Édition du mardi 12 octobre 2021

Énergies renouvelables
Le gouvernement interdit le cumul des aides d'État et des soutiens des collectivités sur certaines installations solaires
De nombreux élus ont signé dimanche une tribune pour protester contre les nouvelles dispositions officialisées par le gouvernement en matière de financement des petites installations photovoltaïques : elles interdisent le cumul des aides de l'État et des collectivités locales. 

L’arrêté du 6 octobre visé par cette tribune est destiné à fixer « les conditions d'achat de l'électricité produite par les installations implantées sur bâtiment, hangar ou ombrière utilisant l'énergie solaire photovoltaïque ». L’essentiel du texte est plutôt positif en termes de développement des énergies renouvelables, puisqu’il aura pour effet de multiplier par cinq le nombre d’installations éligibles à un tarif d’achat. 

Plus d’appel d’offres jusqu’à 500 kW

En effet, l’arrêté autorise les petites installations solaires (100 à 500 kW) à pouvoir accéder au tarif d’achat sans passer par la case appel d’offres. Cette possibilité n’existait jusqu’à présent que pour les installations de moins de 100 kW.  Dans un communiqué publié le 7 octobre, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, se félicite de l’adoption de cet arrêté – validé par la Commission européenne – qui devrait « faciliter le développement des projets [photovoltaïques] sur grandes toitures ». 

Sont concernées les installations sur des surfaces allant jusqu’à 5 000 m², notamment les toits des bâtiments agricoles, hangars, centres commerciaux, avec en prime « un bonus tarifaire pour l’intégration paysagère, visant l’installation de tuiles photovoltaïques ». Dans son communiqué, la ministre joue même les VRP du photovoltaïque : « Vous êtes propriétaire d’un grand bâtiment ? Vous voulez installer des panneaux solaires et vendre cette énergie décarbonée sur le marché à un tarif garanti ? Jusqu’à 500kW de puissance contre 100 auparavant, plus besoin de passer par un appel d’offres. C’est un formidable levier de croissance pour le solaire ! ». Elle rappelle que pour tenir les engagements de la programmation pluriannuelle de l’énergie, il va falloir multiplier par trois d’ici 2028 la puissance installée (en passant de 12 à 35 gigawatts installés). 

Tous les niveaux de collectivités

Les défenseurs des énergies renouvelables auraient donc pu avoir toutes les raisons de se réjouir de ces annonces. Mais comme dit le dicton, il suffit d’une cuiller de fiel pour gâcher un tonneau de miel, et la cuiller en question se trouve à l’article 13 de l’arrêté : « Le producteur ne peut pas cumuler pour une même installation les primes et tarifs prévus (…) avec un autre soutien public financier à la production d'électricité, provenant d'un régime d'aides local, régional, national ou de l'Union européenne. » Autrement dit : un producteur qui bénéficierait des nouveaux tarifs d’achat n’a désormais pas le droit de percevoir également une aide d’une collectivité locale. 

C’est cette disposition qui a provoqué la colère non seulement d’un certain nombre d’élus, mais également de personnalités comme le climatologue Jean Jouzel, le président de la Fédération des parcs naturels régionaux Michael Weber, des dirigeants associatifs engagés dans la lutte pour le climat (Réseau action climat, Énergie partagée, réseau CLER, France nature environnement), des réseaux de collectivités (Amorce) ou des responsables d’associations d’élus (AdCF). La tribune s’élevant contre cette disposition, parue dans Le Monde, est signée par de nombreux maires, de grandes villes comme Anne Hidalgo ou Johanna Rolland, de petites villes ou de villages ; des présidents de communautés de communes, de parcs nationaux ont également signé, tout comme le président de la région Grand est, Jean Rottner. 

Une telle unanimité entre différents niveaux de collectivités et différentes structures n’est pas fréquente. Elle tient au fait, expliquent les signataires, que par cet arrêté, « la France vient de porter le coup de grâce aux centaines d’initiatives collectives de production d’énergies solaires, portées par des groupes d’habitants et de collectivités ». 

