Édition du lundi 22 janvier 2024

Agriculture
La fronde des agriculteurs prend de l'ampleur
Le mouvement de protestation des agriculteurs qui se développe dans plusieurs pays d'Europe gagne la France et provoque l'inquiétude du gouvernement, qui vient d'annoncer le report de son projet de loi sur l'agriculture. Explications. 

La protestation des agriculteurs contre le trop-plein de normes et la diminution de leurs revenus a, jusqu’à présent, pris une allure plutôt bon enfant, avec le mouvement de retournement des panneaux d’entrée de commune. Mais depuis la semaine dernière, la situation semble se tendre, dans la foulée de ce qui se déroule dans plusieurs pays d’Europe. 

Des Pays-Bas à l’Allemagne

La fronde au long cours des agriculteurs européens a débuté il y a un an et demi aux Pays-Bas : l’annonce du gouvernement de sa volonté de réduire de 30 % le cheptel bovin, pour des raisons environnementales, et qui aurait pu conduire à la disparition de plus de 10 000 exploitations, a provoqué des manifestations violentes dans tout le pays. Cette révolte a eu des conséquences politiques, avec l’émergence d’un nouveau parti plutôt marqué à l’extrême droite, le Mouvement agriculteur citoyen, qui a réalisé entre 20 et 30 % des voix dans les régions agricoles aux élections provinciales de mars 2023. 

Ce mouvement néérlandais a ensuite fait tache d’huile en Belgique, puis en Espagne, où des milliers d’agriculteurs ont manifesté le 5 septembre dernier contre la hausse des coûts et « les normes environnementales ».

Plus récemment, c’est en Roumanie et en Allemagne que la fronde a pris de l’ampleur.

En Roumanie, les agriculteurs sont inquiets des mesures de soutien de leur gouvernement – et de l’Europe – à l’agriculture ukrainienne, craignant un effet de concurrence déloyale. Début janvier, des milliers de tracteurs ont convergé vers Bucarest et ont bloqué les passages frontière avec la Hongrie, l’Ukraine, la Bulgarie et la Serbie. La situation n’est toujours pas débloquée à ce jour. 

En Allemagne, enfin, le pays est confronté à la plus importante fronde des agriculteurs depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. C’est la décision du gouvernement, en décembre, de supprimer brutalement les subventions au diesel agricole qui a mis le feu aux poudres, et fait converger des dizaines de milliers de tracteurs vers Berlin, bloquant la ville pendant toute la journée du 15 janvier. Une nouvelle manifestation a eu lieu à Berlin samedi dernier. 

Des panneaux retournés au blocage

En France aussi, le mécontentement est bien là, dirigé – comme partout en Europe – contre le « Green deal », le « Pacte vert » européen, un paquet de mesures visant à décarboner l’Europe, si violemment rejeté par les agriculteurs du continent que les 27 ont dû décider d’une « pause réglementaire », l’été dernier, pour tenter de déminer la situation. 

La fronde a pris une forme originale en France avec le mouvement dit de « la rébellion des panneaux ». L’idée est venue de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs du Tarn, qui ont eu, en octobre, l’idée de dévisser et réinstaller à l’envers les panneaux d’entrée de communes. Ce mouvement a eu un succès fulgurant et a gagné de nombreuses régions rurales du pays – ce sont des centaines, peut-être des milliers de communes qui ont ainsi vu leur panneau d’entrée placé à l’envers, pour symboliser « une France qui marche sur la tête ». 

Mais depuis quelques jours, la contestation prend à son tour une forme plus radicale. Pour les agriculteurs, les raisons de la colère sont innombrables : inflation – notamment sur les prix énergétiques –, normes environnementales, baisse des prix de vente de leurs produits, taxes jugées trop importantes, retards de paiements dans les aides de la PAC…

Depuis le mardi 16 janvier, en Occitanie, les agriculteurs ont entamé un mouvement qui s’est soldé, depuis le 19 janvier, par le blocage de l’autoroute A64 au sud de Toulouse. Le mouvement pourrait faire tache d’huile : un blocage a été organisé dans l’Ariège, un autre ce matin entre Toulouse et Bordeaux. Depuis ce matin également, les accès à la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, sont bloqués par des tracteurs. Plus inquiétant : un bombe artisanale a soufflé, dans la nuit de jeudi à vendredi, un bâtiment vide de la Dreal à Carcassonne. S’il n’est pas formellement prouvé que cette explosion est liée à la fronde des agriculteurs, les autorités l’envisagent sérieusement. 

