Édition du vendredi 26 mai 2023

Logement
La crise du logement s'aggrave et « le gouvernement regarde ailleurs », alertent les associations d'élus
Critiquant l'action du gouvernement en matière de logement, les élus locaux s'alarment de l'aggravation à venir de la crise et demandent un soutien financier pérenne aux maires bâtisseurs. Entre autres propositions.

Les représentants des communes et des intercommunalités partagent « une très forte inquiétude par rapport à la crise dans laquelle le pays s’enfonce jour après jour ». C’est l’alerte, lancée hier, devant la presse, par la secrétaire générale de France Urbaine, Nathalie Appéré, accompagnée par les représentants de l’AMF, l’APVF, des Intercommunalités de France et de l’Amif. « Cette crise s’aggrave, et il y a la perception que le gouvernement regarde ailleurs », s’étonne celle qui est aussi maire de Rennes. 

Alors que la présentation des conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement a été reportée de manière « incompréhensible » au 5 juin, les élus locaux s’agacent de ce « mauvais signal envoyé ». « Nous ne comptons plus les groupes de travail auxquels nous avons participé » et les propositions qui ont été formulées, mais « les décisions ne viennent pas et sont perpétuellement ajournées ». Pourtant, il y a « urgence », assure Nathalie Appéré.

« Le paroxysme de la crise est devant nous »

« A chaque jour qui passe et à chaque report, les conséquences sont extrêmement concrètes [que ce soit] sur le quotidien de nos habitants [ou sur] nos territoires ». Faute d’accès à un logement, « des jeunes refusent des formations », « des femmes victimes de violence qui ne peuvent pas quitter leur conjoint », quand d’autres « renoncent à un emploi », constate l'élue, en rappelant que « la France compte 4 millions de mal-logés, 12 millions d’habitants fragilisés par rapport au logement » et « des inégalités d'accès qui grandissent dans un contexte d'inflation ».

L’engorgement est « à tous les niveaux » : la construction est en « net recul », les « taux d’intérêts sont très haut », les délais d’attente en logement social « explosent », « les prix se renchérissent » et la difficulté à trouver des logements, notamment à prix abordables, devient la règle. 

« Tous les maillons de la chaîne sont totalement enrayés […] et on nous dit que nous serions frileux, que nous gèlerions les permis de construire pour pouvoir être réélus ». « Faire porter le chapeau aux maires, c’est quand même sacrément gonflé », se crispe la maire de Rennes, en réaction visiblement aux propos du chef de l’Etat, au début du mois, qui estimait que « des maires, mis à la tête de grandes métropoles, ne veulent plus construire ».

Dans les faits, cette crise du logement est « globale », insiste, de son côté, le vice-président de l’Association des petites villes de France (APVF), Romain Colas. « Elle concerne l’ensemble de la France et des échelons de collectivités, mais [elle] se vit de manière contrastée. Dans les zones périurbaines, on a une tension formidable avec une offre qui ne suit pas la demande, et dans les zones rurales, à l’inverse, les centres-bourgs anciens qui, faute de requalification et d’investissements suffisants, se trouvent dans des situations de vacance des logements et de vacance commerciale », détaille le maire de Boussy-Saint-Antoine (Essonne).  

La situation est d’autant plus inquiétante que « le paroxysme » de la crise serait plutôt « devant nous », estime Thierry Repentin, le secrétaire général adjoint de l’AMF et maire de Chambéry. « Les problématiques tendues - voire catastrophiques selon les territoires - vont aller en s’aggravant », abonde Jean-Philippe Dugoin-Clément, premier vice-président de l’Association des maires d’Île-de-France (Amif), pour qui « l’effondrement des permis de construire des années 2020, 2021, 2022 et 2023, on va les sentir en 2025, 2026, 2027 et 2028. Et on ne récupèrera pas rapidement le retard pris ».

