, « la coqueluche démarre par une phase d’incubation qui peut s’étendre sur une à trois semaines. La première semaine, le malade ne présente absolument aucun symptôme. Puis survient un écoulement nasal qui peut durer une à deux semaines, généralement sans fièvre. Ensuite, ces premiers symptômes laissent place à une toux qui évolue rapidement en quintes fréquentes, prolongées, plus intenses la nuit et souvent suivies de vomissements, sans aucune fièvre : c’est la phase paroxystique. En fin de quinte, le malade reprend son souffle par une longue inspiration au son aigu : le fameux ‘’chant du coq’’ ». 

La coqueluche, une fois détectée, se soigne facilement par une brève prise d’antibiotiques. Mais ceux-ci n’ont pour effet que de mettre fin à la contagion, pas à la toux. La coqueluche est extrêmement contagieuse, par voies aériennes : un patient contamine en moyenne, selon l’Inserm, 15 à 17 personnes. La maladie se propage « principalement à l’intérieur de la famille ou en collectivité ». 

La phase épidémique actuelle a provoqué à ce jour 17 décès, dont 12 nourrissons.

Rappels

La vaccination des enfants contre la coqueluche est obligatoire. Elle s’administre en trois doses (2, 4 et 11 mois). Des rappels sont fortement recommandés à 6, 11 et 25 ans. 

La première dose étant administrée à 2 mois, l’enfant est, avant cet âge totalement vulnérable. C’est la raison pour laquelle les autorités de santé conseillent aux mères de se faire vacciner pendant la grossesse, afin de transmettre les anticorps à leur enfant. C’est incontestablement « le moyen le plus efficace de protéger le nouveau-né et le nourrisson avant qu’ils ne puissent l’être par leur propre vaccination », confirme la HAS dans l’avis qu’elle a rendu hier. L’autorité constate que cette mesure « est encore insuffisamment appliquée en France ». 

Mais surtout, la HAS recommande « un rappel vaccinal pour toutes les personnes pouvant être en contact rapproché avec des nouveau-nés et nourrissons de moins de 6 mois, si la dernière injection reçue date de plus de 5 ans ». 

Cette recommandation concerne d’abord l’entourage familial du bébé : « Parents, fratrie, grands-parents et autres personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le nourrisson au cours de ses six premiers mois ». Pour ces personnes, sauf si la mère a été vaccinée un mois au moins avant l’accouchement, il est recommandé de procéder à un rappel si le précédent date de plus de 5 ans. Attention, il faut vérifier dans le carnet de santé si le rappel a été fait. En effet, de nombreuses personnes pensent de bonne foi qu’elles sont à l’abri après avoir reçu un rappel « DTP » (dyphtérie, tétanos, polio). Mais peut inclure une protection contre la coqueluche (on l’appelle dans ce cas « dTcaP »), ou pas.

Enfin, pour les professionnels de la petite enfance (dont les agents des crèches, assistants maternels, etc.), la HAS rappelle que le rappel vaccinal doit être effectué à 25, 45 et 65 ans. Mais elle recommande, pendant cette période d’épidémie, l’administration d’une dose de rappel « si la dernière injection date de plus de 5 ans ». 

La HAS indique néanmoins que ces recommandations exceptionnelles ne modifient pas le calendrier vaccinal en vigueur, ce qui pourra toutefois évoluer « en fonction de l’évolution des indicateurs épidémiologiques ». 




Social
Le risque de la précarité, de génération en génération
Les personnes ayant vécu dans une situation de précarité à l'adolescence ont davantage de risque d'être pauvres devenues adultes, selon une étude qui confirme le phénomène de reproduction sociale, et l'importance, pour l'éviter, de favoriser mixité et accompagnement scolaire, plaident les associations.

Parmi les anciens adolescents précaires, presque un sur quatre est pauvre adulte, contre environ un sur dix chez les ex-ados non précaires, soit un risque de pauvreté 2,25 fois plus élevé, d’après cette étude de France Stratégie publiée lundi et réalisée sur un échantillon de quelque 5  500 adultes âgés de 30 à 54 ans en 2019.