Le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé ce matin que des actions de blocage allaient être lancées « toute la semaine » et dans tout le pays. Il a également fait planer la menace d’un boycott du Salon de l’agriculture, qui doit se tenir à Paris à partir du 24 février. 

Réduction des normes

Le gouvernement se montre manifestement inquiet de cette situation et de la possible reprise d’un mouvement de type Gilets jaunes. Le chef de l’État a demandé aux préfets, ce week-end, d’aller à la rencontre des agriculteurs sur tout le territoire, et les ministres multiplient les déclarations de « compréhension » et de « soutien » au ras-le-bol des agriculteurs. Témoin Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, qui a déclaré hier que les agriculteurs avaient « totalement raison » d’être en colère et qu’il « partage la douleur des paysans français »

Le Premier ministre, Gabriel Attal, va recevoir la FNSEA ce soir. 

Première décision concrète : le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé ce week-end le report « de quelques semaines » de la présentation du projet de loi « en faveur du renouvellement des générations en agriculture », qui devait arriver en Conseil des ministres mercredi. Le texte va être retravaillé pour y ajouter un volet « simplification des normes », « raccourcissement des délais administratifs » et « arrêt de la surtransposition des normes européennes », a promis le ministre. 

Il n’est pas sûr que cette annonce suffise à désamorcer la colère des agriculteurs. Réponse à partir d’aujourd’hui et de demain, ou des « actions » sont prévues dans de nombreux départements, des Pyrénées-Orientales au Nord en passant par le Rhône ou les Deux-Sèvres. Des agriculteurs, sur le point de blocage de l’A64, ont promis que la France serait « paralysée » mercredi et qu’ils étaient prêts à « bloquer Paris ». 




Logement
Projet de loi habitat dégradé : début aujourd'hui des débats sur un texte largement amendé en commission
L'examen en séance publique, à l'Assemblée nationale, du projet de loi sur le traitement de l'habitat indigne débute aujourd'hui. Le texte présenté par le gouvernement a été amendé en commission, avec l'ajout de certaines dispositions allant dans le sens des demandes des associations d'élus. 

Le projet de loi sur le traitement de l’habitat indigne vise, notamment, à réduire les délais de mise en œuvre des opérations de rénovation lourde des copropriétés dégradées, en donnant aux collectivités « des outils pour intervenir plus vite et plus en amont ». 

Sans revenir sur l’ensemble des dispositions de ce texte touffu, détaillé dans Maire info le 13 décembre dernier, rappelons que ce texte devrait permettre de créer une nouvelle procédure d’expropriation simplifiée des immeubles insalubres ou dégradés de façon « irrémédiable ». Le texte clarifie également le régime de « préemption renforcée » et prévoit d’améliorer la connaissance du parc des copropriétés dégradées en ajoutant dans le registre national d’immatriculation des copropriétés les données du DPE (diagnostic de performance énergétique). 

Les amendements votés en commission

En commission, une centaine d’amendements a été ajoutée à ce texte, certains répondant à des demandes de l’AMF. C’est notamment le cas des amendements concernant les sanctions contre les marchands de sommeil – l’association s’était émue de ce que rien ne figure sur ce sujet dans le texte initial. Un amendement porte à 200 000 euros d’amende et 7 ans de prison la sanction contre « le fait de mettre à disposition d’une personne, moyennant une contrepartie, un hébergement incompatible avec la dignité humaine » ; un autre prévoit de punir d’un an de prison et 20 000 euros d’amende le fait de louer à une personne un logement sans contrat écrit et avec paiement du loyer de la main à la main. 