Soutien aux maires bâtisseurs

En cause notamment, la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales. Ce « péché originel » a entraîné « des effets pervers » sur les politiques du logement : « Aujourd’hui, accueillir du logement sur le territoire de sa commune, et singulièrement du logement social, ça veut dire assumer une charge nouvelle nette puisqu’il n’y a plus les recettes qui vont en face de la production de logements », rappelle Romain Colas, qui note que ce n’est « pas de nature à inciter les élus locaux parce que cela signifie financer les services publics pour les populations nouvelles ». Donc de nouvelles dépenses, sans nouvelles recettes. 

« On ne reviendra pas sur la taxe d'habitation. C'était une martingale électorale mais une faute majeure de gestion urbaine et politique », se désole aussi Jean-Philippe Dugoin-Clément, qui plaide pour l’instauration « d’une recette pérenne entre l’arrivée de nouveaux habitants, l’acte de construire, et les recettes, les budgets des communes » et « pas juste un "one shot», une aide ponctuelle. « Il faut un dispositif pour toutes les communes, qui tient compte des spécificités de chacune, qui soutient le logement social et est versé rapidement », explique-t-il.

Les élus veulent ainsi que les « maires bâtisseurs » soient davantage soutenus avec, par exemple, une augmentation du fonds pour la réhabilitation des friches, car, « quand on construit, il faut être courageux, on prend un risque budgétaire et politique ».

Pour Thierry Repentin, « il faut mettre en place un nouveau modèle économique » et « réformer un certain nombre de fiscalité pour redistribuer la valeur vers les communes et leurs groupements ». A ses yeux, certaines recettes pourraient être partagées différemment : « Les droits de mutation, par exemple, se font aujourd’hui à partir des dynamiques communales et intercommunales. Or, les communes et les intercos sont très peu destinatrices de ces fameux droits de mutation », juge-t-il, en proposant également d’expérimenter des outils à la manière de l'encadrement des loyers, avec notamment un « encadrement des prix du foncier ». « Tout est dans les propositions du CNR, il s’agit de les prioriser et de mettre les moyens ! ».

L’autre mesure qui percute le développement du logement, c’est le Zéro artificialisation nette (Zan) qui, « s’il n’y a pas de mesures prises, pourrait aggraver cette situation ». Les élus pointent ainsi la difficulté de construire en artificialisant le moins de sols possibles. « Le Zan va créer des injonctions paradoxales », assure le vice-président de l’APVF, en soulignant que « 75 % des maires considèrent que les nouvelles obligations vont avoir un effet à la baisse sur la production de logements et un tiers des maires déclarent avoir revu à la baisse leurs objectifs de production de logements ».

Zones touristiques : « Une plus grande autonomie »

Pour enrayer la crise, les élus locaux pointent un autre « énorme enjeu » qui se situe « dans les zones touristiques ». Romain Colas réclame ainsi une « plus grande autonomie à donner aux maires sur l'arbitrage entre politique du tourisme et politique du logement. C'est valable en Bretagne comme dans bien d'autres coins du pays ». 

« Les habitants sont chassés par le développement d'Airbnb et d'autres plateformes de location et donc, on ne trouve plus à se loger », observe-t-il. Un phénomène qui peut d’ailleurs être « renforcé et accéléré » du fait des mesures sur les passoires énergétiques (dont l'interdiction de leur mise en location), selon Jean-Philippe Dugoin-Clément. « Il faut donner de la souplesse sur la taxe sur les logements vacants et sur la taxe sur les résidences secondaires », affirme ainsi Thierry Repentin.

A l'approche de la présentation des conclusions du CNR Logement, la pression continue donc de monter sur l’exécutif puisque la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a également annoncé, hier, attendre « avec impatience » des mesures pour relancer leur activité - qui a poursuivi sa dégringolade au premier trimestre - selon son président Pascal Boulanger. 
 




Transition écologique
86 % des Français sont défavorables à la mise en place des ZFE, selon une consultation du Sénat
Le Sénat vient de publier les résultats de sa consultation lancée sur les ZFE (Zones à faibles émissions). Le dispositif est largement rejeté par les citoyens et est jugé comme étant un catalyseur d'inégalités.

C'est en mars dernier que la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a décidé de lancer une mission flash sur le sujet des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), créées par la loi d'orientation des mobilités de 2019 et renforcées par la loi Climat et résilience de 2021 (lire Maire info du 18 avril). 