Développement du solaire « dans le sud uniquement » ?

Pour eux, la transcription dans le droit français de cette disposition européenne est « restrictive ». L’interdiction de cumuler aides d’État et soutien des collectivités aura des conséquences très négatives, car « la combinaison des subventions locales et du tarif d’achat est vitale pour les projets solaires citoyens, installés sur des toitures de bâtiments publics impliquant des normes de sécurité (écoles, gymnases, etc.) supplémentaires. Avec ce texte, la France interdit aux collectivités d’apporter leur soutien à ces projets territoriaux aux retombées économiques, sociales et démocratiques bien réelles. » Cela sera d’autant plus dommageable, écrivent les signataires, dans le Nord du pays, où le moindre ensoleillement rend les projets difficiles à équilibrer financièrement sans des aides substantielles. 

Les signataires de la tribune estiment qu’il aurait été bien plus efficace d’introduire « un mécanisme de modulation » du tarif d’achat (au lieu du tarif unique fixé à l’échelle de toute la métropole). La modulation, expliquent-ils, aurait pu se faire en fonction du « différentiel d’ensoleillement » d’une région à l’autre, des coûts de main-d’œuvre, variables eux aussi, et de « la maîtrise de la gouvernance du projet par les acteurs locaux publics et citoyens ». Faute de quoi, le gouvernement a choisi une option qui consistera, de fait, à « laisser le solaire se développer au sud uniquement », c’est-à-dire seulement là où les projets pourront atteindre une rentabilité suffisante. 

Les signataires concluent leur tribune en demandant au gouvernement « des actions enfin en cohérence avec les discours ». « Les énergies renouvelables citoyennes doivent faire partie de la stratégie industrielle offensive dans le cadre du plan de relance. Les collectivités et citoyens doivent garder la main sur le développement des énergies renouvelables sur leur territoire, et il faut leur en donner les moyens. » 




Crise sanitaire
Quatre millions de Français restent fragilisés par la crise sanitaire
Selon le Crédoc, près de 8 % des Français de plus de 15 ans ont basculé dans une situation préoccupante. Ce sont souvent des jeunes actifs au revenus modestes.

Malgré le reflux de l'épidémie et l’économie qui repart, une partie des Français reste toujours fragilisée par la crise sanitaire. Et ce, malgré les multiples mesures mises en oeuvre pour contenir l’épidémie.

8 % des Français dans une situation préoccupante

C’est la conclusion du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) qui a cherché à établir un premier bilan des conséquences sociales de la crise, dans une enquête, menée en mai dernier – « alors que l’atmosphère était alors plutôt encourageante sur le front sanitaire » – auprès d’un échantillon national représentatif de 3 000 personnes.

Parmi celles-ci, près d’un tiers (31 %) déclare se sentir en situation de vulnérabilité, soit dix points de plus qu’en 2018, et un quart de ces personnes s’estimant vulnérables expliquent que la crise du Covid-19 a « beaucoup joué » dans leur situation. Ramené à l’ensemble de la population, cela représente tout de même 8 % des Français de 15 ans et plus qui ont basculé dans une situation préoccupante. Soit quatre millions de personnes.

Les trois quarts d’entre elles sont même confrontées à un cumul de fragilités, que ce soit en termes de logement, d’emploi, de santé, d’isolement ou de relégation territoriale.

Jeunes actifs peu diplômés et aux revenus modestes

Qui sont ces « nouveaux vulnérables » ? La grande majorité sont des actifs occupant très souvent des emplois précaires, dans le secteur privé, avec des revenus modestes. Ils sont âgés de moins de 40 ans, avec souvent une charge de famille et sont aux prises avec des difficultés d’accès ou de maintien en emploi. Ceux-ci habitent également plus souvent en Île-de-France, région constituant le principal bataillon de salariés en activité partielle.