Un important amendement donne de nouveaux pouvoirs au maire sur le traitement des constructions « irrégulièrement édifiées » et présentant « un risque sécuritaire » : cette disposition permettrait aux maires de prononcer, sous contrôle du juge, « la démolition d’office de cette construction ». Jusqu’à présent, le maire ne pouvait que prononcer une mise en demeure, sans avoir de réels moyens de la faire appliquer. L’amendement, travaillé avec l’AMF, permettra aux maires d’intervenir très en amont, non seulement pour préserver la sécurité des personnes et des biens mais également pour « garantir l’effectivité de la nécessaire maîtrise, par les collectivités publiques, de l’occupation des sols et du développement urbain ». 

La commission a également souhaité introduire dans le texte une disposition permettant de faciliter le relogement des personnes délogées à l’occasion d’opérations de lutte contre l’habitat indigne. Dans le cadre de ces opérations, il deviendrait possible de bâtir des constructions temporaires sans autorisation d’urbanisme, pour une durée de cinq ans au plus. Cette construction serait soumise à l’avis du maire. 

Au sujet de la « connaissance collective » de l’état du parc immobilier, un amendement a été voté qui permet au maire de « définir des secteurs dans lesquels est obligatoire pour tout immeuble bâti la réalisation, au moins une fois tous les dix ans, d’un diagnostic structurel de l’immeuble incluant une description des désordres observés et évaluant les risques qu’ils présentent pour la sécurité des occupants et celle du voisinage ». Un sous-amendement a ensuite modifié cette disposition pour confier la définition de ces secteurs non au seul maire, mais au PLU, selon la procédure de modification simplifiée. En effet, soulignent les auteurs de l’amendement, « la délimitation de zonages et secteurs d’urbanisme imposant des prescriptions aux immeubles bâtis ou à construire doit relever des documents du PLU ou PLUi ». 

Il est à noter, en revanche, que les députés n’ont pas fait évoluer le texte sur un sujet demandé par l’AMF : l’accompagnement financier de l’État pour soutenir les travaux engagés par les collectivités. En revanche, répondant en partie à une demande de l’AMF concernant les avances de fonds, un amendement a été adopté pour créer « une nouvelle formule d’emprunt en faveur des copropriétés, destinée à financer spécifiquement des travaux dits d’intérêt général. »

Amendements gouvernementaux

Le texte va être débattu à partir d’aujourd’hui et jusqu’à jeudi en séance publique. Il devrait encore évoluer, puisque plus de 300 amendements ont été déposés, dont une vingtaine ont été déposés par le gouvernement.

Un certain nombre de ces amendements gouvernementaux porte sur le nouvel « emprunt collectif » ajouté en commission par les députés. Bonne nouvelle, le gouvernement prévoit apparemment, au-delà de cette nouvelle possibilité d’emprunt, « d’élargir le champ d’intervention du fonds de garantie de la rénovation énergétique à l’ensemble des travaux de rénovation des copropriétés en difficulté, et pas uniquement aux travaux de rénovation énergétique ». 

Un autre amendement du gouvernement semble intéressant : il prévoit que les communes ou EPCI compétents puissent habiliter un « opérateur spécialisé » (par exemple un établissement public foncier) pour conclure « avec un syndicat de copropriétaires connaissant des difficultés financières, une convention par laquelle celui-ci lui achète son terrain tout en lui laissant la pleine propriété du bâti ». Le produit de la cession devrait permettre aux copropriétés de réaliser des travaux de rénovation et d’entretien. 

Enfin, le gouvernement ne rejette pas les dispositions concernant le « diagnostic structurel », mais propose de récrire le nouvel article 8 bis pour préciser ces dispositions et « rendre le dispositif plus opérationnel ». Ce ne serait ni « le maire » ni « le PLU » qui seraient chargés de définir les secteurs dans lesquels ces diagnostics doivent être réalisés, mais « la commune ». Ce diagnostic ne s’appliquerait qu’aux immeubles de plus de 15 ans et ne concernerait que « la solidité de l’immeuble ». Enfin, le gouvernement souhaite que cette obligation soit satisfaite par « l’élaboration d’un projet de plan pluriannuel de travaux pour les copropriétés dans lesquelles la réalisation de ce dernier est obligatoire, dans la mesure où le projet de plan pluriannuel de travaux comporte des volets relatifs à la sauvegarde de l’immeuble et à la sécurité des occupants ». 