« Sources de vives inquiétudes et de lourdes incompréhensions », ces ZFE-m ont fait l’objet d’une consultation publique menée par le rapporteur de la mission, le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot. Ce dernier a présenté hier, lors d’une conférence de presse, les résultats de la consultation en ligne organisée du 17 avril au 14 mai dernier. 

« Cette consultation a rencontré un succès inédit, avec 51 346 réponses complètes », est-il indiqué sur le site du Sénat. Comme l’indique le rapporteur, 93 % de réponses proviennent de particuliers dont 48 % résident au sein d’une métropole et 52 % au sein d’une commune péri urbaine ou rurale. « En outre, 60 % d’entre eux résident dans ou à proximité d’une ZFE parmi les 11 rendus obligatoires par la loi d’orientation des mobilités », a t-il précisé. 

« Un ressenti nettement négatif » 

Les résultats de cette consultation publique, à défaut de créer la surprise, montrent un avis tranché concernant la mise en place des ZFE. 86 % des particuliers répondants se disent opposés à la mise en place des ZFE ainsi que 79 % des professionnels répondants. 

Les réponses traduisent clairement un « ressenti nettement négatif sur la mise en œuvre des ZFE, faisant état d’une forte inquiétude quant aux conséquences sociales du dispositif ». En effet, ce qui préoccupe majoritairement les répondants c’est le « risque de creusement des inégalités sociales » que pourrait entraîner la mise en œuvre des zones à faibles émissions mobilité (ZFE), qui concernera d’ailleurs une quarantaine d’agglomérations d’ici fin 2024.

 « C’est de l’exclusion sociale pure », « il y a une discrimination flagrante entre les différents citoyens ; il y a ceux qui ont les moyens de suivre la technologie requise et les autres », « un sentiment d’injustice, quand le travail est concentré en métropole mais insuffisamment rémunérateur pour avoir accès à l’acquisition d’un logement en métropole, mais aussi à un véhicule propre »... Les réponses apportées traduisent cette peur d’exclusion de la part de certains citoyens. 

L’AMF alerte d’ailleurs « sur les risques de fracture territoriale entre zones urbaines, périurbaines et rurales » et « sur les risques de fractures sociales pour les habitants ne pouvant pas se procurer un véhicule « propre » mais aussi pour une part de ceux des zones périphériques qui seraient interdits de circuler dans les grands centres urbains ». 

Les obstacles à l’acceptabilité 

« La consultation a permis de mettre en lumière les principaux obstacles à l’acceptabilité des ZFE », peut-on lire dans la synthèse de la consultation. Premier frein : le coût d’acquisition des véhicules propres est considéré comme trop élevé pour 77 % des particuliers. D’ailleurs 83 % des répondants n’envisagent pas de changer de véhicule du fait de la mise en place des ZFE. L’accessibilité de la métropole est aussi considérée comme insuffisante pour 51 % des répondants depuis les zones périurbaines ou rurales avoisinantes. 

47 % estiment que le classement Crit’air manque de pertinence et 42 % expliquent notamment leurs réticences par l’insuffisance de l’offre de services et d’infrastructures de transport alternatifs à la voiture individuelle dans l’agglomération. Enfin, et c’est un peu ce qui a encouragé le Sénat a lancé cette mission, 40 % des particuliers regrettent le « manque de concertation en amont de la mise en place de la ZFE ». 

Ainsi, l’AMF « insiste sur la nécessité d’une concertation et d’une recherche d’équilibre entre les territoires » qui « passerait également par plus de souplesse et de liberté données aux collectivités ». Pour ce qui concerne le rapport final du sénateur des Alpes-Maritimes, il sera présenté à la mi-juin avec une série de recommandations où figurera sûrement la proposition d’un « report modal vers les transports en commun, car 40 millions de véhicules électriques ne régleront pas le problème de la congestion automobile ».




Fonction publique
La territoriale, locomotive de la croissance de l'emploi public en 2021
Une nouvelle étude de l'Insee indique que les collectivités ont vu leurs effectifs progresser de 0,9% en un an, soit un gain 16 900 postes. La fonction publique hospitalière connaît une progression plus mesurée tandis que le nombre d'agents reste stable au sein de la fonction publique d'État.