« Peu diplômés (un « nouveau vulnérable » sur deux n’a pas le baccalauréat contre 35 % des actifs non vulnérables), ils travaillent souvent dans des secteurs qui ont dû recourir au chômage partiel (commerces, hébergement-restauration, activités culturelles et de services aux ménages) : 31% ont connu le chômage technique sur les trois derniers mois contre 18 % des non vulnérables », soulignent les auteurs de l’enquête, qui constatent que c’est bien « la fragilisation de leur situation professionnelle qui distingue les nouveaux vulnérables ». 

Difficultés professionnelles et impayés 

D'ailleurs, ceux-ci évoquent des obstacles pour accéder à l’emploi ou s’y maintenir (42 %). Conséquence directe, près des deux tiers des personnes concernées (61 %) déclarent que leur situation financière s’est dégradée en raison de la crise sanitaire.

De plus, ils ont dû « reporter » ou « renoncer » à des dépenses essentielles de logement, de santé, de voiture, d’alimentation face à leur perte de revenus. 

Cela apparaît dans l’impossibilité de payer les factures d’électricité (22 % contre 7 % pour les « non-vulnérables »), d’abonnements téléphoniques ou d’internet (20 % contre 5 %), mais aussi de régler le loyer ou le crédit immobilier (18 % contre 5 %), les impôts (18 % contre 4 %), les assurances (17 % contre 5 %) ou encore les frais de scolarité (17 % contre 3 %).

« Au total 40 % des actifs modestes fragilisés par la crise sanitaire ont été en défaut de paiement sur l’une ou l’autre de ces charges, contre 13 % des non vulnérables », indiquent les auteurs de l’enquête.

Pessimisme et radicalité

Quand 73 % des « non vulnérables » se sentent heureux dans leur vie actuelle, les vulnérables ne sont plus que 32 %. « La multiplication des difficultés et le sentiment d’impasse lié aux bouleversements de l’activité économique se traduisent [ainsi] par un bien-être individuel dégradé », explique le Crédoc. 

D’ailleurs, environ 15 % de ces personnes ne voient pas vraiment d’issue positive à leur situation et pensent même qu’elle va continuer à se détériorer (49 % contre 33 % des non vulnérables). D’autant que « beaucoup se sentent entravés, sans réelle maîtrise de leur vie : 29 % indiquent une impossibilité à « vivre leur vie comme ils l’entendent », contre 15 % des non vulnérables ».

De quoi être inquiet pour la cohésion sociale car cette fragilisation a également des conséquences collectives, puisqu’elle génère « des formes de radicalité, une méfiance dans les institutions et le gouvernement ». 

Malgré des « trous dans la raquette », l’étude montre « l’impact positif des soutiens apportés pendant la crise par les associations ou les pouvoirs publics sur la capacité de ces personnes à aller de l’avant, et au-delà sur la cohésion sociale ».

Plus d’un tiers des « nouveaux vulnérables » a ainsi bénéficié d'aides durant la crise sanitaire. « Lorsqu’elles ont été aidées par ces dispositifs exceptionnels, les personnes vulnérables sont 83 % à se sentir libres de vivre leur vie comme elles l’entendent, soit la même proportion que les non vulnérables », souligne le Crédoc, qui note qu’elles retrouvent également « un niveau de confiance similaire dans la protection sociale ou les entreprises privées, et appellent beaucoup moins souvent de leurs vœux un changement radical de société ».


 




Numérique
Transformation numérique des collectivités : 37,5 millions d'euros déjà attribués aux territoires
En janvier 2021, le gouvernement avait annoncé la mise en place d'un fonds Transformation numérique des collectivités territoriales, de 88 millions d'euros, dans le cadre de France Relance. Neuf mois plus tard, près de 40 millions d'euros ont été attribués à des projets partout en France. Maire info dresse un point d'étape sur les avancées de cette initiative gouvernementale. 