Accéder au texte de la commission.




Fonction publique
L'accélération des départs à la retraite va peser sur les collectivités
Une étude Inet/Banque Postale pointe la menace que fait peser le vieillissement de la pyramide des âges au sein de la fonction publique territoriale. Avec un agent sur quatre âgé de plus de 55 ans, la perspective de départs à la retraite massifs et une attractivité en berne, les collectivités doivent repenser leur stratégie RH.

En 2020, plus du quart des agents de la fonction publique territoriale (25,8 %) dépassait l’âge de 55 ans. Ce vieillissement des effectifs, avec comme corollaire des départs à la retraite massifs dans les prochaines années, interpelle fortement les collectivités. Ces dernières se trouvent, en effet, dans l’obligation d’anticiper dès à présent le renouvellement de leurs équipes. Pour les décideurs locaux, l’enjeu est clair : assurer la continuité du service public avec le même niveau de qualité pour l’usager, alors que persistent de grandes difficultés à recruter sur certains postes. C’est en substance ce que montre une récente étude (1) réalisée par l’Institut national des études territoriales (Inet) en partenariat avec la Banque Postale. 

Le premier enseignement tiré par les auteurs de l’étude met en évidence l’ampleur et la rapidité du vieillissement de la population territoriale. Si tous les versants de la fonction publique sont confrontés à la problématique d’une pyramide des âges vieillissante, la part des séniors croît à un rythme particulièrement soutenu au sein de la fonction publique territoriale (FPT). 

En dix ans, la proportion des agents territoriaux âgés de 55 ans et plus a, en effet, bondi de 9,4 points. Entre 2010 et 2020, cette part a augmenté de seulement 4,2 % dans la fonction publique d’État (FPE) et de 5,5 % dans la fonction publique hospitalière (FPH) pour atteindre respectivement 18,4 % et 17,3 % des effectifs totaux de ces versants. À noter que pour l’ensemble du secteur public, le taux d’emploi global des seniors s’élève à 21 % contre 17 % dans le privé. 

Disparité en fonction des territoires et des cadres d’emploi

Autre élément pointé par le document : le taux d’agents âgés de plus de 55 ans est plus important parmi les personnels titulaires que chez les contractuels. Là encore, la FPT creuse l’écart puisqu’elle compte 28,6% de seniors parmi les agents titulaires (14,4 % pour les contractuels) contre 22,1 % dans la FPE (15,3 % pour les contractuels) et 19,8 % dans la FPH (8,4 % pour les contractuels). 

L’étude montre également que le vieillissement des effectifs n’impacte pas uniformément les territoires. Dans certains départements métropolitains, par exemple, on observe une sur-représentation des seniors dans les collectivités. C’est notamment le cas des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, de la Seine-Saint-Denis ou du Lot-et-Garonne où les agents les plus âgés représentent respectivement 32,3%, 31,9 %, 31,3 % et 30,9 % des territoriaux. 

De même, des disparités apparaissent en fonction des cadres d’emploi. Le vieillissement de la pyramide des âges est particulièrement visible dans certaines filières. Chez les agents de maîtrise titulaires, le taux d’emploi senior atteint 41,4%, alors qu’il est de 35,2% chez les agents des écoles maternelles et de 32% chez les agents techniques. À l’inverse, dans certains métiers, on compte relativement peu d’agents âgés. C’est notamment le cas des adjoints d’animation (dont seulement 12,3 % dépassent le cap des 55 ans) ou celui des auxiliaires de puériculture (où les seniors représentent 19,4 % des effectifs). 

Certaines collectivités se préparent à perdre 25 % de leurs agents d’ici à 5 ans

Dans cette situation, les collectivités se trouvent dans l’obligation d’anticiper l’accélération des départs à la retraite qui se profile. D’autant qu’entre 2016 et 2022, l’âge moyen de départ à la retraite dans la fonction publique territoriale est passé de 61 ans et 2 mois à 62 ans et 3 mois.