L’emploi public a fait un nouveau bond en avant au cours de l’année 2021 et la croissance des effectifs la plus importante a été observée dans la fonction publique territoriale (FPT). C’est notamment ce que montre une étude de l’Insee publiée le 23 mai. Selon ce document, 5,7 millions de personnes étaient employées dans les trois versants de la fonction publique au 31 décembre 2021, soit 21 300 de plus que l’année précédente (+ 0,4 %). Cette progression marque néanmoins un ralentissement par rapport à 2020, année où l’emploi public avait enregistré une hausse de 0,6 %. 

Ce sont les collectivités territoriales qui connaissent la plus forte dynamique de l’emploi. Avec 1,97 million d’agents – y compris les 347 000 contrats aidés, un nombre en progression en raison du rattrapage post-Covid et du plan « 1 jeune – 1 solution » –, la territoriale remuscle ses effectifs. Ces derniers gonflent, en effet, de 0,9 % en un an, soit un gain de 16 900 postes, après un repli de -0,4 % observé en 2020. A l’évidence, les employeurs territoriaux, qui avaient dû suspendre un certain nombre de recrutements en raison de la crise sanitaire, ont renforcé leurs équipes une fois tournée la page des confinements et des restrictions d’activité. 

En modulant ses données par rapport aux emplois à temps non-complets présents au sein de la FPT, l’Insee estime que les effectifs des collectivités représentent en 2021 un volume de travail réalisé par 1,85 million d’agents en équivalent temps plein (ETP), un niveau supérieur de 1,6 % à celui constaté en 2020.  

L’étude met, par ailleurs, en perspective la bonne tenue de l’emploi territorial par rapport aux deux autres versants de la fonction publique. Si la courbe de l’emploi est également orientée à la hausse dans la fonction publique hospitalière (FPH), la progression y connait un rythme plus modéré (+ 0,5 %). De son côté, la fonction publique d’État (FPE) affiche un niveau d’emploi quasiment stable par rapport à celui de 2020 (- 0,1 %). 

73% des agents des collectivités sont fonctionnaires

En zoomant sur le profil des personnels employés dans la sphère publique, l’Insee souligne que le nombre des fonctionnaires poursuit sa décrue observée depuis plusieurs années. Les agents statutaires occupent toujours les deux tiers des emplois dans les trois versants, mais leur proportion est en repli de 0,5% entre 2020 et 2021. Dans le même temps, le nombre de contractuels progresse de 2,8 % à l’échelle de toute la fonction publique, tandis que celui des bénéficiaires de contrats aidés rebondit nettement (+19,9 %).

Dans le détail, ce sont les collectivités qui comptent la part la plus élevée de fonctionnaires : 73,2 % des territoriaux bénéficient de ce statut alors que 22,1 % des agents sont contractuels. Par comparaison, la FPE emploie 60,2% de fonctionnaires et la FPH 66,3% (contre respectivement 20,6 et 22,6% de personnels sous contrat). 

Le bloc local, moteur de l’emploi territorial

Autre enseignement mis en évidence: au sein de la territoriale, la croissance de l’emploi est surtout portée par le bloc local dont l’effectif global croît de 1% (soit 14 400 postes supplémentaires en un an). L’emploi augmente principalement dans les organismes intercommunaux (+ 3,4 %) alors qu’il se stabilise dans les communes et les organismes communaux (+ 0,1 % après un recul de 0,9 % un an auparavant). A noter que l'emploi est également orienté à la hausse dans les organismes départementaux (+ 0,6 %) et dans les conseils régionaux (+ 0,3 %).

La radioscopie 2021 de l’emploi public indique, en outre, que les agents de catégorie C sont les plus représentés au sein de la fonction publique (42,1 %), même si leur proportion baisse de 3,2 points en un an. Ils sont particulièrement nombreux dans les collectivités, où ils représentent les trois quarts des effectifs (74,7 % contre 11,9 % pour les agents de catégorie B et 12,4 % pour ceux de catégorie A).