Le 8 octobre dernier, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a dévoilé la liste des projets bénéficiaires d’une partie des subventions du fonds « Transformation numérique des collectivités territoriales ». Au total, 37,5 millions d’euros ont été attribués à des projets et à des collectivités qui participent à la transformation numérique des collectivités territoriales. 

 « Ce sont des projets concrets de simplification des démarches comme l’inscription en crèche ou à la cantine scolaire, des projets de portails en ligne ou encore des projets pour mieux utiliser les données publiques », expliquent Amélie de Montchalin et Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales dans un dossier de presse dédié.  

France Relance : quels résultats après 9 mois ? 

Le fonds de « transformation numérique des collectivités territoriales », déployé jusqu’en 2022, s’appuie sur trois axes complémentaires : « Un grand chantier de développement d’outils numériques communs à toutes les collectivités » dont le budget est fixé à 30 millions d’euros ; « la conduite de projets d’ampleur à l’échelle d’une métropole, d’une région ou d’un département » dont le budget s'élève à 24 millions d’euros et enfin « l’accompagnement de projets locaux » doté de 34 millions.

Sur le premier axe, 14,2 millions d’euros ont été attribués jusqu’ici, dont 13,3 millions d’euros pour accélérer des services numériques existants. Parmi les lauréats, la communauté urbaine du Grand Poitiers reçoit par exemple 146 984 euros pour étoffer un service permettant l’organisation et le pilotage du travail des agents en mobilité (accès à une liste des tâches à réaliser, consultation de référentiels documentaires, saisie en mobilité, restitution sous forme de tableaux de bord). Prévu pour l’été 2022, ce service sera mis à disposition en code ouvert pour tout autre territoire intéressé car l’enjeu de ces subventions est aussi que les collectivités intéressées puissent déployer à leur tour un outil élaboré. 

Concernant le deuxième axe, 13,6 millions d’euros ont été versés, dont 13,1 millions d’euros aux collectivités des 75 projets lauréats et 520 000 d'euros aux 104 collectivités engagées dans le déploiement de FranceConnect et l’utilisation des données de l’État. Le département de la Creuse, par exemple, a pu obtenir 37 500 euros pour « l’installation d’un système d’archivage électronique par le conseil départemental de la Creuse lui permettant de s’adapter sereinement à la montée en charge de la dématérialisation des actes administratifs et ainsi garantir une conservation sur le long terme des données. »

Enfin, pour le dernier axe, 9,7 millions d’euros ont été accordés à plus de 500 projets lauréats. Parmi ces derniers, 27 000 euros ont été, par exemple, versés à la communauté de communes de Thiérarche Sambre et Oise en faveur de la création d’une application mobile permettant d’accéder aux informations utiles et nécessaires pour trouver un service public de proximité (guichet France Services) dans le département de l’Aisne. « Au total, 2 076 dossiers ont été déposés depuis le 1er mars 2021, représentant une demande cumulée de subventions de l’ordre de 55,4 millions d’euros. L’instruction de plus de 1 200 dossiers est en cours », est-il indiqué dans le dossier de presse. 

Nouvel appel à projets et nouveau programme 

Cette présentation a été l’occasion d’annoncer également le lancement du deuxième appel à projets pour « la conduite de projets d’ampleur à l’échelle d’une métropole, d’une région ou d’un département », qui aura lieu jusqu’au 22 novembre. Le critère d’éligibilité pour les métropoles, départements et régions a évolué. Sont éligibles désormais « les projets d’ampleur qui concernent un département ou un territoire d’au moins 300 000 habitants, contre 500 000 auparavant. La part du financement a été amplifiée passant de 50% à 75% des coûts du projet représentant aux administrations lauréates un solide appui financier augmentant les facteurs de réussite du projet lauréat présenté. »

Une nouvelle initiative commune État-collectivités a également été annoncée pour une durée de 3 ans jusqu’en 2024 avec le lancement du programme Transformation Numérique des Territoires (TNT). « Ainsi trois premiers chantiers seront menés ensemble : construire un agenda des projets de numérisation des collectivités, sensibiliser les élus et les cadres dirigeants des collectivités à la transformation numérique et approfondir l’accompagnement de la dématérialisation des demandes d’urbanisme ». 