C’est dans ce contexte que le quart des collectivités interrogées affirme projeter le départ de 15 à 25% de leurs agents d’ici à 5 ans. Un phénomène qui va sensiblement amplifier le mouvement des départs à la retraite constaté en 2020, année où les fins de carrière concernaient principalement les agents des communes (55 %) loin devant ceux des départements (16 %) et des EPCI (11 %). A noter qu’en 2020, les départs à la retraite impactaient principalement la filière technique (54 %), loin devant les filières administrative (25 %) et médico-sociale (13 %). 

Au-delà de l’hémorragie annoncée dans les effectifs territoriaux, l’étude souligne que les collectivités font preuve de résilience. « Les départs à la retraite peuvent, en effet, être un moyen de maîtrise de la masse salariale dans un contexte budgétaire contraint et dans la perspective d’une nouvelle contractualisation avec l’État, mais ils peuvent également être l’opportunité de redéfinir le niveau de service public et de faire évoluer certains métiers », soulignent notamment les auteurs du document. 

Des chantiers RH à lancer sans attendre 

Les collectivités se trouvent donc face à d’importants chantiers RH à lancer dans les prochaines années alors qu’elles pâtissent d’une attractivité en berne puisque 39 % des employeurs territoriaux déclaraient en 2021 éprouver des difficultés à attirer de nouveaux talents. « Pour de nombreux métiers en tension (filière sociale et médico-sociale, petite enfance, animation, métiers à forte technicité notamment), les départs à la retraite peuvent faire courir un risque pour la continuité du service public lorsqu’ils se concentrent dans ce type de métiers », indique l’étude, citant notamment les métiers de chargé de propreté des locaux, d’agent de service polyvalent en milieu rural ou encore d’assistant de gestion administrative particulièrement concernés par le double effet des départs en retraite et du manque d’attractivité pour d’éventuels candidats. 

Préparer le « bien-vieillir au travail »

Au-delà des difficultés de recrutement qui guettent les entités territoriales, l’étude souligne que le vieillissement de la pyramide des âges et les départs qui vont en découler risquent de se traduire par « une perte de compétences et de connaissances dommageable pour les collectifs de travail ». 

Cependant, le document montre que des opportunités peuvent s’offrir aux collectivités les plus agiles. Ces dernières pourront, par exemple, renouveler leurs équipes en y amenant de nouvelles compétences (numérique …), s’interroger sur la pertinence du poste et son calibrage ou encore réorganiser un service ou une direction. Enfin, les organisations territoriales sont invitées à réfléchir à la prise en charge du vieillissement au travail. « Une politique du bien-vieillir au travail permet de réduire les départs anticipés, les risques d’usure professionnelle, de garder les agents plus longtemps au sein de la collectivité en leur proposant des évolutions de carrières satisfaisantes et d’attirer de nouveaux talents ».

(1) Étude publiée le 21 décembre 2023 et réalisée à partir de 33 entretiens conduits dans les directions RH de10 communes, 3 EPCI, 9 services mutualisés d’intercommunalités et de communes et 11 conseils départementaux.

Télécharger l’étude.




Catastrophes
À La Réunion, les réseaux sont rétablis mais l'agriculture est dévastée
La vie reprend normalement sur l'île de La Réunion, où les établissements scolaires ont rouvert ce matin. Si la situation revient peu à peu à la normale en termes d'accès aux réseaux, elle est, en revanche, catastrophique pour les agriculteurs, frappés de plein fouet par le cyclone. 

Après une semaine de fermeture, pour permettre de faire un état des lieux des bâtiments, les établissements scolaires et universitaires ont rouvert ce matin à La Réunion. Bien qu’ayant subi d’importants dégâts – infiltration d’eau, faux plafonds effondrés, chutes d’arbres – la plupart des établissements ont pu rouvrir, à l’exception de l’Observatoire de physique de l'atmosphère de Maïdo. 