L’Insee souligne également la place prépondérante occupée par les femmes dans les services publics (63 % des emplois) et relève que certains métiers territoriaux sont presque exclusivement féminins, à l’instar des filières médicales et médico-sociales (95,1 % des emplois). Ce sont également les personnels féminins qui occupent la plus grande partie des postes à temps partiel (81,3% des emplois dans les trois versants).

Télécharger l’étude




Aménagement numérique du territoire
Connectivité des territoires : l'Arcep fait le bilan de l'effort porté par les opérateurs en 2022
L'Arcep a présenté hier les résultats de son observatoire des marchés télécoms pour l'année 2022. Le nombre d'abonnements en fibre optique continue d'augmenter et les prix des services mobiles augmentent légèrement.

Selon les chiffres présentés hier par l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), le marché français des télécoms se porte plutôt bien. Ce point annuel « Telconomics » analyse la situation du marché en collectant les « principales données économiques du marché français des télécoms » couplées à l’observatoire des prix des services fixes et mobiles en 2022.

Le déploiement de la fibre, la fermeture du réseau cuivre, la généralisation de la 4G, le développement de la 5G : tous ces projets ambitieux n’ont pas encore atteint 100 % de leurs objectifs et c’est pour cela que le gendarme des télécoms reste vigilent à ce que les acteurs de la filière ne relâchent pas leurs efforts à mi-parcours. 

« Une intensification des efforts en 2022 » 

Du côté des investissements, les opérateurs de communications électroniques et les opérateurs d’infrastructures de téléphonie mobile (towercos) ont engagé 14,6 milliards d’euros en 2022. « Ces montants diminuent de 1,8 % en un an, mais conservent un niveau élevé, supérieur aux investissements réalisés chaque année avant 2021 », commente l’Arcep.

Les dépenses les plus importantes des opérateurs sont dédiées aux « déploiements des boucles locales fixes et mobiles à très haut débit représentent 8,1 milliards d’euros, en baisse de 3,7 % par rapport à 2021 ». L’Arcep justifie cette baisse en pointant un « ralentissement de la croissance du nombre de locaux raccordables à la fibre (+ 4,7 millions en 2022 contre + 5,4 millions un an auparavant) ».

Par ailleurs, il faut noter que le revenu « des opérateurs sur le marché de détail atteint 36,7 milliards d’euros en 2022, en croissance d’environ 2 % pour la deuxième année consécutive, après dix années de recul ». Cette croissance est entièrement le fruit du marché mobile et non du fixe. 

Au-delà de l’aspect financier, les chantiers avancent concrètement. Les déploiements et abonnements fibre restent élevés avec « 4,7 millions de locaux rendus éligibles à la fibre ». Encore une fois, il est rappelé que les réseaux d’initiative publique (RIP) représentent le nerf de la guerre en matière de déploiement. L’Arcep pointe d’ailleurs que, désormais, les quatre fournisseurs d'accès nationaux (Free, SFR, Orange, Bouygues) à Internet proposent leurs offres sur la quasi-totalité de ces RIP.

Concernant la connectivité mobile dans les territoires, l’Arcep recense plus de 2 412 sites équipés en 4G en moyenne par année et ce « depuis la mise en place du New Deal mobile mi 2018 (dont 2 019 en 2022 et 1 936 en 2021) ». Pour la seule année 2022, « 99,1% des sites étaient équipés en 4G contre 75 % mi 2018 ». Après des débuts difficiles, les opérateurs ont pu déployer également la 5G sur 5 600 à 16 000 sites, selon les opérateurs. 

La mutualisation des réseaux est plus fréquente 

La mutualisation des réseaux est un sujet important pour les élus. En effet, la mutualisation des réseaux permet aux opérateurs de partager une infrastructure existant et/ou de partager le coût d'achat d'un matériel pour assurer une couverture optimale. C’est aussi l’occasion d’éviter des infrastructures en doublon inutiles dans les territoires. 