La simplification des démarches au cœur du sujet 

D’autres projets de simplification communs avec les collectivités territoriales, également destinés à simplifier le quotidien des Français, ont été rappelés. La mise en place des interfaces de programmation comme FranceConnect ou API Particulier permet une dématérialisation simple et accessible des démarches en ligne pour tous.

L’API Particulier permet, par exemple, de récupérer certaines données des impôts, de la CAF ou de Pôle emploi et limite la transmission de pièces justificatives lors des démarches. Le déploiement de FranceConnect sur les sites des collectivités permet une connexion sécurisée et simplifiée pour accéder aux services publics en ligne. Cet outil est d’ailleurs déjà utilisé au quotidien par 30 millions de Français.

Pourtant, le déploiement de ces outils est jusqu’ici plutôt inégal et timide. Aujourd’hui, 280 collectivités les utilisent pour faire du pré remplissage et l’ambition du gouvernement est d’atteindre 1 000 collectivités d’ici fin 2022. « On a l’impression que ce sont les grandes collectivités qui ont répondu à l’appel, remarquait-on hier à l’AMF. Pourtant il est important de rappeler que les petites communes peuvent solliciter l’État qui finance cette utilisation du partage de données avec une subvention de 5 000 euros pour l’implémentation de FranceConnect par exemple. » Les efforts pour accompagner et accélérer cette transformation numérique dans tous les territoires continuent donc, avec une attention particulière pour rééquilibrer la maturité numérique inégale des collectivités. 




Tourisme
Tourisme : France urbaine présente ses préconisations pour le « plan de reconquête »
Tourisme durable, tourisme d'affaires, emploi... L'association décline ses propositions afin de rebâtir un secteur « considérablement fragilisé » par la crise sanitaire et confronté aux enjeux climatiques.

Après l’annonce, en juin dernier, par Emmanuel Macron du lancement d’un plan de reconquête du tourisme dans le but d’accompagner la « transformation » d’un secteur particulièrement frappé par la crise, les grandes villes, agglomérations et métropoles, réunies au sein de France urbaine, ont présenté, hier, leurs propositions à la suite du lancement d’un « tour de France » des concertations.

À l’orée de l’été, le chef de l’Etat avait souhaité une « réinvention du modèle » touristique français avec « un plan à horizon de 5 ans ». Cette reconquête doit passer par la formation, la valorisation du patrimoine (via « une stratégie de tourisme vert »), l’investissement dans les infrastructures et la numérisation. 

Un secteur toujours « en tension » 

« Après 18 mois particulièrement difficiles, le tourisme urbain, notamment sur Paris et les grandes métropoles, reste en grande tension cet automne », souligne l’association, qui rappelle que « la conjoncture estivale très positive rencontrée sur les territoires littoraux ou ruraux ne doit ni masquer ces difficultés ni repousser la nécessité d’une transformation des usages et modes d’intervention publics et privés dans ce domaine ».

La création d’un Plan de reconquête et de transformation touristique (PRTT) doit ainsi permettre de rebâtir un secteur « considérablement fragilisé » par la crise sanitaire et confronté à « un défi majeur de mutation face aux enjeux climatiques ». Au-delà des aides d'urgence mises en place par le gouvernement, il a pour ambition de « soutenir l'investissement des acteurs du tourisme et de les accompagner dans une logique de transformation en intégrant toujours plus des dimensions de durabilité et de numérisation ».