Les réseaux largement rétablis

D’après la préfecture de l’île, les problèmes d’accès aux réseau étaient, hier, en voie de résorption presque totale : « 99,6 % de la population réunionnaise a accès à l’eau », indique le préfet, mais seulement 80 % à une eau potable « confirmée par les analyses ». 

Alors qu’à la fin de l’alerte rouge, 150 000 clients EDF étaient privés d’électricité, ils n’étaient plus que 7 500 hier. 16 400 foyers restent privés de téléphone fixe (133 000 à la fin de l’alerte), et 81 relais de téléphonie mobile restent hors service, contre 510 mercredi dernier. 

Dans la quasi-totalité des communes, il n’y a plus aucun foyer touché par les coupures en eau, les problèmes étant concentrés sur la commune de Saint-Joseph, où 31 % des foyers restent privés d’eau. 

La préfecture a également indiqué, dans un autre communiqué, que la baignade en rivière est « fortement déconseillée » (il fait aujourd’hui 32 ° C à La Réunion), pour des raisons de manque d’informations sur la qualité de l’eau. Il est en revanche possible de se baigner en mer, mais « le passage du cyclone s’est traduit par de très forts dégâts sur certains sites de baignade et certains d’entre eux ne peuvent pas encore recevoir de public ». La préfecture rappelle également que le risque « requin » est plus élevé après le passage d’un cyclone, et appelle donc à la prudence sur ce point. 

Agriculture ravagée

Les plus durablement frappés par le cyclone sont les agriculteurs. « Il n’y a pas une seule zone de l’île, ni un seul secteur qui n’a pas été impacté », indiquait en fin de semaine Frédéric Vienne, le président de la Chambre d’agriculture. Sans pouvoir encore estimer le montant des pertes, il est convaincu qu’il sera supérieur aux 40 millions d’euros qu’avait coûté aux agriculteurs le cyclone Bejisa en 2014, ou des 47 millions de dégâts de Batsirai en 2022. 

Entre le vent, la pluie et les inondations, toutes les plantations ont été abimées ou détruites. 90 % de la production de bananes sont perdus, et au moins 70 % de de la filière fruits et légumes. Entre 25 et 35 % des plants de canne à sucre sont à terre. Là où les arbres ne sont pas tombés, les fruits – comme les ananas – sont tellement gorgés d’eau qu’ils « commencent à pourrir ». De nombreuses serres ont été détruites, et les inondations et coulées de boue ont lessivé les sols de façon catastrophique. Enfin, de nombreuses têtes de bétail, élevées en plein air, ont été tuées par le cyclone (sans que le chiffre soit encore disponible) et des élevages en dur ont été détruits. 

Au-delà de la situation de nombreux  agriculteurs qui ont « tout perdu », les Réunionnais craignent également une flambée des prix sur les étals, la production locale étant en grande partie détruite. 

Il est donc attendu, sur l’île, une réaction très rapide du gouvernement. Non seulement sur la déclaration en état de catastrophe naturelle – toujours pas intervenue à ce jour – mais également sur le versement des aides financières directes. Les agriculteurs gardent un souvenir amer du passage de Batsirai, en février dernier : les aides promises ne sont tombées qu’au mois de décembre, et encore, à hauteur de seulement un tiers de ce qui était promis. 

Des craintes se font jour également sur le sort des habitants vivant dans des habitats précaires. Si le pire a été évité par l’hébergement d’urgence, durant le cyclone, de la plupart de ces personnes dans des centres mis en place par les communes, l’après-cyclone va être compliqué, beaucoup de ces habitats dits « informels » ayant été détruits par la tempête. 




Sexisme
Inégalités dans l'éducation, réflexes sexistes persistants : le sexisme ne recule toujours pas en France
Si la société française est de plus en plus consciente des inégalités entre les femmes et les hommes, les stéréotypes continuent de forger les mentalités et les comportements des plus jeunes. La famille, l'école et le numérique sont les trois sphères où s'ancre durablement le sexisme, selon le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.