À environnement familial comparable à l’adolescence (niveau de diplôme des parents, origine migratoire, type de ménage, etc.), le risque de pauvreté reste 1,6 fois plus élevé. Avec un risque encore plus important pour les femmes (1,9 fois par rapport à une adolescente non précaire) que pour les hommes (1,2).

« Effectivement, on a malheureusement au quotidien de nouvelles familles ou d’anciens jeunes qui arrivent, issus de familles qu’on avait aidées par le passé », confirme auprès de l’AFP Jean Stellittano, secrétaire national du Secours populaire français. « La pauvreté entretient la pauvreté, de génération en génération ».

Les adolescents en situation de précarité, selon France Stratégie, subissent au moins deux critères sur les quatre suivants : sentiment de précarité financière, incapacité à partir en vacances, manque quotidien de protéines et manque de matériel scolaire.

Ils vivent dans des environnements moins favorables : mère souvent inactive, ménage monoparental, un parent absent ou décédé, famille nombreuse. Des écarts importants sont aussi liés au fait de ne pas d’avoir de parent diplômé du supérieur, deux parents immigrés ou d’être né à l’étranger.

 « Décrochage »

La reproduction de la pauvreté s’explique notamment par le parcours éducatif: près d’un ancien adolescent précaire sur quatre n’a obtenu que le brevet ou moins, contre un sur dix pour les autres, et ils sont deux fois moins nombreux à être diplômés du supérieur.

Des études qu’ils peuvent être obligés d’arrêter faute de moyens: « Dans nos antennes étudiantes, on observe des décrochages, parce que les jeunes sont obligés de travailler, pas seulement pour financer leurs études mais aussi pour subvenir aux besoins de la famille », raconte Jean Stellittano. « Et au bout d’un moment, il y a échec scolaire et ils abandonnent ».

Plus de six anciens adolescents précaires sur dix sont aujourd’hui employés ou ouvriers, contre environ quatre sur dix chez les autres. Et nombreux sont ceux qui continuent à vivre dans des types de ménages associés à un risque accru de pauvreté (ménage monoparental, famille nombreuse, etc.) 

Chez les femmes, la probabilité pour les anciennes adolescentes précaires d’être en situation de monoparentalité est ainsi de quelque 40 % supérieure aux autres.

« Autres vies possibles »

Pour leur 40e campagne cet hiver, les Restos du Coeur, « extrêmement préoccupés par la jeunesse des personnes qu’ils accueillent » – 50 % ayant moins de 25 ans –, mettront la priorité sur les familles monoparentales et les bébés de moins de trois ans. 

« L’objectif, c’est que ces 126 000 bébés ne soient pas dans 20 ans 126 000 adultes qui viendront aux Restos », explique le porte-parole de l’association, Yves Mérillon. Citant une étude de l’OCDE de 2018, montrant qu’en moyenne, il faut six générations pour que quelqu’un de la classe populaire accède à la classe moyenne, il estime nécessaire de développer l’accompagnement scolaire, comme le font les Restos.

Selon Jean Stellittano, il faut aussi travailler sur la mixité sociale, notamment scolaire, « vraiment mise à mal » en France avec « les pauvres (qui) restent entre pauvres », les riches entre riches.

Une mixité que le Secours populaire tente de favoriser, avec les vacances qu’elle organise, en soulignant les « effets positifs qu’elle peut avoir sur les jeunes en termes d’ouverture, de culture générale ou en leur permettant de réaliser qu’il y a d’autres vies possibles » que les « petits boulots » de leur père, mère ou voisins.

Car selon l’étude de France Stratégie, si près d’un ancien adolescent précaire sur trois a un niveau de vie parmi les 20 % les plus faibles à l’âge adulte, 30 % parviennent au contraire à se situer parmi les 40 % les plus aisés.
 







Copyright 2020 AMF - www.maire-info.com - Tous droits réservés