Alors que « le tourisme urbain et le tourisme d’affaires […] restent particulièrement pénalisés par les différentes dispositions ayant permis de lutter contre l’épidémie », les grandes villes, agglomérations et métropoles demandent, « en préalable » que le tourisme urbain fasse l’objet d’une « reconnaissance particulière » dans ce plan et « ne soit plus dilué voire occulté par les priorités données récemment au tourisme de montagne ou au tourisme rural ».

À leurs yeux, le tourisme urbain doit donc être placé comme « l’un des axes prioritaires de la stratégie nationale portée par l’Etat ».

Des moyens pour le tourisme durable

Afin d’accélérer la mutation du secteur vers un tourisme durable et responsable, les territoires urbains souhaitent que leur soient donnés « les moyens juridiques et financiers » nécessaires. Si « de nombreux territoires urbains révisent actuellement leurs stratégies pour réduire l’empreinte carbone de leur attractivité touristique », l’association rappelle que « l’appui aux investissements générés par la mise en œuvre de ces stratégies est primordial ». 

Elle propose ainsi la mise en place d’un volet touristique dédié au sein du dispositif « territoire engagé transition écologique » corrélant labellisation et accès aux financements dédiés. Elle réclame également un soutien spécifique à la construction de parcours touristiques liant offres urbaines et rurales, mais aussi aux investissements des collectivités dans les infrastructures visant à réduire la consommation de ressources naturelles, par exemple, et, enfin, à la digitalisation des offres touristiques publiques. 

Tourisme d’affaires : un fonds d’appui pour les équipements

France urbaine préconise, en outre, de « soutenir plus fortement » le tourisme d’affaires. Ce secteur « crucial » pour l’attractivité est « le plus impacté » depuis 18 mois, selon l’association, et ses perspectives de reprise restent « incertaines » et « fortement contraintes ».

Les métropoles et les grandes agglomérations ayant engagé « plusieurs millions d’euros » en appui des gestionnaires des grands équipements de congrès et d’exposition, elle demande la mise en place d’un fonds d’appui à l’investissement (modernisation, extension et numérisation-hybridation) dans ce type d’équipements. 

« Une attention particulière pourra être portée aux métropoles et agglomérations de taille intermédiaire dont les équipements sont souvent obsolètes et dont l’attractivité est fragile (Lorient, Amiens…) », indique l’association qui propose également une « bonification » des aides à l’investissement aux collectivités labellisées « destination innovante durable ».

Pour ce qui est de l’hébergement touristique, elle fait une série de propositions et demande la poursuite et l’amplification des « efforts » faits « en faveur d’une égalité fiscale entre les hébergeurs et les plateformes », mais aussi dans le cadre « d’une meilleure régulation de ces dernières ».

Pilotage décentralisé

Par ailleurs, France urbaine attend « une reconnaissance » et un renforcement du rôle d’interface que peuvent jouer les métropoles et les grandes agglomérations dans la mise en relation entre offre et demande d’emploi dans le secteur du tourisme. En raison de leur rôle auprès des acteurs locaux de l’emploi (Maisons de l’emploi, missions locales, territoires zéro chômeur…), « plusieurs territoires urbains ont organisé ces derniers mois des manifestations dédiées à l’emploi touristique, notamment pour pourvoir aux offres estivales et dans les cafés, hôtels et restaurants en phase de réouverture », rappelle l’association.

Celle-ci appelle, enfin, à une « déclinaison différenciée » du Plan de reconquête touristique et à « un pilotage décentralisé ». « La crise sanitaire l’a prouvé : il est indispensable de tenir compte des spécificités et des dynamiques des territoires, à rebours d’une logique centralisée ou systématisant les dispositifs et appels à projets nationaux », défend France urbaine.
 




Développement économique
Emmannuel Macron dévoile son plan d'investissement « France 2030 »
Hydrogène, semi-conducteurs ou encore batteries électriques: Emmanuel Macron détaille mardi les secteurs prioritaires du plan « France 2030 » pour « faire émerger les champions de demain », face aux concurrences chinoise et américaine et aux critiques sur le « déclin » de la France.