Le sixième état des lieux sur l’état du sexisme en France réalisé pour le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) « dresse le constat d’une société française de plus en plus consciente des inégalités entre les genres mais souligne que le sexisme ne recule pas ».

Les chiffres s’aggravent sur l’état du sexisme en France : les stéréotypes liés au genre se renforcent et les femmes racontent toujours vivre des situations inacceptables à cause de leur genre. C’est pourquoi cette année, le HCE a cherché à connaitre les raisons de la persistance du sexisme, afin de « le combattre là où il naît ». L’éducation familiale mais aussi scolaire joue un rôle déterminant dans la reproduction des schémas sexistes. Le numérique est aussi identifié comme « un engrenage » qui l'alimente.

Sexisme tenace et retour aux valeurs traditionnelles 

Si 92 % des Français considèrent que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière dans au moins une des sphères de la société, les inégalités sont loin de s’effacer pour autant. Les stéréotypes semblent en effet avoir la peau dure. Par exemple, 70 % des hommes pensent qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille pour être respecté dans la société (63 % des femmes le pensent). Du côté des femmes, 78 % d’entre elles pensent qu’on attend d’elles qu’elles soient sérieuses (70 % des hommes le pensent) et 52 % qu’elles aient des enfants (41 % des hommes).

Certaines idées désignées comme des « clichés » progressent même en 2023. 42 % des Français considèrent « qu’il est plus difficile pour les hommes de pleurer que pour les femmes » alors qu’ils étaient 39 % l’année dernière. De même, l’idée que « les femmes sont naturellement plus douces que les hommes » progresse de 3 points (53 %) par rapport à l’année dernière. 

L’étude met en lumière un retour des idées « conservatrices ». Les hommes de 65 ans et plus sont 51 % à estimer que les femmes doivent s’arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Enfin, plus inquiétant encore, « on observe chez les hommes plus jeunes, notamment la tranche des 25-34 ans, davantage d’adhésion aux clichés masculinistes, qui semblent perçus comme une valorisation de leur genre au détriment des femmes ». Les jeunes hommes estiment par exemple qu'ils sont davantage faits pour être patrons (28 %) et qu’ils sont plus performants dans les carrières liées aux sciences (29 %). Ce type de mentalité mène indirectement un quart des jeunes hommes à penser « qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter ». Un chiffre accablant. 

Enfin, lorsque l’on s’intéresse aux principales victimes du sexisme, on remarque que 54 % des femmes ressentent une injonction à la maternité. En plus des injonctions, des menaces pèsent sur les femmes. Ainsi, 37 % des femmes déclarent avoir vécu au moins une situation de non-consentement, alors que seulement 23 % des hommes reconnaissent avoir été l’auteur d’au moins une situation de non-consentement. « Un décalage qui évoque toujours un manque de prise de conscience notable de la part des hommes », indiquent les auteurs de l’étude. 

Ces inégalités ont encore poussé les femmes à mettre en place « des stratégies de renoncement ou d’évitement » pour ne pas être en danger. Ainsi, 58 % des femmes déclarent qu’elles ont déjà renoncé à sortir faire des activités seules (+ 3 points) ; 44 % qu’elles ont fait attention à ne pas hausser le ton (+ 3 points) ; et 43 % qu’elles ont censuré leurs propos par crainte de la réaction des hommes (+ 3 points).

« Éducation au sexisme » 

« L’édition 2024 du baromètre sexisme a choisi d’étudier le terreau du sexisme, les ''incubateurs du sexisme'' que sont la famille, l’école et les contenus numériques, pour montrer qu’il existe une véritable ''éducation" au sexisme ». 