L’étude de l’Arcep indique que « 75 % des locaux raccordables aux réseaux de fibre optique sont éligibles à au moins quatre opérateurs ». Il faut rappeler que la « loi impose depuis 2009 la mutualisation des réseaux FttH : tout opérateur qui déploie des lignes en fibre optique doit permettre aux autres opérateurs d’y accéder ». 

La pratique se généralise et c’est une bonne nouvelle, surtout du côté de réseaux mobiles pour les « zones grises ». En 2022, « 47 % des supports des réseaux mobiles sont mutualisés en métropole, et 60 % en zones rurales ». L’Arcep se dit « favorable à davantage de mutualisation dans les zones les plus rurales, notamment parce qu’elle contribue à l'amélioration de la couverture et de la qualité de service, ainsi qu’à la réduction de l’empreinte environnementale ».

Augmentation du prix des services 

Enfin, l’Arcep indique que comme en 2021 les prix des services mobiles ont augmenté de 0,7 % en métropole. Cette augmentation globale est liée à l’augmentation « des offres sans subvention du terminal mobile (+ 1,6 % en un an en 2022), massivement souscrites par les clients des opérateurs (82 %). En revanche, les prix des offres avec achat conjoint d’un terminal mobile diminuent depuis quatre ans, et de 3,4 % en 2022 ».

L’augmentation des prix est plus marquante pour les services fixes qui avaient déjà connu une augmentation nette de 5,1 % en 2021. Un an plus tard, les prix augmentent encore, même si ce n’est que de 1,2 %. Pourquoi cette inflation ? L’Arcep explique que « les offres sur les technologies DSL participent le plus à l’augmentation des prix en 2022 (+ 3 %), en raison de la suppression de certaines offres en zone dégroupée conduisant les clients à souscrire à des offres plus chères. Les prix des offres sur technologies à très haut débit, principalement en fibre optique, n’augmentent quant à eux que très faiblement (+ 0,6 %) ».

* La boucle locale est ce qui relie un utilisateur d'un réseau au premier niveau d'équipement du réseau auquel il est abonné.




Ruralité
Zones rurales : le trajet domicile-travail a augmenté de moitié en 20 ans 
Cet allongement résulte à la fois de la périurbanisation et de la concentration de l'emploi dans les pôles, selon l'Insee. Plus de la moitié des actifs résidant en milieu rural et travaillant en zone urbaine parcourent ainsi au moins 20 kilomètres, contre 5 kilomètres pour ceux qui restent travailler dans le rural.

Le trajet moyen entre domicile et travail pour les habitants des zones rurales a augmenté de moitié entre 1999 et 2019. C'est ce que relate l'Insee dans une étude publiée hier. En 2019, un tiers des personnes en emploi vivaient dans une commune rurale et, parmi elles, plus de la moitié travaillaient dans une zone urbaine. Ce qui représente 4,2 millions de personnes.

Périurbanisation et concentration de l'emploi

« Souvent éloignées des réseaux de transport et des pôles d’emploi, elles réalisent le plus souvent les trajets en voiture », expliquent les auteurs de l’étude, qui constatent que « un actif sur deux résidant dans le rural parcourt plus de 13 kilomètres pour se rendre au travail », contre au moins 8 km pour l’ensemble des travailleurs. Au total, ces habitants des zones rurales effectuent ainsi chaque jour « près de 320 millions de kilomètres aller-et-retour, contre 200 millions en 1999 », selon l’étude.

L’institut précise que la distance domicile-travail est « maximale » pour les actifs résidant dans le rural et travaillant dans une zone urbaine. En 2019, « plus de la moitié d’entre eux ont parcouru au moins 20 kilomètres, contre 5 kilomètres pour ceux qui restent travailler dans le rural ».  

Parmi les 83 000 ruraux qui parcourent les plus longues distances pour rejoindre leur lieu de travail (entre 100 km et 150 km), huit sur dix travaillent dans une zone urbaine, avec une surreprésentation de cadres et de professions intermédiaires : « Respectivement 26 % et 31 %, contre 11 % et 25 % dans l’ensemble des actifs en emploi résidant dans le rural ».