À l’Elysée, devant une dizaine de membres du gouvernement dont Jean Castex, des chefs d’entreprise et des jeunes, l’intervention du chef de l’État vise à tenter de remettre l’économie au cœur de la campagne face à certains candidats qui l’accusent d’accélérer « le déclassement » ou « le déclin » de la France.

Il lui a permis aussi de détailler sa stratégie de sortie de la crise du covid-19 qui franchit, avec ce plan, une troisième étape après celle des mesures d’urgence mises en place depuis mars 2020 et celle du plan de relance de 100 milliards.

« La crise a rappelé notre vulnérabilité, notre dépendance vis-à-vis de l’étranger dans certains secteurs clé mais aussi l’importance que l’innovation peut tout changer », relève l’entourage du président. Emmanuel Macron a récemment souligné que le « super vaccin » de Pfizer avait été « inventé par une startup allemande qui a une dizaine d’années » tandis que l’autre vaccin ARN messager, celui de Moderna, a également été mis au point par une jeune entreprise américaine qui « a 10 ans d’âge ».

Il s’agit donc de fixer « un objectif à 10 ans d’être les meilleurs du monde sur telle technologie de rupture, telle innovation, tel développement industriel », a-t-il ajouté jeudi dernier au forum annuel Bpifrance Inno Génération (BIG) à Paris.

Pour faire éclore ces champions « français et européens », « France 2030 » vise à se déployer rapidement avec le déblocage d’environ 30 milliards d’euros, selon les estimations, sur cinq ans. Afin qu’en 2030 « il y ait déjà des projets sortis de terre », selon l’entourage du président.

Une première partie de cette enveloppe sera intégrée, par amendement, au projet de budget pour 2022, actuellement en discussion au Parlement.

« Processus darwinien »

Dans son discours, Emmanuel Macron a détaillé les secteurs prioritaires de « France 2030 », dont les semi-conducteurs victimes d’importantes pénuries au niveau mondial, les batteries électriques, l’intelligence artificielle, l’avion bas carbone ou l’agriculture. Avec, pour chacun d’entre eux, l’objectif d’accompagner la transition écologique. 

Outre le nucléaire, le chef de l’État a également annoncé son intention de « donner un grand coup d’accélérateur » à la filière hydrogène « pour pouvoir à la fois démultiplier les solutions technologiques et mieux la structurer » autour des acteurs existants comme Air Liquide, des « laboratoires publics » et des « startup privées ».

Car la logique de « France 2030 », a-t-il expliqué, est de « réconcilier cette France des start-up », objets de toutes les attentions depuis le début du quinquennat, et « cette France de l’industrie », qui se sent parfois délaissée et ne représente plus que 13,5 % du PIB contre 22 % en Allemagne.

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux souhaite que « l’État se concentre sur les filières où son soutien est réellement nécessaire » et juge que « l’intérêt de ce plan est de faire entrer de nouveaux innovateurs dans les filières les plus stratégiques, afin que s’enclenche un processus darwinien ».

« Le risque de ces grands plans tient dans la gouvernance et l’exécution. Souvenons-nous des échecs passés, tel le plan Calcul du général de Gaulle: la gouvernance était alors trop centralisée, dirigiste et colbertiste », a-t-il averti dans un entretien aux Échos lundi. 

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui a multiplié les réunions de « concertation » ces dernières semaines, insiste aussi sur la nécessité « d’augmenter la productivité de la France » et d’éviter le « déclassement » du pays et de l’Europe face aux géants chinois et américains. Le plan comprendra pour cela un volet « compétences et métiers » afin d’assurer la transmission des savoirs et l’engagement des jeunes.

Grâce aux taux d’intérêt bas, « c’est le moment d’investir », affirme le ministre, en répliquant aux critiques de l’opposition de droite sur la « frénésie » de dépenses de l’État et le creusement de son endettement.







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