Dans le cercle familial, les parents ont le sentiment d’avoir éduqué leurs enfants de sexe opposé de façon identique. Pourtant, les Français qui ont grandi avec un enfant du sexe opposé sont plus nombreux que leurs parents à constater des différences. Par exemple, seulement 54 % d’entre eux estiment avoir reçu une éducation identique sur le partage des tâches ménagères et 64 % sur le choix vestimentaire et l’apparence physique. Enfin, « les jouets reçus et offerts continuent de refléter et de perpétuer les stéréotypes de genre » : « Seulement 3 % des hommes ont reçu des poupées et 4 % des femmes des jouets voiture dans leur enfance. »

Du côté de l’école, le HCEfh estime que des schémas sexistes sont reproduits inconsciemment, qui ont « des conséquences directes sur l’orientation » : « 74 % des femmes n’ont jamais envisagé de carrière dans les domaines scientifiques ou techniques ». Ces inégalités de genre à l’école vont de pair avec « des carences dans l’éducation à l’égalité ». 2 français sur 10 déclarent que les situations sexistes sont condamnées par les professeurs. Autre mauvais signal : 62 % des Français n’ont jamais suivi une seule séance d’éducation sexuelle et affective. « Des signes positifs sont toutefois perceptibles dans les jeunes générations puisque le sentiment que les inégalités sont prises en charge par le personnel scolaire comme la part de ceux qui ont suivi une séance d’éducation sexuelle et affective augmentent », peut-on lire dans le rapport.

De nombreux enjeux se trouvent également dans les sphères audiovisuelle et numérique. Les réseaux sociaux apparaissent de plus en plus comme une vitrine pour les injonctions conservatrices. Très récemment par exemple, on observe l’émergence de la tendance #tradwife (épouse traditionnelle en français). Ces contenus valorisent un « mode de vie de femme mariée, "soumise" aux désirs et à la carrière de son mari, sans emploi et entièrement dédiée à son foyer ». Sur TikTok, le réseau social le plus plébiscité par les jeunes générations, « les vidéos dites humoristiques sont dominées par des représentations dégradantes et humiliantes des femmes (42,5 %) », mettant en avant souvent de jeunes hommes affublés d’une perruque aux cheveux longs, singeant les mimiques considérées comme étant propres aux femmes. 

Sans surprise, Internet n’est pas le seul média véhiculant des représentations dégradantes pour les femmes. 55 % des Français constatent que les femmes sont sexualisées dans une majorité de films et séries et encore plus dans les publicités. Dans les faits, les personnages féminins principaux sont encore souvent cantonnés au foyers (45 %). Les contenus pornographiques sont également un catalyseur des violences sexistes et sexuelles : « Les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que 64 % des hommes de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles »

Pour un réveil des consciences 

Le sexisme, s’il fait depuis quelques années la Une de l’actualité (notamment depuis le mouvement #MeToo) , reste cependant nié par de nombreux Français en tant que fait social ou ignoré par d'autres du fait d'une absence de prise de conscience. Ainsi, le HCE alerte sur la nécessité « d’une prise de conscience collective de la part de la société, des parents, de l’école, qui ne conscientisent pas et diffusent les stéréotypes ».

« Des attentes très fortes s’expriment donc à l’égard des pouvoirs publics pour une prise en charge de la prévention et la lutte contre le sexisme : 84 % des Français estiment qu’elle doit être prioritaire dans l’agenda des pouvoirs publics, d’autant plus que le sentiment d’impunité des actes et propos sexistes stagne toujours à un niveau élevé (75 %) ».

Consulter le rapport. 
 






Journal Officiel du dimanche 21 janvier 2024

Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer
Arrêté du 4 janvier 2024 révisant des certifications professionnelles délivrées par le ministère de l'intérieur et des outre-mer
Journal Officiel du mercredi 20 décembre 2023

Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Décret n° 2023-1208 du 18 décembre 2023 portant application de l'article L. 171-4 du code de la construction et de l'habitation et de l'article L. 111-19-1 du code de l'urbanisme
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Arrêté du 14 décembre 2023 modifiant l'arrêté du 9 février 2009 relatif aux modalités d'immatriculation des véhicules
Ministère de l'Économie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique
Arrêté du 15 décembre 2023 portant modification de l'annexe de l'arrêté du 13 octobre 2023 pris en application de l'article 14 de la loi n° 2022-1157 du 16 août 2022 de finances rectificative pour 2022, portant attribution définitive de la dotation mentionnée au I de l'article 14 de la loi n° 2022-1157 du 16 août 2022 de finances rectificative pour 2022

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