Alors que la distance domicile-travail a donc augmenté de moitié en 20 ans pour les habitants du rural avec un accroissement de 4,4 kilomètres (contre 2,3 km pour l’ensemble des actifs en emploi), cet allongement résulte à la fois de la périurbanisation et de la concentration de l’emploi dans les pôles.

En effet, « l’emploi augmente moins vite dans l’espace rural que dans l’espace urbain entre 1999 et 2019 (+10 % contre +16 %) ». Dans le même temps, « la population active en emploi croît deux fois plus vite dans le rural que dans l’urbain (+21 % contre +11 %), notamment dans les zones périurbaines », expliquent les auteurs, qui indiquent que « cette inadéquation souligne ainsi les enjeux liés à la relocalisation de l’emploi dans l’espace rural. Cependant, depuis le début de la crise sanitaire, la fréquence des trajets a pu diminuer à la faveur du développement du télétravail ».

L’augmentation du nombre de kilomètres parcourus est d'ailleurs surtout portée par les actifs résidant dans l’espace rural et travaillant dans une zone urbaine puisque leur part est passée de 40 % des actifs ruraux en emploi en 1999 à 48 % en 2019.

A noter que « les actifs habitant dans le rural périurbain sont ceux qui parcourent les plus longues distances. Ce constat s’explique en partie par la plus grande part de cadres et de professions intermédiaires dans ces espaces que dans le rural non périurbain : ce sont eux qui effectuent les trajets les plus longs, leurs emplois étant plus concentrés dans les pôles urbains », indique l’Insee. 

Des trajets qui s'allongent davantage dans le Sud-Ouest 

Parmi les actifs en emploi résidant dans le rural, ce sont ceux qui habitent dans le quart sud-est de la France qui ont les trajets domicile-travail les plus courts, en particulier en Lozère (6 km), dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence (8 km), ainsi qu’en Haute-Corse (10 km). En cause, une part d’agriculteurs et d’ouvriers agricoles plus élevée, notamment en Lozère (autour de 13 % des actifs en emploi en 2019), en comparaison avec la moyenne métropolitaine (6 %).

L'institut note également que l’allongement de « la distance médiane entre 1999 et 2019 va de pair avec la diminution de la part de travailleurs ayant la même commune de résidence et de travail ». Ainsi, selon l’Insee, « les déplacements domicile-travail se sont fortement allongés pour les actifs ruraux à proximité du grand Sud-Ouest, en particulier dans les départements du Gers (+7 km), du Tarn-et-Garonne (+6 km) et des Pyrénées-Orientales (+5 km) ». 

Dans ces départements, la part d’actifs en emploi restant travailler dans leur commune rurale de résidence diminue d’environ 15 points en vingt ans, en lien avec le repli de l’emploi agricole, plus fort encore que dans l’ensemble du rural. 

A l’inverse, en Corse, « alors qu’en 1999 la distance médiane domicile-travail était la deuxième plus élevée de France métropolitaine hors Île de France pour les actifs en emploi résidant dans le rural (9 km), elle n’a augmenté que de 2 km en vingt ans, sans doute en raison des limites imposées par le relief de l’île. Là encore, la part d’actifs ruraux en emploi résidant et travaillant dans la même commune diminue, mais moins qu’ailleurs ».
 






Journal Officiel du vendredi 26 mai 2023

Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Décret n° 2023-404 du 24 mai 2023 portant renouvellement de classement du parc naturel régional de Chartreuse (région Auvergne-Rhône-Alpes)
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Arrêté du 16 mai 2023 portant déclassement de parcelles relevant du domaine public fluvial confié à Voies navigables de France (VNF) sur le territoire de la commune d'Andrésy (Yvelines)
Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Arrêté du 17 mai 2023 portant désaffectation, déclassement du domaine public de l'Etat et remise pour cession d'une parcelle de terrain sur la commune de Freistroff (Moselle)
Ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques
Décret n° 2023-406 du 24 mai 2023 portant renouvellement du Conseil supérieur des sports de montagne
Ministère de la Transition énergétique
Décret n° 2023-405 du 24 mai 2023 portant modification du décret n° 2018-809 du 24 septembre 2018 relatif à la programmation pluriannuelle de l'énergie des îles Wallis et Futuna

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